Last Hero Inuyashiki Vol.3 - Actualité manga
Last Hero Inuyashiki Vol.3 - Manga

Last Hero Inuyashiki Vol.3 : Critiques

Inu Yashiki

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 25 Mai 2016

Critique 1


Au coeur de la jungle urbaine, en pleine nuit, un appartement dont les baies vitrées donnent sur l'immensité de buildings froids. A l'intérieur de ce bâtiment, un homme, yakuza, tatoué de partout, gigantesque et effrayant, laissant ses sbires débarrasser le cadavre d'une femme nue qu'il vient de laisser mourir après l'avoir trop droguée. Puis ce même yakuza qui, quelques pages plus loin, force un homme à le prendre en bouche. En quelques pages, le ton du personnage est donné.

Retour dans un quotidien plus heureux. Celui de Fumino, jeune commerçante, et de Satoru, un employé de bureau. Ils sortent ensemble depuis un an. Elle est magnifique et d'une douceur sans pareille, alors que lui est tout à fait quelconque et ne gagne pas de sommes mirobolantes, ce qui lui vaut quelques critiques de la collègue de Fumino, pour un résultat laissant évocateur quant à certaines tares de cette société privilégiant l'argent ou l'apparence. Mais nos deux tourtereaux s'en fichent royalement : ils s'aiment sincèrement, et s'apprêtent à concrétiser encore plus leur bonheur via un mariage futur. Mais le yakuza des premières pages en a décidé autrement. Fumino, qu'il a croisée dans a rue, lui a tapé dans l'oeil, et il a décidé de la kidnapper pour en faire son nouveau jouet. Et la jeune femme a beau avoir les tripes de se rebeller contre son agresseur, elle risque fort de ne pas faire le poids contre ce colosse, d'autant que si besoin, il n'hésitera pas à à s'en prendre mortellement à Satoru...

Après un deuxième tome marquant de par les actes de Hiro Shishigami et sa première rencontre avec un Inuyashiki empli de désespoir face à son impuissance, Hiroya Oku ouvre une nouvelle partie qui, si elle ne surprend pas dans son déroulement, se lit toujours aussi désespérément vite et se complaît parfois un peu trop dans les vices de l'auteur concernant les corps féminins nus, bluffe à nouveau de par l'ambiance que le mangaka parvient à y insuffler. Ainsi ressent-on dès les premières pages tout l'effroi que peut susciter l'imposant yakuza, tandis qu'on s'attache très vite, en seulement quelques pages, au couple Fumino/Satoru, si sincère et heureux dans les sentiments que tous deux éprouvent, sentiments allant totalement au-delà des préjugés et critiques. Dès lors que ces trois personnages se rencontrent, on sait déjà comment ça va tourner, mais ce n'est pas si dérangeant que ça puisqu'Oku s'attarde surtout sur l'atmosphère. Une atmosphère à nouveau emplie d'un désespoir profond, celui d'un couple risquant de voir sa vie brisée et qui, malgré la volonté des deux amants de se protéger l'un l'autre, ne fait pas le poids face à l'horreur qui a ici visage humain.

Mais qui a dit que le couple était seul ? Alors que le désespoir est à son comble pour ce couple attachant, l'espoir revient avec l'apparition d'Inu Yashiki. Et entre son entrée en scène au bon moment, ses quelques maladresses et sa dégaine de petit vieux torse nu, il laisse sur une impression multiple, laissant deviner le héros qui souhaite devenir et dont il continue de se rapprocher. Mais le chemin risque d'être encore long pour lui, car le désespoir peut très vite refaire surface, comme lors de cette scène de tentative de réanimation impeccable qui, en seulement quelques pages, nous garde longtemps accrochés tant on y ressent toutes les craintes et le désir d'Inuyashiki de sauver la vie qu'il a en face de lui. On vous laisse découvrir le résultat.

En tout cas, même si l'auteur montre quelques défauts avec certaines choses étirées et certains de ses vices revenant au galop, il livre une partie qui, alors qu'elle apparaît d'abord sans relation avec le tome précédent, offre au final un parallèle intéressant entre le drame qu'Inuyashiki a vécu dans le tome 2 et celui auquel il est confronté ici. Totalement impuissant dans son désir de sauver les innocents dans le deuxième tome, le "vieil" homme montre ici qu'il évolue et apprend à assumer peu à peu ce qu'il veut devenir. On ressent bien son évolution encore maladroite vers le statut de sauveur qu'il veut avoir, et la dernière partie du tome, jouissive, annonce alors du lourd pour la suite, d'autant qu'il y a de nouveau quelques excellents moments de mise en scène.


Critique 2


Fumino est commerçante et Satoru employé de bureau. Elle est ravissante et lui physiquement quelconque, ils gagnent leur vie modestement, mais c’est cette vie paisible ponctuée d’un amour sincère qu’ils ont choisi. Le cauchemar s’immisce dans le quotidien du jeune couple lorsqu’un yakuza jette son dévolu sur Fumino, ce dernier projette de la droguer de force pour simplement abuser d’elle sexuellement jusqu’à ce que mort s’ensuive. Les tourtereaux paraissent bien impuissants face à de tels bandits, mais ils s’apprêtent à recevoir l’aide d’Ichiro Inuyashiki, bien déterminé à réparer les injustices de la société…

Après un second tome éprouvant, la série laisse les pistes vues précédemment de côté pour se consacrer à un unique arc narratif durant ce troisième opus. Le psychopathe Hiro Shishigami n’apparaît donc pas dans ces pages, on y découvre plutôt une longue affaire d’injustice, aussi sordide, que va tenter de réparer l’attachant Inuyashiki qui ne cesse de découvrir l’étendue de ses talents.

La volonté de Hiroya Oku est assez fourbe. En s’intéressant longuement au jeune couple phare du tome dans un premier temps, il développe une angoisse et un malaise palpable chez le lecteur. L’absence de tabou domine ainsi, notamment dans la première moitié du tome où il est question de souiller un couple presque parfait sur le plan de la romance, opposé aux idéaux que voudrait véhiculer la société nippone, et de la manière la plus crue possible. En réalité, le mangaka insiste tellement sur cet aspect dérangeant de l’histoire qu’on en vient à se demander quel est le rapport avec l’intrigue principale, surtout après le violent volume précédent…
Et une fois encore, l’auteur joue avec notre volonté de voir dominer la justice dès  qu’on atteint la seconde partie du tome. Car en réalité, cette suite n’est pas sans lien avec les événements précédents si on considère le schéma que cherche à suivre Hiroya Oku. Ichiro et Hiro sont deux personnages diamétralement opposés, de véritables antithèses, ce pourquoi le troisième volet est l’exact inverse du second. Après le désespoir, la cruauté et un Inuyashiki souvent impuissant, place au héros en pleine rédemption par rapport à ses échecs et qui va chercher à réussir pour corriger les plus grands désarrois. L’intrigue peut alors donner l’impression de stagner et pourtant, le mangaka réfléchit minutieusement la mise en place de son œuvre, il la pense même de manière très symbolique.

Dans la forme, le volume garde toutes les qualités que la série a montrées jusqu’à présent. Le design des personnages proposé par l’auteur reste efficace de par sa volonté de garder une crédibilité, ce qui donne alors une allure hautement terrifiante au cruel Saejima et rend la première partie du tome particulièrement angoissante. A côté de ça, on pourrait reprocher le côté statique de la mise en scène, mais la manière du mangaka de découper son action est plus cinématographique que ça. En effet, le tome se lit extrêmement vite, et ce par les grandes planches qui se succèdent en plus du peu de dialogue présent dans l’intrigue. Hiroya Oku présente sa série à la manière d’un storyboard extrêmement détaillé, cela amène d’ailleurs des choix de mise en scène efficaces et immersifs, comme ces plans où Ichiro Inuyashiki vole dans le ciel et encore certaines scènes violentes de la fin de tome… Mais dans tous les cas, le détail du trait de l’auteur et son découpage particulier donnent une identité véritable au récit, notre seul regret reste alors la vitesse de lecture pour une série aussi captivante.

Difficile d’atteindre le ressenti du tome précédent, mais qu’à cela ne tienne, ce troisième opus le complète et joue son antithèse avec brio, jouant encore sur le désespoir de quelques personnages et l’envie du lecteur de voir un semblant de justice régner dans une société aux multiples dérives. On espère que Hiroya Oku appuiera davantage cette dimension de critique sociétale, mais pour l’heure, Last Hero Inuyashiki s’avère toujours aussi efficace, que ce soit dans son intrigue toujours bien pensée ou justifiée ou dans l’esthétique globale aux petits oignons.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs