Petite sirene (la) - Actualité manga

Petite sirene (la) : Critiques

Ningyô-hime Den

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 20 Décembre 2010

Junko Mizuno est loin d'être inconnue en France puisqu'on peut retrouver bon nombre d'one shots signés de sa main chez Imho. Dans le cas présent, elle nous revient avec une histoire où elle mélange amour impossible et mythe des sirènes dans une atmosphère particulièrement glauque...

Julie est donc une sirène vivant au fond de l'océan en compagnie de ses deux soeurs, Tura et Ai, ainsi que d'autres de ses congénères. Autrefois sauvagement attaquées par les humains désireux de richesses, elles sont désormais bien décidées à venger leur mère décédée et à tuer tout humain qui a le malheur de s'approcher d'un peu trop près de leur refuge sous-marin. Mais voila qu'un beau jour Julie tombe sous le charme de Suekichi, un humain maltraité par son frère. Commence alors une romance improbable, digne de Romeo et Juliette, entre deux êtres qui n'ont plus que leur amour comme source de vie.

Avant tout, il faut savoir que l'auteur a, pour cette version française, complètement retravaillé son récit. Si la lecture se fait dans le sens occidental, c'est parce qu'elle a elle-même renversé les cases. De plus, elle a également redessiné et recolorisé chaque image. C'est assez rare pour le souligner et pour saluer cette initiative. Par ailleurs, l'édition d'Imho est impeccable et lui rend parfaitement hommage.

Mais revenons-en au contenu. Contrairement à ce que pourrait penser le néophyte en apercevant le titre et la couverture, La petite sirène n'est pas une histoire douce et gentillette pour petites filles sages. Loin de là. Mizuno a un don unique pour associer des dessins à l'apparence enfantine à des histoires macabres à souhait. Et si les couleurs utilisées sont douces, que l'univers dépeint a un aspect féérique, on se rend également compte que les personnages qui le peuplent ne sont pas des saints. L'atmosphère change en un instant alors que l'on découvre pour la première fois le véritable quotidien de ces sirènes anthropophages qui usent de leurs charmes pour abuser leurs proies. Derrière cette violence sucrée se cache en réalité une virulente critique de l'humanité et des méfaits qu'elle commet depuis la nuit des temps. L'homme est un être avide qui ne recule devant rien pour arriver à ses fins et qui ne se soucie guère des créatures avec lesquelles il partage le monde.

Mais l'auteur ne s'arrête pas là et propose en parallèle une histoire de coeur pas forcément très originale sur le fond, certes, mais délicieusement étonnante dans la forme. Et ces passages touchants dans lesquels Julie et Suekichi sont les principaux acteurs viennent offrir un contraste stupéfiant par rapport au côté malsain, morbide, et dénonciateur que l'on peut retrouver à d'autres moments. D'ailleurs, l'aspect très visuel du titre, beaucoup de sentiments et de pensées passent, en effet, par le dessin, déploie des émotions à la fois pures et puissantes, jaillissantes depuis la source pour éclabousser avec précision le lecteur.

Finalement, La petite sirène est une oeuvre unique de la part d'un auteur hors-norme. Capable de jouer avec les contraires comme personne, celui-ci nous délivre une histoire à la fois tragique et joyeuse, envoutante et repoussante. A découvrir de toute urgence !


Shaedhen


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Shaedhen
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs