Kuro Vol.1 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 15 Mars 2023

Avec son atmosphère mystérieuse, son cadre inspiré de l'Angleterre du XIXe siècle et son scénario original, Shadows House a su trouver son public en France depuis son lancement chez Glénat en 2020, sans doute plus encore après l'arrivée de son adaptation animée en 2021. Si bien qu'il n'y a rien d'étonnant à voir l'éditeur d'origine grenobloise continuer de s'intéresser au duo d'auteurs so-ma-to en amenant dans notre langue, en ce mois de mars, le premier volume de Kuro, la série que le binôme dessina au Japon juste avant Shadows House, à rythme tranquille, entre 2013 et 2016 sur le site Tonari no Young Jump de Shûeisha (site accueillant également One-Punch Man et Choujin X entre autres), pour un total de 3 volumes.

Riche d'un peu moins de 130 pages, ce premier volume de Kuro possède une construction plutôt atypique, que l'on peut diviser en deux grandes parties de longueurs quasiment égales.

La première moitié est entièrement en couleurs (de quoi justifier le prix de 9,50€ malgré la faible épaisseur du livre), et consiste en une succession de 56 planches plus ou moins indépendantes, qui présentent chacune un bref moment du quotidien de Coco, de Kuro et de certains habitants du village en bordure de forêt où ils vivent. Vous ne savez pas qui sont Coco et Kuro ? Eh bien, la première est une adorable et candide petite fille brune, qui est la seule humaine à vivre dans un grand manoir près de la forêt. Quant à Kuro, il s'agit de son chat, une petite boule de poils noirs à qui elle donne beaucoup d'affection et qui lui en donne en retour. Seulement, depuis que le félin s'est égaré dans la forêt avant d'en revenir quelque temps plus tard, Coco a le sentiment que Kuro, même s'il est toujours aussi joueur et câlin, a un peu changé... mais en quoi ?

Le lecteur, lui, ne va pas manquer de le remarquer à diverses occasions: Kuro a désormais une bouche en rond avec des crocs pointus tout autour, peut multiplier ses yeux ou tous les effacer quand s'il n'en avait plus, laisse parfois apparaître plusieurs langues mauves ainsi que des pattes qui s'allongent, semble absorber la fièvre de sa maîtresse avec des sortes de tentacules pour la soigner... entre autres anomalies. Et pourtant, Coco ne semble pas du tout remarquer tout ça. Quant à l'entourage du binôme, il a des réactions diverses. La petite Sesame joue beaucoup avec Kuro au risque de l'embêter et de l'agacer un peu si bien qu'il l'effraie volontiers, quand la dénommée Maria considère notre héroïne et son félin comme des monstres et est méchante avec eux, à l'instar de bien d'autres villageois qui sont étrangement froids avec la fillette. Quant à Milk, précieuse amie de Coco, elle vient la voir avec plaisir, malgré les interdictions de sa mère qui semble considérer notre héroïne quasiment comme une pestiférée... Alors, que diable Coco a-t-elle pu faire pour être traitée ainsi ? Pourquoi vit-elle seule dans ce grand manoir, sans parents et en ne pouvant compter que sur le docteur du village pour s'occuper d'elle ? Pourquoi Kuro semble-t-il avoir changé sans que sa maîtresse ne le remarque ? Et puis, pourquoi y a-t-il, aux abords du manoir et de la forêt,tant d'autres créatures étranges, que ce soit des silhouettes noires passant devant les fenêtres ou des oiseaux et rongeurs eux aussi dotés d'anomalies ?

Le duo so-ma-t-o nous a déjà prouvé son affection pour le mystère avec Shadows House, et on retrouve totalement cette atmosphère à la fois mystérieuse, fascinante et intrigante dans ce premier tome, en ceci que les premières dizaines de pages ne sont vraiment qu'une successions de petites scènes étranges sans le moindre élément de réponse, avant que quelques détails ne viennent éclaircir petit à petit certaines choses. Mais il faut attendre réellement la deuxième moitié du tome, en noir et blanc et composée de chapitres de longueur plus classique, pour vraiment commencer à y voir un peu plus clair, chacun de ces chapitres nous faisant remonter un peu plus le temps pour, à chaque fois, éclaircir un élément nouveau, que ce soit sur ce qui se passe dans cette forêt, sur l'absence des parents de Kuro, ou sur les relations passées qu'a pu avoir notre héroïne avec d'autres personnages comme Maria et Milk, avec en toile de fond un drame dont la fillette esseulée n'a gardé aucun souvenir. Cela pourrait être purement triste et cruelle, mais pour contrebalancer il y a cette belle relation entre notre héroïne et son chat: en permanence on sent que Coco aime Kuro plus que tout, et l'étrange chat le lui rend bien en veillant toujours sur elle.

A l'arrivée, on attendra avec plaisir la suite de cette fantaisie en trois volumes, qui présente sur ses presque 130 premières pages une atmosphère et un charme indéniables, que l'on espère voir se renforcer par la suite. Les fans de Shadows House, entre autres, devraient facilement y trouver leur compte, puisque l'on y retrouve des designs tout mignons qui contrastent avec un côté plus noir, un ancrage dans un manoir d'inspiration anglaise, une ambiance très mystérieuse, des non-humains, des silhouettes toutes noires... à tel point que l'on peut facilement imaginer que les deux oeuvres se déroulent dans le même univers.

Côté édition, la copie proposée par Glénat est satisfaisante, en particulier pour le papier assez épais et pour l'honnête qualité d'impression, aussi bien pour la partie en couleur que pour celle en n&b. On trouve également une traduction soignée d'Akiko Indei et Pierre Fernande qui étaient déjà à l'oeuvre sur Shadows House, un lettrage propre du Studio Charon, et une jaquette sobre qui reste totalement fidèle à l'originale japonaise.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.75 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs