Kuhime Vol.1 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 11 Mai 2018

Critique 2 :

L'éditeur Panini a à cœur de garnir son catalogue de titres à sensation, souvent même assez violents. On pense par exemple à Mako, l'ange de la mort, ou plus récemment à Prison Lab qui tentait assez maladroitement une nouvelle approche du survival-game.
Série de Hideo Takenaka, terminée en 4 tomes au Japon, il s'agit de la première série du mangaka que nous découvrons en France, auteur que nous rencontrons par une cavale terrifiante...

A leur retour de vacances de ski, Kitô et ses amis décident de conclure leur périple sur un test de courage. Pour cela, quoi de mieux qu'une demeure dans les bois délabrée et abandonnée sur le trajet ? Finalement, seuls lui et Hayase, la fille qu'il aime, tentent l'expérience, un moment censé rapprocher les deux amoureux. Le test de courage tourne au drame le plus total lorsqu'une femme, sublime en apparence et vêtue d'un kimono, surgit devant les deux jeunes adultes...

Avec Kuhime, Panini cherche à proposer un titre qui se rapproche des films d'horreur à la formule du lieu abandonné dans les bois, incluant presque aucun habitant dans les alentours. Partant d'une demeure hantée et élargissant son champ d'horizons à un voisinage aussi fou que la créature qui traque nos héros, le titre s'annonce prometteur dans sa formule, et divertissant dans les codes proposés.

Globalement, ce premier tome a de quoi satisfaire les lecteurs du genre qui ne seraient pas trop exigeant. L'ambiance servie est assez réussie, ce grâce à une scène d'ouverture plutôt impactante où l'un des personnages principaux fait les frais de la terrifiante créature qui les attend. Le ton est donné, la menace pourra facilement s'emparer de la vie de n'importe quel personnage d'un claquement de doigt, de quoi stresser tout le long de la lecture. L'ambiance, bien que très classique si on la compare à du cinéma d'horreur, monte petit à petit en intensité sur la deuxième partie, dès lors que le lecteur est au courant que la menace ne vient pas que d'une seule créature...

Faire angoisser le lecteur semble être l'un des leitmotiv de Hideo Takenaka sur son titre, ce qui se ressent par l'omniprésence de codes du genre horrifique, mais l'auteur a d'autres intentions, plus louables sur le plan scénaristique. Sa menace, il cherche progressivement à la développer, lui donner du sens et une épaisseur, instaurant par la même occasion quelques mystères. Qui est cette jeune fille qui combat la démoniaque créature et semble faire confiance à Kitô ? Quel est son lien avec le héros ? Si les éléments narratifs peuvent sembler déjà vu dans la forme, instaurer cette trame de fond permet à Kuhime de ne pas être qu'un manga d'horreur pour de l'horreur. La formule a évidemment ses limites, mais l'auteur parvient à piquer la curiosité du lecteur pour les trois prochains tomes. Si la série n'a pas été annulée pour manque de popularité, il est tout à fait possible qu'elle constitue, sans sa globalité, un récit horrifique tout à fait sympathique.

Visuellement, on pourra reprocher au style de Hideo Tanaka de manquer de panache pour présenter les événements. L'auteur montre assez basiquement son action sans chercher à effrayer par sa mise en scène, ce qui peut constituer l'un des plus gros points faibles de ce premier tome. Il sait toutefois manier la surprise dans son découpage, sans compter que la véritable apparence des « monstres » est assez audacieux, et aura de quoi diviser.

Du côté de l'édition, Panini offre un travail correct. La traduction d'Alice Lacroix est sans bémol, et la présence de pages couleur totalement bienvenue.


Critique 1 :

Pouvant se traduire par « les princesses mangeuses », le titre ne cache rien de ce qu'incarnent les femmes que vont rencontrer les héros dans ce coin perdu où ils décident de s'amuser.

Kitou Seiji et ses amis reviennent d'un week-end au ski. Peu satisfaits du séjour, le trouvant bien trop court et peu palpitant, ils décident de se faire une frayeur en se rendant dans un bâtiment en ruine que l'on dit hanté. Suga, Mikuriya et Hoshino se désistent dans le but de laisser Seiji faire la visite avec Mai, les sachant amoureux l'un de l'autre. Alors qu'ils commencent à peine à profiter de ce tête-à-tête, une étrange femme en kimono fait son apparition.

Débute pour le groupe d'amis une véritable plongée dans l'horreur.

Takenaka Hideo présente immédiatement ce manga comme l'incarnation de sa peur des femmes. Et rien que le choix du titre, le kanji du KU (?) étant celui pour « manger, bouffer », nous invite à suivre le groupe dans sa tentative d'échapper à de belles jeunes femmes qui n'ont rien d'humain et rêvent de faire d'eux leur festin.

Il se sert des légendes urbaines qui courent sur tous ces endroits dans le monde, pour la plupart des bâtiments en ruines que l'on dit hantés. Et il faut dire que l'ambiance sert grandement à son récit. Quoi de plus effrayant qu'un endroit où on n'a aucun moyen d'appeler les secours, qui n'offre aucun abri tant il est délabré et en plus est squatté par des créatures anthropophages. Mais bien évidemment, il faut tout d'abord compter sur la crédulité et la naïveté des protagonistes.

Certes, on a l'impression de lire sous format papier tous ces films que l'on a vus et qui plantent leur décor au fin fond de la forêt avec une bande d'étudiants dépourvue du moindre instinct de conservation. Pourtant, bien que l'on sache la série courte, on a envie de savoir comment tous vont s'en sortir et quelle est l'histoire de ces créatures sorties de nulle part.

Pour ce qui est du dessin, le trait est incisif, passant du travail à la plume au pinceau, changeant fortement les émotions transmises par les personnages et l'action. On regrette juste qu'il soit parfois inégal. On peut avoir des dessins nets et plus loin, ou juste après, un trait maladroit qui déforme les personnages. Heureusement, l'écart n'est pas assez grand pour choquer et pousser le lecteur à laisser tomber la lecture. L'intrigue équilibre cela et tout ce qui compte c'est de ressentir la peur et l'angoisse des héros, espérer les voir survivre et affronter avec courage les obstacles. Et puis chacun à son style, ce ne sont pas les mêmes personnages avec des cheveux différents, ils ont véritablement leur propre personnalité. Ce travail permet au mangaka de prouver qu'il maîtrise ceux-ci.

Panini propose un travail soigné, sans fautes d'orthographe et de bulles coupées à cause de la tranche. On sent une certaine évolution depuis les premières séries éditées dans la souplesse du volume. Le seul reproche serait le choix de certaines onomatopées dont on ne comprend pas trop le sens, bien que les scènes soient très parlantes, mais surtout ce « ouhein » qui revient deux ou trois fois et ne ressemble à rien. J'ai beau chercher, je ne crois pas avoir déjà entendu ou lu une telle expression ailleurs que dans la bouche d'un personnage débile. Genre, la famille de cannibales de Détour Mortel.

Malgré un thème vu et revu, Takenaka Hideo le réinvente avec des créatures originales dont on a hâte de découvrir les origines. Et même si ce n'est pas le cas, on en sait déjà assez pour laisser notre imagination combler les vides. Les personnages ne sont pas trop caricaturaux ou agaçants, comme c'est parfois le cas, ne nous poussant pas à souhaiter la mort de l'un ou l'autre.

Mention spéciale à la BD sous la jaquette qui révèle comment la monstrueuse Neneh a appris à maîtriser les réseaux sociaux.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

14 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Persmegas
16 20
Note de la rédaction