Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 03 Septembre 2021
Après les éléments très intrigants de la fin du premier volume, ce tome 2 de Kowloon Generic Romance démarre sur une sorte de flashback, revenant sur l'arrivée de Kudô à Kowloon depuis la succursale japonaise de l'entreprise, et par la même occasion sur sa première rencontre avec Kujirai, qui lui sert ici de guide pour découvrir et apprécier Kowloon, au gré d'une petite balade au fil de laquelle Jun Mayuzuki exploite toujours aussi bien le cadre unique de son récit. Tout en lui donnant des conseils pour se repérer et se déplacer dans l'étoir et labyrinthique quartier de Kowloon, Kujirai évoque le mah-jong, la soupe aux gyozas, les lampes en fin de vie, les ruelles à l'odeur de moisi, l'odeur des gens qui passent... soit autant de petits éléments qui, mis bout à bout, évoquent en elle une forte nostalgie. Par rapport aux Kujirai et Kudô que l'on connaît dans le présent, la situation semble donc totalement inversée, comme si Kujirai était devenue une tout autre personne...
Et pour cause: depuis qu'elle a découvert la mystérieuse photo d'elle et de Kudô pendant leurs fiançailles, la jeune femme a pris conscience qu'elle n'a aucun souvenir de son passé hormis les mois récents, chose dont elle fait part à son amie Yômei, la fille de la rue Naam Chaang. Mais dans ce cas, qui est-elle exactement ? Pourquoi Kudô lui cache cette vérité ? Est-ce parce que ça l'arrange ? Parce qu'il préférait la Kujirai d'avant et ne veut pas de celle qu'elle est maintenant ? Y aurait-il possibilité de retrouver la trace de l'homme du salon de thé qui a pris la photo pour essayer d'en savoir plus ?
Tandis que le tome 1 de la série nous offrait une tranche de vie exquise tout en distillant des détails étranges, ces détails prennent donc consistance ici, pour mieux entretenir un mystère qui reste bien opaque. Car on le devine, il n'y a pas qu'une simple amnésie derrière le cas de Kujirai, et c'est une idée qui s'accentue beaucoup au fil des dernières dizaines de pages du volume, dès lors qu'un autre élément entrevu dans le tome 1 prend plus d'importance: le groupe Hebinuma qui semble avoir ses billes partout (y compris dans la construction de Generic Terra), et plus particulièrement son directeur, Miyuki Hebinuma, qui commence à s'intéresser de très, très près à notre héroïne... Pourquoi la trouve-t-il si remarquable en disant qu'elle est vivante ? Au-delà de la séduire, qu'est-ce que cet homme plutôt inquiétant aimerait faire d'elle ? A ce titre, difficile de ne pas signaler la symbolique religieuse des dernières pages, entre le mot Eden gravé sur le bâton, le goût de pomme et l'allure de serpent de la langue d'Hebinuma... Le mythe d'Adam et Eve et donc du jardin d'Eden ne semble pas loin, on peut déjà s'amuser à faire des hypothèses dessus, et dans tous les cas on a hâte de voir ce que Jun Mayuzuki en fera.
Mais en dehors de ces intrigues particulièrement stimulantes, Kowloon Generic Romance reste également une série qui brille ici par d'autres aspects. En plus des visuels qui, dans leur découpage, leurs angles, leurs non-dits évocateurs, narrent énormément de choses, Mayuzuki excelle dans son écriture fine, en particulier ici pour souligner des éléments qui laissent interrogateur (comment la vue de Kujirai a pu s'améliorer ? Qu'est-ce que ça cache ?), et d'autres qui prennent vraiment un sens nouveau et plus profond, à commencer par la fameuse nostalgie que Kudô ressent, certaines paroles qu'il dit à Kujirai alors que c'est elle-même qui les lui avait dites autrefois (comme l'importance de retenir les raccourcis), son attrait pour les gyôzas... Sa nostalgie de Kowloon, quartier que finalement il connaît depuis moins longtemps que sa collègue, semble surtout être une nostalgie de tout ce qu'aimait la Kujirai d'autrefois.
"Ce quartier nommé Kowloon... Quel endroit plein de douceur... et de cruauté !"
Visuels aux petits oignons, écriture d'une rare finesse, intrigue qui prend plus d'ampleur tout en distillant des éléments toujours plus énigmatiques, intrigants et propices aux hypothèses... Après un excellent tome 1, Kowloon Generic Romance confirme avec un deuxième volume qui, en plus de conserver les même qualités, se fait encore plus stimulant.
Et pour cause: depuis qu'elle a découvert la mystérieuse photo d'elle et de Kudô pendant leurs fiançailles, la jeune femme a pris conscience qu'elle n'a aucun souvenir de son passé hormis les mois récents, chose dont elle fait part à son amie Yômei, la fille de la rue Naam Chaang. Mais dans ce cas, qui est-elle exactement ? Pourquoi Kudô lui cache cette vérité ? Est-ce parce que ça l'arrange ? Parce qu'il préférait la Kujirai d'avant et ne veut pas de celle qu'elle est maintenant ? Y aurait-il possibilité de retrouver la trace de l'homme du salon de thé qui a pris la photo pour essayer d'en savoir plus ?
Tandis que le tome 1 de la série nous offrait une tranche de vie exquise tout en distillant des détails étranges, ces détails prennent donc consistance ici, pour mieux entretenir un mystère qui reste bien opaque. Car on le devine, il n'y a pas qu'une simple amnésie derrière le cas de Kujirai, et c'est une idée qui s'accentue beaucoup au fil des dernières dizaines de pages du volume, dès lors qu'un autre élément entrevu dans le tome 1 prend plus d'importance: le groupe Hebinuma qui semble avoir ses billes partout (y compris dans la construction de Generic Terra), et plus particulièrement son directeur, Miyuki Hebinuma, qui commence à s'intéresser de très, très près à notre héroïne... Pourquoi la trouve-t-il si remarquable en disant qu'elle est vivante ? Au-delà de la séduire, qu'est-ce que cet homme plutôt inquiétant aimerait faire d'elle ? A ce titre, difficile de ne pas signaler la symbolique religieuse des dernières pages, entre le mot Eden gravé sur le bâton, le goût de pomme et l'allure de serpent de la langue d'Hebinuma... Le mythe d'Adam et Eve et donc du jardin d'Eden ne semble pas loin, on peut déjà s'amuser à faire des hypothèses dessus, et dans tous les cas on a hâte de voir ce que Jun Mayuzuki en fera.
Mais en dehors de ces intrigues particulièrement stimulantes, Kowloon Generic Romance reste également une série qui brille ici par d'autres aspects. En plus des visuels qui, dans leur découpage, leurs angles, leurs non-dits évocateurs, narrent énormément de choses, Mayuzuki excelle dans son écriture fine, en particulier ici pour souligner des éléments qui laissent interrogateur (comment la vue de Kujirai a pu s'améliorer ? Qu'est-ce que ça cache ?), et d'autres qui prennent vraiment un sens nouveau et plus profond, à commencer par la fameuse nostalgie que Kudô ressent, certaines paroles qu'il dit à Kujirai alors que c'est elle-même qui les lui avait dites autrefois (comme l'importance de retenir les raccourcis), son attrait pour les gyôzas... Sa nostalgie de Kowloon, quartier que finalement il connaît depuis moins longtemps que sa collègue, semble surtout être une nostalgie de tout ce qu'aimait la Kujirai d'autrefois.
"Ce quartier nommé Kowloon... Quel endroit plein de douceur... et de cruauté !"
Visuels aux petits oignons, écriture d'une rare finesse, intrigue qui prend plus d'ampleur tout en distillant des éléments toujours plus énigmatiques, intrigants et propices aux hypothèses... Après un excellent tome 1, Kowloon Generic Romance confirme avec un deuxième volume qui, en plus de conserver les même qualités, se fait encore plus stimulant.
VF:
8 (En cours)
VO:
9 (En cours)
Dernier paru
22/09/2023 A paraître
26/04/2024 