Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 07 Octobre 2021
Active au Japon depuis 2013 et ayant déjà à son actif un bon petit paquet de titres, Akira Yoshio est une mangaka qui est en train de se faire sa place dans le catalogue des éditions Hana (anciennement éditions Boy's Love). Après avoir publié en France le one-shot le fil du destin en juillet 2020, l'éditeur a effectivement remis le couvert en janvier 2021 avec la sortie de son spin-off Comment défier le destin. Et en attendant la parution, fin octobre, du one-shot Au plus profond de toi, l'autrice avait d'ores et déjà fait son retour chez l'éditeur fin août avec Kiss to Snow White.
Lancé au Japon en 2019 dans le magazine Gush de Kaiôsha sous le titre Shirayukihime ni Kuchizuke (littéralement "Bisous à Blanche-Neige"), Kiss to Snow White est un spin-off de Goshujinsama wa Ouji ga o Suki, un autre manga d'Akira Yoshio, à ce jour inédit en France. Mais que l'on se rassure, ce spin-off est totalement indépendant. Simplement, les personnages principaux de Goshujinsama wa Ouji ga o Suki apparaissent ici un peu en tant que personnages secondaires, a priori. Comptant à ce jour deux volumes, Kiss to Snow White est d'ores et déjà, actuellement, l'oeuvre la plus longue de la carrière de l'autrice.
Tout commence par des retrouvailles. Président du conseil des élèves dans un lycée d'élite, Asuka Ichijô se voit fort logiquement confier la tâche de faire visiter l'établissement à un élève tout juste transféré, et qui a trouvé le moyen de se perdre dès le premier jour: Masamune Zaizen. En entendant ce nom, Asuka sait de qui il s'agit, car il l'a autrefois bien connu: avant que Masamune ne doive soudainement déménager quand ils étaient enfants, il était le meilleur ami d'Asuka. Et pourtant, ce dernier pense tout bas qu'il aurait préféré ne jamais revoir Masamune... Quand les deux adolescents se retrouvent enfin pour la visite du lycée, Masamune, jovial, se souvient très vite d'Akira, mais Akira fait mine de rien, puis se montre étrangement froid avec son ami d'autrefois. Intrigué, Masamune finit, en plus, par rapidement découvrir qu'Asuka s'adonne à des jeux pervers avec d'autres élèves qui le demandent dans la salle du conseil, et en est d'autant plus troublé, quand bien même il ne s'offusque pas de cette vérité. Mais en cherchant à en apprendre toujours plus sur le pourquoi du comment et à renouer avec son ami d'enfance, Masamune finira par découvrir, chez Asuka, une vérité encore plus sombre et terrible que tout ce qu'il aurait pu imaginé: celle d'un adolescent né d'une liaison illégitime et qui, détesté par son père, est forcé par ce dernier, depuis l'enfance, à une existence misérable: écouté et traqué en permanence via un téléphone, n'ayant jamais eu le droit de sortir ailleurs que du lycée et de sa chambre, et, surtout, forcé en permanence à se prostituer auprès des riches clients du "paternel"...
Commençons tout de suite par évoquer le petit truc qui chagrine un peu: le choix de l'éditeur de balancer, dès son résume en 4e de couverture, la triste vérité sur les conditions de vie d'Asuka. C'est pourtant un aspect autour duquel Asuka Yoshio, au gré de certains indices, entretient le mystère pendant la totalité des deux premiers chapitres, donc pendant quasiment 60 pages. Si bien qu'à l'arrivée, l'effet est moindre.
Mais à part ça, Kiss to Snow White est un récit qui, petit à petit, parvient à piquer l'intérêt, de par tout ce que l'on cerne des deux personnages principaux et en particulier d'Asuka, un garçon tout bonnement mort à l'intérieur, qui parle de mourir comme d'une blague ne le touchant pas, qui semble condamné à une vie prisonnière de son "père", qui a grandi sans amour et dans la haine infligée par ce paternel, au point de se considérer lui-même comme une existence coupable. Le fond est sombre et dur, mais Akira Yoshio, loin de vouloir exagérer le trait, conserve au contraire un ton assez posé, jusqu'à même éviter de montrer les scènes de sexe auxquelles Asuka est régulièrement obligé de s'adonner.
Finalement, même s'il n'ose l'avouer, la seule lueur d'espoir dans la vie d'Asuka, sa seule chose le faisant tenir, c'est le souvenir de l'amitié d'enfance qu'il avait avec Masamune une amitié dont il a conservé toutes les lettres pendant des années sans pouvoir y répondre. Alors, maintenant que Masamune est de retour, peut-être pourra-t-il faire quelque chose pour extirper Asuka de sa situation ? Masamune est effectivement déterminé à sauver Asuka, qui est plus encore qu'un ami pour lui, et de ce fait il y a déjà de nettes avancées dans la deuxième moitié du tome, mais nous allons éviter de trop en dire afin de ne pas spoiler.
En plus de garder une certaine sobriété, le dessin d'Akira Yoshio démontre pas mal d'élégance, de par le cadre huppé dans lequel évoluent les personnages, leurs traits fins et leurs vêtements. La patte de la dessinatrice se révèle franchement agréable, d'autant qu'elle colle bien au cadre et à l'ambiance souhaités.
Sorti en même temps que le premier volume, le tome 2 nous donnera sûrement déjà une meilleure idée de l'orientation que va prendre l'oeuvre. mais pour le moment, Kiss to Snow White s'offre une bonne entrée en matière avec ce premier opus.
Notons que l'histoire principale est raccourcie en laissant place, après 150 pages, à "First Love Glitter", une histoire courte n'ayant aucun rapport avec Kiss to Snow White, au demeurant sympathique.
Du côté de l'édition française, on retrouve un travail conforme aux habitudes des éditions Hana: papier assez souple et épais permettant une bonne impression, présence de deux illustrations en couleurs au début (dont une se contente de reprendre l'illustration de couverture), lettrage soigné, et traduction convaincante de Laurie Asin qui colle franchement bien à la personnalité de nos héros, en particulier le côté éteint d'Asuka.
Lancé au Japon en 2019 dans le magazine Gush de Kaiôsha sous le titre Shirayukihime ni Kuchizuke (littéralement "Bisous à Blanche-Neige"), Kiss to Snow White est un spin-off de Goshujinsama wa Ouji ga o Suki, un autre manga d'Akira Yoshio, à ce jour inédit en France. Mais que l'on se rassure, ce spin-off est totalement indépendant. Simplement, les personnages principaux de Goshujinsama wa Ouji ga o Suki apparaissent ici un peu en tant que personnages secondaires, a priori. Comptant à ce jour deux volumes, Kiss to Snow White est d'ores et déjà, actuellement, l'oeuvre la plus longue de la carrière de l'autrice.
Tout commence par des retrouvailles. Président du conseil des élèves dans un lycée d'élite, Asuka Ichijô se voit fort logiquement confier la tâche de faire visiter l'établissement à un élève tout juste transféré, et qui a trouvé le moyen de se perdre dès le premier jour: Masamune Zaizen. En entendant ce nom, Asuka sait de qui il s'agit, car il l'a autrefois bien connu: avant que Masamune ne doive soudainement déménager quand ils étaient enfants, il était le meilleur ami d'Asuka. Et pourtant, ce dernier pense tout bas qu'il aurait préféré ne jamais revoir Masamune... Quand les deux adolescents se retrouvent enfin pour la visite du lycée, Masamune, jovial, se souvient très vite d'Akira, mais Akira fait mine de rien, puis se montre étrangement froid avec son ami d'autrefois. Intrigué, Masamune finit, en plus, par rapidement découvrir qu'Asuka s'adonne à des jeux pervers avec d'autres élèves qui le demandent dans la salle du conseil, et en est d'autant plus troublé, quand bien même il ne s'offusque pas de cette vérité. Mais en cherchant à en apprendre toujours plus sur le pourquoi du comment et à renouer avec son ami d'enfance, Masamune finira par découvrir, chez Asuka, une vérité encore plus sombre et terrible que tout ce qu'il aurait pu imaginé: celle d'un adolescent né d'une liaison illégitime et qui, détesté par son père, est forcé par ce dernier, depuis l'enfance, à une existence misérable: écouté et traqué en permanence via un téléphone, n'ayant jamais eu le droit de sortir ailleurs que du lycée et de sa chambre, et, surtout, forcé en permanence à se prostituer auprès des riches clients du "paternel"...
Commençons tout de suite par évoquer le petit truc qui chagrine un peu: le choix de l'éditeur de balancer, dès son résume en 4e de couverture, la triste vérité sur les conditions de vie d'Asuka. C'est pourtant un aspect autour duquel Asuka Yoshio, au gré de certains indices, entretient le mystère pendant la totalité des deux premiers chapitres, donc pendant quasiment 60 pages. Si bien qu'à l'arrivée, l'effet est moindre.
Mais à part ça, Kiss to Snow White est un récit qui, petit à petit, parvient à piquer l'intérêt, de par tout ce que l'on cerne des deux personnages principaux et en particulier d'Asuka, un garçon tout bonnement mort à l'intérieur, qui parle de mourir comme d'une blague ne le touchant pas, qui semble condamné à une vie prisonnière de son "père", qui a grandi sans amour et dans la haine infligée par ce paternel, au point de se considérer lui-même comme une existence coupable. Le fond est sombre et dur, mais Akira Yoshio, loin de vouloir exagérer le trait, conserve au contraire un ton assez posé, jusqu'à même éviter de montrer les scènes de sexe auxquelles Asuka est régulièrement obligé de s'adonner.
Finalement, même s'il n'ose l'avouer, la seule lueur d'espoir dans la vie d'Asuka, sa seule chose le faisant tenir, c'est le souvenir de l'amitié d'enfance qu'il avait avec Masamune une amitié dont il a conservé toutes les lettres pendant des années sans pouvoir y répondre. Alors, maintenant que Masamune est de retour, peut-être pourra-t-il faire quelque chose pour extirper Asuka de sa situation ? Masamune est effectivement déterminé à sauver Asuka, qui est plus encore qu'un ami pour lui, et de ce fait il y a déjà de nettes avancées dans la deuxième moitié du tome, mais nous allons éviter de trop en dire afin de ne pas spoiler.
En plus de garder une certaine sobriété, le dessin d'Akira Yoshio démontre pas mal d'élégance, de par le cadre huppé dans lequel évoluent les personnages, leurs traits fins et leurs vêtements. La patte de la dessinatrice se révèle franchement agréable, d'autant qu'elle colle bien au cadre et à l'ambiance souhaités.
Sorti en même temps que le premier volume, le tome 2 nous donnera sûrement déjà une meilleure idée de l'orientation que va prendre l'oeuvre. mais pour le moment, Kiss to Snow White s'offre une bonne entrée en matière avec ce premier opus.
Notons que l'histoire principale est raccourcie en laissant place, après 150 pages, à "First Love Glitter", une histoire courte n'ayant aucun rapport avec Kiss to Snow White, au demeurant sympathique.
Du côté de l'édition française, on retrouve un travail conforme aux habitudes des éditions Hana: papier assez souple et épais permettant une bonne impression, présence de deux illustrations en couleurs au début (dont une se contente de reprendre l'illustration de couverture), lettrage soigné, et traduction convaincante de Laurie Asin qui colle franchement bien à la personnalité de nos héros, en particulier le côté éteint d'Asuka.