Karakuri Circus - Edition Perfect Vol.2 - Actualité manga
Karakuri Circus - Edition Perfect Vol.2 - Manga

Karakuri Circus - Edition Perfect Vol.2 : Critiques

Karakuri Circus

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 12 Août 2022

Prisonnier de son oncle qui veut faire de lui son fils adopté de gré ou de force pour récupérer l'héritage Masaru a appris, via les lettres laissées par son père, l'effroyable vérité sur sa naissance, sur l'unique raison de sa venue au monde: depuis toujours, il n'était qu'un appât, comme si sa vie n'avait aucune autre valeur que cette fonction cruelle. Et non seulement il doit encaisser le choc de cette révélation, mais en plus il doit faire face à un oncle prêt à tout, y compris à la violence sur son propre neveu si jeune, pour parvenir à ses fins. Mais dans le même temps, la propriété de Zenji est, en un rien de temps, devenue le théâtre d'un vaste affrontement. Face au gang des ravisseurs engagé par le tonton de Masaru, le gang des tueurs emmené par Ashihana passe à l'action avec un objectif clair: éliminer le petit garçon. Et dans tout ça, personne ne sait que les plans du défunt père de Masaru sont en train de se dérouler exactement comme il le souhaiter... à moins que les deux jeunes gens ayant juré de protéger Masaru ne changent la donne: Narumi et Shirogane sont là eux aussi, déterminés à entrer dans le manoir et à récupérer l'enfant, et ils ont déjà éliminé une marionnettiste ennemie. Mais entre Narumi qui chope une crise de zonapha au pire moment possible et Shirogane qui est à deux doigts de tomber dans un piège mortel, la situation semble désespérée...

Si le premier volume de cette Perfect Edition de Karakuri Circus était déjà d'un rythme impeccablement fluide et intense, ce n'est sans doute rien à côté de ce deuxième pavé de quasiment 270 pages qui, déjà, achève le premier grand arc de la série au rythme d'un affrontement toujours plus dantesque au sein de la propriété de Zenji. Il faut dire que, pour ça, Kazuhiro Fujita a de la ressource, entre les affrontements de marionnettistes léchés et bourrés de designs de marionnettes toujours aussi chouettes, les différents pièges que renferment les lieux, les actes assez odieux envers son neveu d'un Zenji qui campe un méchant vraiment détestable à souhait, les différents imprévus pouvant surgir à tout moment à l'image des crises de zonapha de Narumi... il semble impossible de s'ennuyer à la lecture de cet opus mené tambour battant et ne nous lâchant jamais... et pourtant, il ne s'agit même pas de ce que Fujita réussit le mieux ici, car l'auteur a évidemment à coeur de poursuivre le développement et l'évolution de ses trois personnages principaux, qui nous montrent tous des choses fortes et passionnantes ici.

A commencer, bien sûr, par Narumi, et plus spécifiquement par sa relation qui se bâtit toujours plus puissamment avec Masaru et Shirogane. le costaud au coeur d'or démontre toute sa détermination à protéger le petit garçon, cet enfant qu'il ne connaissait pourtant même pas peu de temps auparavant. amis c'est aussi sur Shirogane qu'il a désormais un impact réel, pour ce qui sera l'un des beaux enjeux du volume: faire prendre conscience à la jeune fille que sa vie a une valeur autre que celle d'une marionnette. L'heure est alors venue, idéalement, de découvrir les grandes lignes du passé, de l'enfance de Shirogane. Une enfance dure et stricte, passée loin du Japon, dans notre cher pays, à Quiberon, avec un objectif bien précis de la part de ses "éducatrices". La manière dont elle a été éduquée dans un seul but, et comme si elle n'était elle-même qu'une marionnette n'ayant pas besoin de volonté propre. Et ce passé de Shirogane est une chose que Fujita, dans sa construction narrative, amène vraiment bien en proposant assez tôt dans le tome quelques cases de souvenirs si mystérieux et étranges qu'ils piquent forcément la curiosité, avant que tout ne se dévoile plus tard. A l'arrivée, on cerne pleinement pourquoi Shirogane est ainsi, pourquoi elle est incapable de sourire, pourquoi elle semble n'accorder aucune importance à sa propre vie, pourquoi elle estime qu'elle n'a absolument aucune valeur si elle n'a pas avec elle sa marionnette Arlequin pour protéger Masaru... mais devant elle, il y a précisément un Narumi qui tient à la vie, qui n'a aucune envie de mourir comme s'il ne valait pas plus qu'un simple pantin, et qui est bien décidé à faire comprendre à sa partenaire la valeur de son existence et à souligner les émotions qu'elle peut montrer. A ce titre, on adorera alors de plus belle l'intelligente symbolique que prend la maladie de zonapha de Narumi, cette maladie l'obligeant, pour ne pas mourir, à provoquer chez les gens ces rires, ces émotions heureuses dont Shirogane se pense incapable.

Cet aspect est vraiment brillamment mené par le conteur hors-pair qu'est Fujita... Et pourtant, ce n'est peut-être pas encore que qui vient toucher le plus fortement, car un autre aspect vient prendre une importance centrale et elle aussi parfaitement menée: l'évolution de celui qui donne son prénom à ce premier grand arc, Masaru. Porté par ce que Narumi lui a montré et dit, et par la détermination que ce dernier et Shirogane montrent pour le sauver, le chétif petit garçon se métamorphose pour enfin acquérir une certaine forme de cette force qu'il voulait tant, qu'il regrettait tant de ne pas avoir dans le premier volume. Non, il ne sera pas qu'un vulgaire appât. Oui, il mérite de vivre, par lui-même. Alors il osera surpasser ses peurs. Même attaché et avec le corps couvert de bleus sous les coups, il ne lâchera rien, résistera du haut de sa petite taille. S'il doit "mourir", ce sera uniquement pour tuer le pleurnicheur qui est en lui. Et tout ça, il le fera en démontrant bien des prises de risques, mais aussi bien des qualités comme sa mémoire, son intelligence, ses négociations avec Ashihana qui prend une tout autre saveur que le simple méchant ici, voire même certaines habiletés avec les marionnettes...

Intense d'un bout à l'autre, porté par une narration aussi rythmée que limpide, bourré de développements impactants et parfaitement menés autour de ses attachants principaux personnages, ce deuxième volume est un très, très grand moment de lecture. Jusqu'à ses dernières pages-choc, d'une puissance émotionnelle imparable, comme une sorte de baisser de rideau tragique sur ce premier arc. Karakuri Circus atteint déjà l'excellence, alors même que l'oeuvre nous mènera toujours plus loin par la suite.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
20 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs