Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 25 Avril 2025
L’affrontement qui oppose Gojo à Sukuna se poursuit. Les deux adversaires sont d’une puissance inimaginable et maître de leurs arts respectifs, et chacun d’eux pourrait être mené à sa perte au moindre vacillement. Ce spectacle se fait sous le regard (à distance) des alliés de Gojo encore en vie, dont ses anciens élèves. Ces derniers savent qu’ils ne peuvent être d’aucune aide à leur mentor et sont contraints d’observer la confrontation en priant pour l’issue la plus favorable possible…
Le duel entre Satoru Gojo et Ryomen Sukuna était sans conteste l’un des plus attendus. Deux monstres de puissance qui s’opposent, deux figures à la force inégalable, donnant lieu au combat qui pouvait être le plus intense de la série. C’est en partie le cas. En partie, oui.
L’opus précédent engageait particulièrement mal la chose, la faute à une narration d’une lourdeur insupportable à cause de personnages se la jouant Jean-Michel Larqué. Leurs commentaires plombaient littéralement la lecture, attestant la maladresse de Gege Akutami à pouvoir rendre ses concepts clairs sans devoir en faire des caisses. Dans cet opus, le mangaka semble avoir saisi cette lacune et modère davantage cet aspect. Les commentaires restent très présents, mais mieux dosés. Et s’il fallait faire l’avocat du diable, il faut reconnaître que les concepts établis sont si complexes que seules de nombreuses explications peuvent apporter un tantinet de cohérence. Là est le piège à avoir voulu apporter trop de densité aux pouvoirs : ils rendent le récit parfois difficilement digeste.
Pourtant, quand le duel demeure graphique, celui-ci est globalement réussi. En restant en surface sur les idées de territoires et autres mécaniques surnaturelles, on comprend tout de même la puissance dévastatrice des deux adversaires. Akutami est aussi très fort dans sa manière de rester dans un statu quo, ne donnant jamais vraiment d’idée sur celui qui dépassera son opposant, ce jusqu’au final qui nous apporte tout de même une réponse. En ce sens, la conclusion du volume est audacieuse et implacable. Impossible alors d’envisager la suite après un tel événement, même si celui-ci peut donner l’impression que tout ce qui a été entrepris depuis le début de la Traque mortelle est finalement futile.
Aussi, on apprécie que l’auteur apporte un fond supplémentaire au personnage de Gojo dont la démesure de puissance amène à une véritable écriture complexe du mentor de nos héros. C’est même ce qui peut donner du sens à la fin du volume, au-delà de la volonté de surprendre le lecteur.
On ressort alors de l’ouvrage avec le postérieur entre deux chaises. Oui, le récit garde sa lourdeur et les affrontements sont inutilement complexes, Gege Akutami étant tombé dans son propre piège à ce niveau-là. Mais, à côté, le fracassant combat offre un moment satisfaisant sur le plan graphique, sa fin a pour mérite son culot, et on apprécie ce développement intéressant du personnage de Gojo qui sort définitivement de son rôle simpliste d’entité surpuissante, quasi divine, et de deux ex-machina. Il reste maintenant quatre tomes avant la fin de la série, ce qui laisse largement le temps de régler l’enjeu actuel. En revanche, on se demande bien quelle finalité globale et cohérente l’auteur pourra apporter tant il a planté d’éléments qui, pour l’heure, restent totalement dans l’ombre.