Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 09 Octobre 2013
Jiroro est un petit renardeau aussi vif qu'espiègle. Curieux de tout, il a la fâcheuse manie de chaparder tout ce qui lui plaît, au grand dam de sa famille ! Cailloux, glands, cloportes, feuilles mortes... il ramasse tout ce qui attire son oeil, et à vrai dire, il est tellement avide de tout ce qu'il aime qu'il cherche même à décrocher la lune en montant en haut d'un grand arbre ! Et évidemment, ce comportement lui vaut parfois de voler des choses appartenant aux autres et de connaître quelques mésaventures.
Ce jour-là, justement, il croise un gros crapaud chaussé d'une paire de bottes magiques, capables de faire courir à vitesse éclair. Evidemment, Jiroro les veut ! Mais le crapaud ne voulant pas les lui donner, le renardeau ne trouve rien de mieux que de le bousculer pour s'emparer des souliers. Sans attendre, il se retrouve alors à courir plus vite que le vent, et ne tarde pas à faire différentes rencontres : un ours, une langouste, des éléphants et... un dragon ! La plupart ont des problèmes, et la manie qu'a ce petit voleur de Jiroro risque bien de les résoudre de façon inattendue !
Jiroro marque l'arrivée aux éditions nobi! nobi! de deux nouvelles auteures : la scénariste Rien Ono et l'illustratrice Mako Taruishi. Cette dernière est loin d'être inconnue en France : ancienne illustratrice dans la société qui a créé Hello Kitty (Sanrio), elle s'est ensuite lancée dans les albums jeunesse, dont plusieurs sont déjà parus dans notre pays chez L'école des Loisirs, notamment le succès La lettre du père Noël.
Avec Jiroro, les deux artistes ont le mérite d'offrir une histoire qui va à cent à l'heure, dès lors que le renardeau s'empare de ces bottes magiques qui vont l'amener à faire de sacrées rencontres, au gré d'une escapade qui va lui faire parcourir différents lieux. Jiroro va tellement vite qu'il court littéralement sur l'eau, se retrouve dans un lointain pays, puis en haut d'une montagne... Il en résulte un petit parfum de folle aventure qui devrait plaire aux plus jeunes, d'autant que les animaux qu'il croise sont variés et vont même jusqu'à une créature légendaire comme le dragon (pas effrayant pour un sou, bien au contraire, si ça peut rassurer les parents).
La lecture est donc vivante et ludique, le récit étant mouvementé, Jiroro ne perdant jamais son goût du chapardage, et Mako Taruishi se faisant un plaisir d'offrir des visages expressifs à son héros. Pourtant, les choses peinent un peu plus à convaincre sur le plan de l'histoire elle-même, car on se demande constamment où les auteures veulent en venir. Là où on attend une petite leçon sur le vol ou l'avidité, on est surpris par la tournure des choses, qui ne dégagent finalement aucune morale claire, puisque c'est en les volant que Jiroro vient en aide sans le vouloir à l'ours, à la langouste et au dragon. Etrange, même si au vu de la fin (plutôt bien trouvée) on se dira que son défaut lui a permis de trouver sa voie une fois plus grand. On se demande également à quoi servent les éléphants, puisqu'ils ne font que passer vite fait sans même être nommés, et que le renardeau ne les aide pas, se contente de les voler allègrement. Et de manière générale, hormis Jiroro, les autres animaux, tout aussi variés soient-ils, risquent d'avoir du mal à être attachants puisqu'ils n'apparaissent que très brièvement.
Jiroro ne restera donc pas parmi les meilleures oeuvres du label 1,2, 3 Soleil de l'éditeur, où il vaut mieux piocher dans les excellentes oeuvres de Miho Takeda (Mon voisin Masuda et le Mons'trouille), de Tatsuya Miyanishi (Chic des bonbons magiques, Papa renard en croque pour les cochons) ou de Chiaki Miyamoto (Les couleurs de Bilo). Ces aventures du petit renardeau s'avèrent assez maladroites dans le fond, mais il reste malgré tout ce parfum de folle aventure amusante, qui a de quoi séduire les plus jeunes à défaut de les marquer en profondeur.