Jeune fille aux Camelias (la) - Edition 2011 - Actualité manga

Jeune fille aux Camelias (la) - Edition 2011 : Critiques

Shojo Tsubaki

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 02 Mars 2012

La petite Midori est une jeune orpheline adoptée par le patron d'un cirque pour le moins étrange. C'est entre une femme serpent, une momie manchot, un bretzel humain, un hermaphrodite et d'autres compagnons étranges qu'évolue la petite fille. Entre les brimades cruelles et perverses de ses camarades et les tâches ingrates qui lui sont attribuées, Midori va être acculée dans ce qui ressemble à une foire aux monstres.

C'est ainsi que débute La jeune fille aux camélias, le manga culte de Suehiro Maruo. Le maître de l'eroguro contraste ainsi l'esthétisme et l'innocence de Midori avec la laideur des mi-humains mi-monstres qui l'entourent. L’atrocité physique, mais aussi celle de l'âme sont représentées par des scènes nommées "muzan-e". C'est à dire par du voyeurisme dans des scènes explicites de violence et de sexe déviant . L'auteur va marquer cette opposition en allant jusqu'à dessiner la petite Midori de manière dite "moe".
Cet enfer prend fin le jour où Masamitsu le magnifique arrive dans la troupe. Le nain capable d'entrer entièrement son corps dans une bouteille va attirer des spectateurs et ainsi relancer économiquement le cirque. Mais ce n'est pas tout. En dépit de leur grande différence d'âge, la nouvelle vedette de la troupe va s'amouracher de la jeune Midori. Le petite fille va donc passer du statut de fillette bizutée à celui de fiancée de l'homme providentiel. L'amour et la paix prennent ainsi la place de ce sentiment d'oppression. Le bonheur est à portée de main pour la petite orpheline brimée qu'elle était. Mais ce passage n'est qu'éphémère. Ses camarades de cirques vont rapidement se montrer jaloux de Midori et recommencer à lui en faire voir de toutes les couleurs. Mais c'est sans compter sur l'intervention de Masamitsu qui, peu à peu, révèle son véritable visage.

C'est donc avec second degré et métaphores que Suehiro Maruo nous narre la vie de Midori. Une jeune fille innocente qui va découvrir le monde qui l'entoure. Cela va passer par la violence, la cruauté, la perversion, mais aussi par l'amour et le bonheur. En même temps que le lecteur, Midori va se rendre compte que la vie n'est pas facile, qu'elle est couronnée de déceptions et que plus on est heureux et plus la désillusion blesse.

Graphiquement, le résultat est superbe. Suehiro Maruo est vraiment un mangaka à part. Son style graphique rappelle l'esthétisme des années 30 et son coup de crayon clair permet d'apprécier pleinement le récit. L'auteur n'hésite pas à pousser loin ses délires graphiques, donnant au manga un aspect comique. Toutefois les âmes les plus sensibles doivent s'abstenir. De nombreuses scènes gores et/ou de sexe parsèment le récit. Il y a de quoi en choquer plus d'un. Mais cela rend l'ambiance de La jeune fille aux camélias particulièrement malsaine. On se laisse porter par cette vulgarité à la fois douce et surréaliste qui contraste avec l'innocence de Midori.

Du côté de l'édition, rien n'est à reprocher à IMHO. Passer la jaquette cartonnée, on découvre plusieurs pages colorées de rouge. Le ton du manga est donné. En fin de tome, on a le plaisir de découvrir un texte complètement déjanté de Suehiro Maruo. L'adaptation et la traduction du manga rendent hommage au maître.

Pour conclure, il faut dire que La jeune fille aux camélias est un manga culte. Il s'agit d'une œuvre novatrice et métaphorique qui a inspiré un grand nombre de mangakas. Pour autant, le manga de Suehiro Maruo n'est pas accessible à tout le monde. Il faudra se faire au ton très second degré du manga, ainsi qu'à la violence. Ensuite, on pourra se laisser entraîner dans la vie de Midori. Explorer ses sentiments, ses émotions et la voir évoluer. Il faut se prêter au jeu que nous livre Suehiro Maruo pour apprécier pleinement la tension montante du manga. Difficilement accessible, La jeune fille aux camélias n'en reste pas moins un chef d'œuvre du manga.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
jojo81
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs