Jeune dragon recherche appartement ou donjon Vol.1 : Critiques

Les éditions Soleil Manga inaugurent leur gamme Fantasy avec 2 nouveaux titres : L’imprimerie des sorcières, isekai[i] assez classique, et Jeune dragon recherche appartement ou donjon, un autre isekai…. Qui n’en est pas un.

Letty, un jeune dragon, se voit renié et banni du nid familial par son père après une énième bourde. Chétif et peu débrouillard, ses chances de survie semblent bien minces dans ce monde hostile à son égard. En effet les dragons sont sources de richesses et attisent la convoitise ; écailles, dents et autres organes se vendant à prix d’or. Notre jeune exilé se met donc en quête du nid douillet de ses rêves pour y passer des jours paisibles. Il rencontre alors Dearia, elfe architecte et promoteur immobilier, qui se chargera de trouver le logement parfait pour notre dragon.

Alors pourquoi parler d’isekai alors que ce résumé semble parler d’une œuvre d’Heroic fantasy ? Bien que ce manga soit simple à lire et facile d’accès, l’analyser l’est beaucoup moins tant les genres sont mélangés.

Plus que de simples références, les différents protagonistes parlent d’eux-mêmes comme s’ils étaient conscients d’évoluer dans un univers de jeux vidéo. En effet, Letty se lamente de sa faiblesse en consultant sa fiche de personnage, parle de « compétence » de vol ou encore perd des HP lorsqu’il est attaqué. Il est également conscient des mécaniques de gameplay propre aux MMORPG, tels que le respawn ou le repop d’un objet de quête.

Encore plus fou, des technologies qui n’ont pas leur place dans cet univers sont évoquées comme un aspirateur, une lampe torche ou même internet !! Pourtant aucun personnage du monde réel ne fait le liant comme dans un isekai classique, ce qui peut rendre le tout parfois perturbant.

On serait alors tenté d’y voir une parodie, mais l’œuvre propose suffisamment d’enjeux et d’intérêts pour ne pas être cantonnée à cette seule catégorie. Le tout reste étonnamment cohérent, et l’on y voit tantôt une parodie tantôt de la Fantasy humoristique. Une chose est sûre, la volonté de se démarquer dans un secteur saturé et surexploité se fait sentir et le pari est réussi.

Le personnage de Letty est la grande force de ce manga, se révélant aussi mignon et kawaii que maladroit et candide. Il sauve d’ailleurs la première moitié du tome, bien trop rapide et ponctué de gags souvent peu inspirés. La deuxième partie trouve alors un tempo plus agréable et les trouvailles narratives pertinentes se multiplient. L’alchimie du duo opère, marquée par le contraste entre flegme et attitude très démonstrative, et l’on a hâte de voir leur relation s’approfondir. Nous terminons ainsi notre lecture sur une bonne note, curieux de voir la direction que prendra le scénario.

Jeune dragon se révèle au final être une bonne surprise, bien que de qualité narrative irrégulière. Le manga apporte de la fraîcheur et de la nouveauté, le tout servi par un dessin fin et parfaitement adapté à l’ambiance du titre. Reste à savoir s’il arrivera à garder la cadence et continuer à nous accrocher.

[i] Pour aborder sereinement cette critique, rappelons les bases de ce qu’est un isekai. Il s’agit d’un genre narrant l’aventure d’un jeune homme téléporté dans un monde de jeux vidéo, de type RPG ou MMORPG. Il mène alors une vie remplie de quêtes et d’exploits, échappant à une réalité morne où il ne trouve pas sa place. Seul le héros est conscient d’être dans un monde virtuel dont il connaît déjà les ficelles, ce qui lui confère une forme d’omniscience dont il va tirer profit pour surmonter les épreuves.