Je pense a toi - Actualité manga
Je pense a toi - Manga

Je pense a toi : Critiques

Sorekara, Kimi o Kangaeru

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 19 Février 2018

Critique 2


Yasu et Takashi sont amis d’enfances. Tous les deux lycéens, ils aspirent à un avenir complètement différent. Même si pour l’un et l’autre, la ville où ils habitent ne leur plait pas, Yasu a choisi d’y rester après ses études pour pouvoir reprendre le magasin familial. Quant à Takashi, il choisit de fuir cette ville qu’il hait tant et de poursuivre ses études à Tokyo. Pourtant tout n’est pas si simple, car que ce soit Yasu ou Takashi, ils éprouvent l’un pour l’autre des sentiments amoureux qui ne se sont jamais déclarés. Est-ce que l’un des deux fera le premier pas ? Et si oui, cela aura-t-il un impact sur leur avenir ?


Arrivé 3ème dans le classement des meilleurs nouveaux auteurs au Chil Chil BL Awards, ce recueil d’histoires courtes a permis de faire connaitre l’auteur Komatsu. Il regroupe quatre histoires sentimentales courtes plus ou moins abouties. Dans « Je pense à toi », nous suivons la vie quotidienne de deux lycéens avec des envies différentes sur leur avenir. Meilleurs amis d’enfance, ils ne se quittent jamais et éprouvent l’un envers l’autre des sentiments amoureux, mais ils ne se sont jamais déclarés. L’auteur oriente toute son intrigue sur les avenirs qui opposent les deux garçons alors qu’ils éprouvent l’un pour l’autre des sentiments. Du fait de la brièveté de cette première histoire, nous avons du mal à être touchés par les émotions ou les sentiments et surtout par les décisions de deux protagonistes. On pourrait même se demander l’utilité de toute cette histoire… Et malheureusement, les déceptions s’enchaînent avec « le dernier ordre » où nous avons le droit qu’à seulement 14 pages pour découvrir les personnages, commencer l’histoire et la finir…


Par chance dans « Young oh ! oh ! » l’auteur nous offre un peu plus de contenu. Ici nous découvrons Sako, un lycéen, fan de figurines. Quand il était au collège, il fut traumatisé par sa petite amie de l’époque, car elle avait découvert avec stupeur sa collection de figurines ! Depuis, il fuit la gent féminine et se refuse toute relation amoureuse. Or, un jour, une jeune fille lui fait une déclaration en pleine rue. Pour la fuir, il prend le premier homme qui passe à côté de lui et annonce qu’il est homo et qu’il est amoureux de ce jeune homme. Sans s’en rendre compte, il vient de déclarer sa flamme à un camarade de son école qui est tombé sous son charme. Sako fera tout pour éloigner ce jeune homme de sa vie en lui faisant des plats immondes ou lui renversant du soda sur lui…. En résumé, des réactions de gamins immatures… L’auteur nous sert ici une histoire très simpliste et il est difficile d’adhérer à de quelconques sentiments amoureux intenses… Pour finir, seul « C’est avant l’aube qu’il fait plus sombre » sort du lot. Kaname est un lycéen qui traverse une mauvaise passe, car ses parents sont en plein divorce. Complètement bouleversé, il culpabilise pensant qu’il n’a pas été un assez bon fils vis-à-vis de ses parents. Daisuke, voyant la détresse de son ami, fait tout pour le soutenir et l’aider à aller mieux. Petit à petit, les deux hommes se rapprocheront, mais Daisuke devra faire preuve de beaucoup de patience pour que Kaname se confie et s’ouvre à lui. Même si l’auteur fait un choix discutable dans son intrigue, cette dernière histoire montre un potentiel talent à nous emmener dans des sentiments plus sombres et plus sincères.


Concernant les graphismes, l’auteur à un style particulier qui peut rendre certains passages très brouillons en particulier dans la première histoire où il est très difficile de distinguer aisément les différences physiques des deux protagonistes. Malgré ces petits défauts, au fil des pages, nous voyons la progression de l’auteur et une meilleure maitrise dans les traits des personnages. Quant à l’édition, elle est de bonne facture.


Ce premier recueil dévoile un certain potentiel de l’auteur Komatsu jusqu’alors inconnu. Globalement, il s’y dégage une certaine poésie et une authenticité quand l’auteur prend le temps de bien amener son intrigue sentimentale. Par contre, la brièveté de certains titres nuit vraiment à l’intérêt de l’œuvre.


Critique 1


En ce début d'année, une nouvelle artiste s'invite dans le catalogue boy's love des éditions Taifu Comics : Komatsu, avec Je pense à toi, un recueil de 4 histoires courtes qui est sont tout premier album relié. Publié en 2016 aux éditions Printemps Shuppan, Sorekara kimi wo Kangaeru, de son titre japonais, regroupe des récits qui furent d'abord prépubliés dans le magazine Canna (Hidamari ga kikoeru, Hebikuidori...). L'ouvrage a été nommé dans des classements japonais à plusieurs reprises : le Kono BK ga Yabai 2016 (Top 50 des titres les plus populaires), l'Osusume BL Comics 2016 (Top 10 des meilleures ventes)... Un succès fulgurant dans la carrière de cette jeune mangaka, qui lui a même permis d'être citée dans le Top 3 des meilleures nouvelles auteures aux Chil Chil BL Awards 2016. Les 4 histoires proposées sont des longueurs assez variables : respectivement 50, 14, 44, et 61 pages.


"Je pense à toi", qui offre son nom au recueil, nous plonge dans une petite ville morte du bord de mer, où il n'y a rien à faire. Depuis toujours, Takashi et Yasu, meilleurs amis du monde, tuent l'ennui ensemble. Mais au fil du temps, chez Yasu, l'amitié s'est transformée en un amour inavouable. Il n'a jamais pu le lui dire, et à l'approche de la fin du lycée, il risque de le regretter : pendant que lui se contentera de reprendre la petite boutique familiale, Takashi se donne à fond dans les études pour partir à l'université à Tokyo et quitter cette petite ville où l'ennui règne... 


"Le dernier ordre", la plus courte histoire du recueil, s'avère plus anecdotique de par sa brièveté, mais offre également une certaine vision de la séparation et un concept intéressant où deux jeunes hommes entretenaient un lien étrange, une sorte de rapport de dominant à dominé.


"Young Oh! Oh !" nous fait suivre Sako, un otaku qui, suite à un événement bouleversant où sa passion a été moquée, est resté traumatisé par les filles réelles. Depuis, il prend soin de rester éloigné d'elles, mais vu qu'il est plutôt mignon, cet éloignement le rend mystérieux, et donc encore plus séduisant auprès des filles... C'est suite à un malentendu pour éloigner l'une de ses prétendantes qu'il se retrouve à sortir avec Arai, un camarade du lycée que personne n'approche, car il est vu comme un voyou. Les copains de Sako commencent à se moquer du quiproquo qui s'est créé autour de cette fausse relation amoureuse, et Sako lui-même aimerait bien effacer très vite le malentendu, mais n'ose pas, car Arai, dans un premier temps, le terrifie. Pourtant, Sako va rapidement se rendre compte que derrière son allure de racaille, Arai prend la relation au sérieux, cache un coeur tendre, et l'accepte comme il est...


Enfin, "C'est avant l'aube qu'il fait le plus sombre", plus longue nouvelle du recueil, nous plonge dans les tourments de deux jeunes garçons amis d'enfance, Daisuke et Kaname. Ce dernier, pour qui la famille a toujours énormément compté, a peu à peu vu la sienne se détériorer. Une mère trop colérique, un père qui a fini par ne plus rentrer chez lui à cause de ça et par devenir infidèle, une petite soeur autrefois adorable et toujours gaie, mais qui a finalement mal tourné... si bien qu'aujourd'hui, les parents de cette famille éclatée vont divorcer. Kaname vit très mal la situation, ne veut plus rentrer chez lui, et pour soutenir cet ami qu'il a toujours secrètement aimé, Daisuke ne sait que faire et ressent un profond sentiment d'impuissance. Les jours difficiles s'enchaînent, mais leur lien pourrait en ressortir changé...


Brillant. Il est brillant de voir la manière dont Komatsu, en un nombre limité de pages, parvient à développer avec clarté des récits profonds et qui se suffisent parfaitement à eux-mêmes, à chacune de ses nouvelles. Enfin, si l'on excepte la deuxième, qui n'est qu'une petite friandise qui n'a pas le temps de développer grand-chose, mais dont l'ambiance est réussie. Dans les trois autres, on a pour point commun la jeunesse, celle de garçons un peu en perte de repères et qui ont besoin de se forger. Pour les amener là où elle veut, la mangaka joue sur des thèmes actuels et réalistes, qui nous parlent très facilement. Dans la première histoire, on a la question de l'avenir après le lycée, et des séparations qui peuvent en découler. Dans la troisième, il est question de ne pas se fier aux apparences, d'effacer la honte de soi, d'assumer ses passions, de faire fi du regard des autres, et de s'accepter. La quatrième met en avant la famille, la perte de repères quand celle-ci s'effrite, l'envie de tout foutre en l'air quand rien ne va plus. 


A chaque fois le déroulement s'avère très juste, en s'appliquant sans détour à faire ressentir les choses. Pour ça, Komatsu sait rendre attachants ses personnages, notamment en passant par différentes ambiances.


Celle du premier récit se veut très mélancolique, dans cette ville de bord de mer que l'on devine paisible, calme, beaucoup trop calme, et la mangaka y distille très bien la découverte du ressenti de Yasu tandis que le départ de Yasu se rapproche. En tant qu'ami, il se doit de le soutenir dans son désir de partir, mais il aimerait tellement le retenir, dans cette ville où il a toujours aimé vivre pour l'unique raison que l'élu de son coeur y était...


Bien que très courte, la deuxième histoire a pour elle un ton assez mature, qui colle bien aux personnages.


L'ambiance de la troisième histoire joue beaucoup sur deux choses : tendresse et humour. Le comique est plusieurs fois présent, ne serait-ce qu'au moment où le malentendu naît, et une vraie tendresse vient d'Arai, adorable sous ses allures de bad boy. Cela contrebalance subtilement la relative dureté des thèmes de ce récit.


La quatrième histoire change encore d'atmosphère en dépeignant une certaine errance des deux personnages principaux dans la ville, notamment la nuit. Le sentiment de perte de repères, de joie brisée et d'envie de fuir s'y ressentent bien.


Dans chacune d'elles, il y a une grande justesse d'écriture, afin de bien faire cerner l'évolution et le ressenti des personnages, qui apparaissent très crédibles. Difficile de ne pas ressentir les tourments de Yasu à l'idée que son ami et amour va s'éloigner, de Sako dans ses tourments, ou de Daisuke dans son sentiment d'impuissance.


A chaque fois, Komatsu renforce très bien les ambiances par le biais de ses visuels très soignés. La première histoire, entre autres, est visuellement magnifique, en offrant des moments de mise en scène et de découpages très soignés et poignants, et en utilisant bien les trames pour des jeux de lumière qui renforcent la mélancolie. Dans chacune de ses histoires, l'artiste offre souvent de très bons angles de vues, des designs assez fins et expressifs. Et les différents cadres sont bien représentés par des décors très présents quand il le faut sans être surchargés. Le travail sur les trames et parfois sur l'encrage leur confère suffisamment de profondeur et de richesse. Pour un premier recueil, c'est impressionnant.


Premier recueil de Taifu Comics en 2018, et première pépite en vue. Je pense à toi offre des histoires courtes maîtrisées, très juste, évoquant avec force de nombreux thèmes autour de la jeunesse et de ses tourments, dans des atmosphères très variées et toujours sublimées par les visuels. Dès son premier livre relié, Komatsu se présente comme une jeune artiste à suivre de très, très près.


Taifu nous livre une très bonne édition, qui séduit d'emblée avec sa jaquette mélancolique et son titre joliment écrit. A l'intérieur, on a une première page en couleurs, une qualité d'impression honnête, un papier bien souple et suffisamment épais, et une traduction très fluide et juste d'Isabelle Eloy qui sait bien faire ressortir le ressenti des personnages.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Einah

14 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs