Je ne suis pas un homme Vol.2 - Manga

Je ne suis pas un homme Vol.2 : Critiques

Ningen Shikkaku

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 06 Septembre 2011

Incapable de s'intégrer dans une société où il se marginalise, Yôzô Ôba poursuit sa déchéance, vivant aux crochets d'une mère de famille qu'il entretient sexuellement, puis d'illustrations pour des romans porno. Rien ne semble vraiment pouvoir le sauver, jusqu'à sa rencontre avec Yoshino Asai, une jeune vendeuse de tout juste 18 ans. Touché par l'extrême pureté de la demoiselle, Yôzô tombe pour la première fois de sa vie réellement amoureux et, à force de la fréquenter, cet amour devient rapidement réciproque. Sur un coup de tête, Yôzô la demande en mariage, celle-ci accepte. Un vie de couple commence tandis que la carrière de Yôzô décolle dans le milieu du manga. Tout semble enfin aller pour le mieux. Mais le drame peut toucher n'importe qui à n'importe quel moment, et un terrible coup du sort va s'abattre sur le couple et détruire définitivement les illusions de Yôzô...

Alors qu'on ne s'y attendait pas forcément, on assiste en début de tome à une amélioration de la vie de Yôzô, à partir de sa rencontre avec la charmante Yoshino. Mais pour autant, on continue de percevoir en filigranes les tourments de l'esprit du jeune homme, notamment via sa relation conflictuelle avec son ami Horiki. Une relation particulièrement réussie, difficile à cerner, où les deux hommes semblent se détester sous leur apparente amitié. Ou, tout du moins, c'est ce qui se dégage des pensées de Yôzô, car il reste quasiment impossible de savoir réellement comment Horiki considère notre héros, et c'est bien ce qui rend la psychologie de notre héros d'autant plus perturbante.

A travers ce genre de relation, on retrouve un Yôzô en meilleur état d'esprit, mais l'on sent bien que le moindre bouleversement de taille pourrait le faire chuter définitivement dans la paranoia et la folie. Et le bouleversement en question finit par arriver vers le tiers du tome, soudain et implacable, impossible à éviter, et la chute s'accélère alors à nouveau, occupant tout le reste du volume. Petit à petit, Yôzô chute, s'en prend à sa femme, sombre dans la drogue, et malgré quelques éclairs de lucidité le remettant vaguement sur le droit chemin de temps en temps, plus rien ne semble pouvoir le sauver, son physique reflétant son agonie psychologique: cheveux qui blanchissent, visage qui se creuse, coiffure non soignée....

Cette chute définitive, Usamaru Furuya nous invite donc à la suivre pendant environ 200 pages sur les 300 que compte ce dernier tome, et l'auteur témoigne, d'un bout à l'autre, d'un talent fou pour créer des atmosphères terriblement malsaines. Le trait, franc et expressif, n'épargne rien de la folie qui s'empare du jeune homme et des malheurs qui tombent sur Yoshino, tandis que le tout passe toujours par les pensées torturées de notre (anti)héros.

L'ambiance est là, happe totalement et rend la lecture étrangement addictive, le lecteur étant mal à l'aise face au plaisir de lecture qu'il prend à suivre l'histoire de la chute de Yôzô. Et pourtant, quelques points viennent ternir le dernier volet de cette excellente lecture. En effet, si le drame qui arrive à Yoshino et Yôzô vers le tiers du tome crée clairement son effet car présenté tel qu'il peut arriver dans la vraie vie, soudainement et sans qu'on puisse revenir dessus pour l'empêcher, on regrette tout de même que toute la suite du volume ne repose que sur ce bouleversement-ci. Alors que l'on se régalait de la quasi auto-marginalisation de Yôzô, il est dommage, ici, de voir que sa chute n'est plus due qu'à un seul événement, même si l'on a conscience que la faiblesse psychologique du jeune homme a le premier rôle. Mais cette impression est accentuée par une tendance chez l'auteur à rallonger la sauce, vers la fin, autour de la chute dans la drogue du jeune homme. Grâce à l'incursion dans les pensées de plus en plus folles et incohérentes de Yôzô, l'ensemble reste globalement un délice dans son genre, mais clairement, Furuya en fait trop à certains moments.

S'il possède des défauts, ce deuxième volume conclut Je ne suis pas un homme de manière percutante. Même si Furuya s'égare sur la fin en rallongeant la sauce, sa peinture pessimiste du monde et de certaines de ses tares (viol, drogue, marginalisation...), portée par des personnages jamais embellis et qui ont tous des faiblesses, font de l'ensemble une lecture intense, à découvrir avec curiosité


Koiwai


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs