Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 25 Août 2025
Déjà marquée par autant de nouvelles rencontres étonnantes que d'affrontements intenses, l'arrivée de Ginko à la capitale Avalon réserve encore un paquet de surprises à la jeune transfuge samouraï, dès lors que se dresse sur sa route Draclo. Notre héroïne a beau avoir aidé Vols face à la menace et avoir la sympathie de Gibril et de Miko, le "héros de la justice" ne peut ignorer ce qu'il a pu entrevoir sur elle et, surtout, l'odeur de sang humain qui se dégage de sa personne. Comment expliquer ça, alors que les combats entre humains ont disparu dans ce monde depuis plus de dix mille ans ? Terrifié face à cette "anomalie" qui échappe à la logique de ce monde, Dracol entreprend de la neutraliser, mais Ginko ne risque-t-elle pas d'y voir un de ces duels à mort dont, en tant que digne samouraï, elle est si éprise ?
Si l'affrontement du début de tome n'est qu'une formalité visant à entretenir plusieurs choses (le statut d'anomalie de Ginko dans ce monde, la frayeur qu'elle peut inspirer, la confiance que Miko garde envers elle...), ses conséquences restent intéressantes dans la mesure où cela va précipiter de nouvelles rencontres et découvertes décisives pour notre héroïne. Au gré de nouvelles rencontres à commencer par Silène, la reine d'Avalon qui a elle-même une personnalité un peu gratinée tantôt rigolote tantôt quand même un peu flippante, et de son arrivée à la guilde des héros, Ginko (et le lectorat par la même occasion) aura l'occasion d'en apprendre davantage sur l'histoire de ce monde, sur l'époque où les monstres le contrôlaient, sur l'émergence d'un héros pour guider les humains qui résistaient, sur l'extermination du roi démon, sur la naissance de la guilde des héros... Et même si, de ce côté-là, il n'y a pas la moindre petite bribe d'originalité (on n'échappera même pas à l'énième référence à Arthur Pendragon), c'est suffisant pour accentuer des enjeux où la nature particulière de Ginko devrait continuer d'être bien exploitée.
Cela, on le ressent constamment dès ce volume où, bien sûr, Keigo Saito continue de jouer à fond sur la mentalité de guerrière de la jeune fille. Ginko continue d'agir comme une samouraï, avec toutes les règles de conduite qui vont avec, le désir de mourir avec honneur au bout d'âpres combats, et les difficultés à voir où est le problème dans les combats mortels entre humains puisque c'était son quotidien dans son monde d'origine. Et inévitablement, de par ce tempérament totalement insolite dans cet autre monde, et même si elle a déjà sauvé plus d'une personne face aux attaques de monstres, elle ne peut que provoquer l'inquiétude d'une partie des gens qu'elle rencontre... et, en même temps, susciter l'intérêt de certains qui aimeraient bien exploiter ses exceptionnelles capacités de bretteuse pour lutter contre les menaces. Et Ginko étant ce qu'elle est, elle ne demande pas mieux !
A l'issue de tout ceci, c'est alors vers un arc assez ambitieux que semble nous diriger la dernière partie du volume, dans la mesure où notre héroïne pourrait vite se retrouver à affronter du très, très lourd en matière de monstre/démon. Et c'est d'autant plus intrigant que le mangaka prend déjà soin d'accentuer l'inquiétude autour de certaines menaces insondables, que ce soit au sujet d'une démone surpuissante et très vorace ou autour d'une certaine sorcière. A l'arrivée, derrière la facture extrêmement classique de cet autre monde jusque-là, la série continue de bien tirer parti du statut et de la façon d'être insolites de Ginko dans celui-ci, et entretient soigneusement des enjeux qui ne demandent qu'à se développer et à s'intensifier encore. C'est amplement suffisant pour que l'oeuvre conserve sa part d'unicité dans le vaste registre de l'isekai, et pour qu'elle continue de nous intriguer.