Inspecteur Kurokôchi Vol.18 : Critiques

Tandis que Seike, encore marqué par la mort de Midorikawa, se réveille petit à petit, l'heure est grave pour le terroriste de génie Kyôji Torio, pris au piège face à son "alter ego" Haida. Quant à l'enquête sur les Sakuragi père et fils, elle semble avancer timidement, malgré la détermination de la brigadière Yume Asaki. Pendant que tout ce petit monde s'agite, le lieutenant Kurokôchi, lui, continue de remonter la piste de son pire ennemi, Saruwatari... sans savoir que ce dernier, prépare déjà de nouveaux plans qui s'annoncent plus inquiétants qu'aucun autre auparavant...

C'est un fait, Takashi Nagasaki gère toujours aussi bien les multiples embouchures de son scénario, où tout continuer de se relier. A l'heure où il semble définitivement perdu, quel bilan de sa vie Torio fera-t-il, et surtout quelle ultime information pourra-t-il remettre à Kurokôchi ? Qu'en est-il de Sakuragi fils, et surtout où est passé son père, devenu ennemi public numéro 1 ? Quels sont les liens entre les différents attentats ? Voire, pire, entre l'assemblée du Cerisier, les "Quatre cents coups" et le Cerisier de Susanoo ?

La réponse qui, petit à petit, a commencé à se dessiner, tient en deux mots: Kazunari Sawatari, encore lui. L'infâme ancien gouverneur semble être la clé de voûte de nombreuses choses, le point liant, et pour parvenir à enfin le stopper Kurokôchi doit d'abord réussir à percer son mystère. Qui est réellement Sawatari ? D'où vient-il ? Quel est le secret autour de sa naissance ? Pourquoi est-il devenu ainsi ? Si le scénariste ne répond pas encore à tout, les premières esquisses de réponses s'avèrent captivantes, tant l'aura de mystère et d'effroi plane bien autour de cet homme odieux, sans doute voué à être le grand ennemi de la dernière partie de la série. Surtout, tout ceci permet aussi à Kurokôchi de continuer à briller dans ses coups fourrés, fricotant avec les pires individus possibles et manipulant habilement son monde. Fidèle à lui-même, le bonhomme continue d'avancer à sa manière, tel un ripou qu'il est, surfant toujours avec les limites de la loi voire les dépassant allègrement !

Et sans doute faut-il au moins ça pour parvenir à remonter jusqu'à Sawatari, car ce dernier prépare d'ores et déjà de nouveaux plans loin d'être mignons pour l'avenir du Japon voire d'autres pays. Il a beau avoir fait de la prison et avoir vu sa popularité s'effondrer, il a plus d'un tour dans son sac pour remonter la pente et préparer ses nouveaux sombres desseins, et à ce titre il reste un esprit avisé, intelligent... et donc d'autant plus dangereux.

Dans tout ça, Takashi Nagasaki renoue un peu plus avec son exploitation des faces sombres des dernières décennies au Japon, en évoquant notamment les complots de l'armée impériale dans l'après-guerre parmi bien d'autres choses qui ne s'arrêtent d'ailleurs pas au Japon. Mieux, l'auteur parvient même à surfer habilement sur certains faits récents comme le Brexit, et à raccrocher tout ça à certaines constatations contemporaines (comme le regain de colère des pauvres et "ignares" face aux riches) et stratégies politiques.

La lecture reste donc très addictive, et donne fortement envie de lire au plus vite la suite.