Immortalité et Châtiment Vol.1 - Actualité manga
Immortalité et Châtiment Vol.1 - Manga

Immortalité et Châtiment Vol.1 : Critiques

Fushi to Batsu

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 31 Octobre 2024

En ce dixième anniversaire de leur existence en tant qu'éditeur à part entière, les éditions Akata nous proposent de retrouver en France Kentarô Satô, le mangaka avec lequel elles avaient brillamment inauguré en 2014 leur iconique collection WTF?! via la série Magical Girl of the End. C'est à nouveau dans cette collection que l'auteur revient avec sa dernière série en date Immortalité & Châtiment, une oeuvre qui suit son cours au Japon depuis 2021 dans le magazine mensuel Bessatsu Shônen Champion d'Akita Shoten sous le titre "Fushi to Batsu" (dont le titre français est une traduction fidèle). Et il ne pouvait pas y avoir meilleure date que le 31 octobre, jour de Halloween, pour lancer ce manga dans lequel le mangaka délaisse les magical girls barrées pour, cette fois-ci, revisiter à sa manière le classique sujet de l'apocalypse zombie !


Tout commence dans une chambre de love hotel où un jeune homme se faisant appeler "Minato" tente de passer à l'acte avec la femme à qui il a fait appel, en vain: malgré ses efforts, cela fait longtemps qu'il est devenu incapable de bander. Ce souci personnel devient toutefois vite secondaire quand, après avoir pris sa douche, il constate que sa partenaire s'est éclipsée avec son argent et son portefeuilles. Mais et si cet événement avait, en réalité, permis à Minato d'échapper au pire ? En effet, à la télévision, on parle d'un homme ayant été soudainement mordu par une femme, cette dernière ayant été abattue... avant de se relever, à l'instar de l'homme mordu. Vous connaissez la suite: en un rien de temps, les victimes se multiplient jusqu'à ce qu'une véritable pandémie zombie gagne tout Tôkyô, contraignant la maire à décréter le confinement d'urgence. Cela tombe bien pour Minato qui, à l'heure où le Japon tout entier semble petit à petit s'effondrer face à cette catastrophe, attendait la mort depuis longtemps... sans pour autant pouvoir se résoudre à succomber, car il se doit de vivre pour expier les péchés qu'il a commis autrefois...


On le sent dès les premières pages: c'est un récit aussi violent qu'implacable qui nous attend. Violent, car les zombies à la sauce Satô sont de ceux qui sont hyper vifs, rapides et très agressifs, en ne laissant quasiment aucune chance à leurs proies de s'échapper... d'autant plus que rien ne dit que la contamination se fait uniquement par morsure. De ce fait, le dessinateur ne lésine pas sur les représentations de morts-vivants terrifiants (d'autant qu'il propose un paquet de gros plans), ni sur les scènes de massacres, de déchiquetages et autres "repas" dont les victimes encore humaines font copieusement les frais. Et implacable, car le mangaka met en scène cette épidémie galopante de façon assez chirurgicale et même avec une certaine froideur, surtout lors des scènes où, depuis la chambre du love hotel dont il ne compte aucunement sortir, Minato observe de haut, par la fenêtre, les carnages qui se déroulent dans la rue.


Cette froideur naturellement malaisante voire dérangeante, elle colle bien à la principale particularité de ce début d'histoire, à savoir la nature même de Minato. Satô le fait bien sentir dès les premières pages: son personnage a un passé trouble voire abject, et cela se confirme rapidement dès que l'on découvre ce qu'il a pu faire dans son adolescente. C'est précisément ce passé impardonnable qui, encore aujourd'hui, le hante jusqu'à avoir des visions marquantes, le fait se ronger de l'intérieur par son sentiment de culpabilité et par son impression qu'il n'a pas le droit de mourir si facilement, tant les crimes qu'il doit expier sont lourds. Il y a alors de quoi se demander comment cet anti-héros torturé évoluera dans ce contexte apocalyptique, d'autant pus qu'il n'est pas le seul survivant dans ce love hotel: en installant déjà quelques autres figures secondaires tantôt attachantes tantôt flippantes tant elles sont froides, Satô commence à questionner une humanité qui, avant même l'apocalypse zombie, avait peut-être déjà perdu une bonne partie de son âme...


Derrière un récit de zombies très efficacement mis en scène avec une froideur clinique ainsi qu'avec beaucoup de violence marquante, Kentarô Satô esquisse donc petit à petit quelque chose d'un peu plus profond sur l'âme humaine et sur certaines de ses faces les plus sombres, à travers des personnages largement intrigants. Il s'agit d'une entrée en matière rondement menée !


Côté édition, enfin, on a droit à une très bonne copie: la jaquette reste très proche de l'originale nippone, le logo-titre de Tom "spAde" Bertrand est bien conçu, le papier est bien épais et globalement assez opaque, le travail de lettrage de yoske-san est soigné, et la traduction effectuée par Olivier Malose est claire et bien dans le ton de l'oeuvre. Notons enfin que, pour bien porter ce lancement, Akata propose, parallèlement à l'édition régulière, une édition collector qui, avec ses deux ex-libris et surtout son masque zombie (un goodies plus original), devrait en satisfaire quelques-uns.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs