Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 09 Juillet 2008
Dans un premier temps édité par Glénat, I’ll Génération Basket n’eut pas le succès escompté, resté trop longtemps dans l’ombre de son concurrent direct : Slam Dunk de Takehiko Inoue. La maison d’édition dut alors annoncer l’arrêt de la série, au bout de 8 volumes, laissant les fans sur leur faim. Depuis, Tonkam a courageusement repris le flambeau, et est parvenu au bout des 14 volumes qui composent cette série. Mais encore une fois, le succès n’était pas vraiment au rendez-vous pour un shonen sportif.
Pourtant, I’ll est un manga très prometteur, dont le premier opus regorge de qualités indéniables. En effet, si au niveau du basket pur, ce premier tome ne soutient pas la comparaison avec Slam Dunk (encore que le tome introductif de ce dernier manquait lui aussi de phases de jeu), c’est dans le domaine extra-sportif qu’I’ll peut faire valoir ses arguments.
Malheureusement, il est vrai que de loin, I’ll ne paraît pas si extraordinaire. Graphiquement, c’est tout à fait correct, Hiroyuki Asada maîtrise son sujet. Néanmoins son trait est bien trop classique pour se distinguer de la masse, et n’est pas, à lui seul, un argument valable à l’acquisition de cette série, comme le pourrait être le graphisme d’Eye Shield 21 ou des derniers opus de Slam Dunk.
De même pour la mise en page, qui souffre pour l’instant d’un manque d’ingéniosité et donc de dynamisme. On aurait effectivement apprécié, durant les matchs, un découpage plus vif, et beaucoup moins passif.
Mais mis à part ces semi défauts, ce premier tome s’avère être plus que prometteur, grâce à un scénario soigné, à des personnages attachants, et à un humour discret mais bien amené.
La grande force d’I’ll est pour l’instant ses protagonistes principaux. Le premier, Akane Tachibana, est un garçon assez égocentrique, souvent solitaire, et qui s’est forgé de lui-même, sans ne compter sur personne d’autre que lui-même. Ces traits de caractère peuvent faire de lui un personnage antipathique au premier abord, mais cette carapace tombe bien vite, et l’on découvre un jeune garçon sensible, respectueux et qui attache beaucoup d’importance à la justice et aux valeurs morales. Le second, Hiiragi Hitonari, est sans aucun doute l’un des personnages dont la personnalité est la plus complexe du manga. Très introverti, il parle peu, et préfère la solitude à l’amitié. En ce sens, il ressemble beaucoup à Akane, du fait de son caractère difficile et de son manque de sociabilité. Mais encore une fois, ce n’est qu’une façade, et sa rencontre avec Tachibana va le dévoiler au grand jour : c’est quelqu’un qui ne demandait qu’à être compris (ce que fait Tachibana), et pour qui le basket est un moyen de s’émanciper de sa famille, un moyen de communication, et un vecteur d’amitié.
Mis à part ces deux personnages principaux, d’autres intervenants prennent part à l’histoire, comme Sumire, la seule amie d’Akane, le capitaine suppléant Kanemoto ou encore la coach Minefuji, qui apportent à l’ensemble de l’humour et de la poésie (surtout Sumire pour l’onirisme). Bref, j’ai déjà hâte de découvrir les 2 prochains joueurs du 5 majeurs, qui, je pense, ne tarderont par à faire leur apparition dans les prochains tomes.
L’édition de Tonkam est, elle, loin d’être irréprochable. Le prix est attractif (5,95€), mais l’édition en pâtit quelque peu : papier assez rigide, format rétréci, jaquette trop grande par rapport au bouquin … Heureusement Tonkam se rattrape au niveau de l’impression, de la traduction, et par la prise de risque non négligeable que représente le fait de réimprimer une série stoppée par Glénat lui-même quelques années auparavant. Rien que pour ça, je pense que nous pouvons les remercier, d’autant plus qu’au vu de ce premier opus, I’ll Génération Basket mérite amplement sa place aux côtés de Slam Dunk dans votre collection.