Ile de Hozuki (l') Vol.1 - Actualité manga

Ile de Hozuki (l') Vol.1 : Critiques

Hoozuki no shina

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 07 Juin 2016

Critique 1

Une silhouette inquiétante, un titre mystérieux en lettres rouge sang, le tout sur un fond totalement dominé par le noir: la couverture de ce premier tome de L'île de Hôzuki annonce la couleur: le nouveau titre des éditions Ki-oon, une nouvelle fois tiré du riche catalogue de Square-Enix, fait dans l'horrifique et le mystérieux. Vous voilà prévenus...

Abandonnés par leur mère, Kokoro, 10 ans, et Yume, se jeune soeur aveugle de 5 ans, sont envoyés dans un centre de réadaptation sur l'île de Hôzuki. Mais quelle n'est pas leur surprise, une fois arrivés sur place, de découvrir que leur nouveau foyer ne compte que quatre autres élèves, pour autant de professeurs. Les deux enfants se font à leur nouvelle vie, mais petit à petit, de nombreux mystères et dangers font leur apparition. Les langues ne tardent pas à se délier, et les autres enfants les mettent en garde: quoiqu'il arrive, il ne faut jamais faire confiance aux adultes de l'île. Enchaînant les disparitions, les morts et les visions fantomatiques, l'île de Hôzuki semble receler plus d'un mystère, plus d'un danger...

Kei Sanbe n'est pas tout à fait un inconnu en France. Déjà auteur de Testarotho et Kamiyadori, le mangaka nous offre ici une entrée en matière des plus convaincantes, où il fait preuve de tout son talent pour faire monter crescendo la tension. Cela passe en premier lieu par l'instauration, petit à petit, d'une ambiance mystérieuse et malsaine parfaitement maîtrisée. Peu à peu, l'auteur laisse entrevoir les différentes énigmes de l'oeuvre, sans jamais y apporter la moindre réponse. Que sont donc ces mystérieuses disparitions dont parlent les enfants ? Quel rôle ont les adultes ? Sont-ils tous réellement des ennemis ? Quid du fantôme de la jeune femme qui hanterait l'île ? Peu à peu, des éléments de réponses apparaissent, apportant d'autres mystères tout aussi inquiétants, voire plus inquiétants encore. Des nouvelles pistes apparaissent, mais jamais rien n'est sûr, et à l'instar des enfants, le lecteur, complètement perdu, enchaîne les hypothèses à tâtons, sans jamais vraiment savoir où il va, sans savoir ce qui est vrai, ce qui est faux.
Les interrogations se font encore plus grandes lorsque se dévoilent, à travers les prises de renseignements de mademoiselle Kai, nouvelle professeur sur l'île, les passés pour le moins glauques des différents enfants de l'île. Le doute en est décuplé: Quel est l'objectif des adultes ? Les enfants ont-ils raison de douter ? N'est-ce ici que simple paranoia ? Les enfants eux-mêmes sont-ils vraiment innocents ?

La véritable force de Kei Sanbe réside sans doute dans sa capacité à nous faire vivre les évènements à travers les yeux des enfants, surtout de Kokoro, le nouveau venu, qui découvre tout en même temps que le lecteur. L'identification du lecteur au personnage n'en est que plus réussie.
Les protagonistes sont eux aussi parfaitement maîtrisés: en dehors des enfants, les professeurs sont tout aussi intéressants. Dans ce premier volume, deux d'entre eux se détachent particulièrement: Kuwadate, effrayant, a tendance à laisser parler ses pulsions douteuses envers l'une des élèves ou même envers mademoiselle Kai. Par ailleurs, cette dernière est elle aussi on ne peut plus intrigante. Elle aussi nouvelle sur L'île, elle se pose donc comme l'équivalent adulte de Kokoro. Mais la jeune femme est-elle totalement innocente ? Rien ne vient la remettre en cause dans ce premier tome, mais au vu de toutes les incertitudes que l'auteur pose dès ce volume 1, on peut facilement avoir des doutes sur elle aussi.

Le coup de crayon est convaincant. Dynamique et expressif, l'ensemble est doté d'une mise en scène sachant faire ressortir toute la tension et le mystère. Seul bémol: des scènes de fan-service inutiles: plans sur les fesses de Hatsune ou la poitrine de mademoiselle Kai, scènes de nu, etc... Le tout n'en est pas pour autant omniprésent et ne casse pas le rythme, d'autant que les écarts sexuels de Kuwadate viennent offrir une autre dimension à cet aspect de l'oeuvre qui, espérons le, ne sera finalement pas qu'un prétexte à un peu de fan-service.

Indéniablement, ce premier volume de L'île de Hôzuki est une bonne surprise. Oppressants à souhait, les nombreux mystères, incertitudes et éléments horrifiques s'enchaînent en laissant présager une suite surprenante.

Traduction impeccable, adaptation et lettrage convaincants, première page en couleurs: l'édition de Ki-oon est, comme toujours, de qualité. Un petit bémol malgré tout: si l'éditeur s'est également taillé une excellente réputation pour sa qualité d'impression, il faut malheureusement constater que le récent changement d'imprimeur voit la qualité baisser légèrement de ce côté-là. Mais rien d'insurmontable: le travail effectué reste supérieur à ce qu'on peut voir chez plusieurs autres éditeurs.


Critique 2

Abandonnés par leurs parents, Kokoro et Yume sont envoyés dans un centre de réadaptation situé sur l’île de Hozuki, lieu égaré et difficilement accessible. Rapidement, ils découvrent leur nouveau cadre de vie, certains tuteurs étant chaleureux et d’autres plus effrayants… Mais en se liant d’amitié avec les autres élèves, au courant d’un terrible secret entourant l’île, nos deux héros vont vite déchanter. Bien des mystères entourent les lieux mais le plus grand ennemi de cette troupe d’enfants semble être… le groupe d’adultes lui-même. Petit à petit, Kokoro et Yume vont connaître les clefs du mystère, et elles font froid dans le dos. Alors, rester sur l’île de Hozuki leur est impossible…

Éditée en 2008 au Japon puis en 2010 en France chez Ki-oon, L’Île de Hozuki est la première œuvre que nous ayons connu de Kei Sanbe, un auteur qui restera chez l’éditeur et qui a gagné une sacrée notoriété depuis 2015 grâce à son thriller fantastique, Erased. Mais c’est par l’épouvante que nous avons connu le mangaka quelques années auparavant. Editer la présente série semblait plutôt juste pour Ki-oon qui commençait à séduire un large public avec des titres à sensation comme les œuvres de Yoshiki Tonogai, il était donc tout naturel de voir une œuvre courte et de ce registre paraître chez l’éditeur. Quelques années avant Erased, Kei Sanbe proposait donc un récit d’horreur, il est donc naturel d’être curieux de voir comment le mangaka s’en est sorti sur ce registre. Et petite surprise puisque les éléments proposés par ce premier volume de L’Île de Hozuki sont forts convaincants.

Ce premier tome démontre que L’Île de Hozuki réunit tous les ingrédients d’un thriller efficace. Partant de personnages meurtris par leur passé et présentant une situation calme de prime abord, les pages se tournent pendant que les mystères autour de l’île s’épaississent. Le récit, court de quatre volumes, ne perd donc pas de temps et plante vite son décor. Rapidement, la machination des adultes est présentée et crée un climat d’horreur palpable à travers une menace tangible. Mais à côté de ça, le scénario fait aussi germer une ambiance fantastique en faisant intervenir des éléments surnaturels, discrets mais suffisamment bien utilisés pour créer une certaine tension mais aussi moult questionnements chez le lecteur. L’intrigue de Kei Sanbe a donc encore beaucoup à nous dire mais pour le moment, cette série à suspense fait son effet et ne manque pas de créer de la curiosité pour quiconque entre facilement dans le récit.

L’Île de Hozuki a aussi la particularité de planter assez efficacement une palette de personnages, tous étant répartis en deux camps distincts. D’un côté, les enfants quels qu’ils soient sont présentés comme les héros de l’intrigue, ceux qui subissent une menace et qui devront s’en défaire, ayant les adultes comme unique menace, une recette vue plusieurs fois dans la fiction d’horreur comme le très populaire « Ça » de Stephen King. Ces adultes sont ainsi présentés comme des ennemis, des tortionnaires, mais si ce premier tome dresse assez subtilement un double-portrait d’eux. Pour quelques-uns de ces adultes, c’est à la fois les portraits de criminels mais aussi ceux de simple tuteurs dénaturés par l’esprit d’une bande d’enfants qui sont dressés. Mais progressivement, la série opte pour une parti-pris, un choix entre des deux tableaux, orientant toujours plus l’œuvre vers la série horrifique.

Notons aussi que Kei Sanbe, fort de ses précédents travaux sur des œuvres coquines, présente à plusieurs reprises le peu de personnages féminins dévêtues. Quand il s’agit d’Hatsune, enfant et amie de Kokoro, difficile de croire à de la simple perversité puisque l’auteur utilise cette nudité comme un élément narratif afin d’accroître l’horreur et la vision diabolique que les enfants ont des adultes, une vision s’étendant jusqu’au lecteur. Mais concernant le professeur Yukino Kai et ses tenus moulante, difficile de croire que le mangaka n’a pas simplement voulu nous faire plaisir aux yeux…

Le dessin de Kei Sanbe est reconnaissable entre mille, un peu trop même, si bien que ceux qui ont aussi lu Erased seront surpris par la ressemblance sans faille entre les personnages des deux œuvres, au point que la plupart des figures de L’Île de Hozuki peuvent être assimilées à la récente série du mangaka. Outre ce manque d’inspiration pour le design des personnages, force est de constater que par son utilisation du trait noir et de la mise en scène, Kei Sanbe sait appuyer la tonalité stressante de son œuvre, servant parfaitement son ambiance.

L’édition de Ki-oon, elle, est sans fausse note, fidèle aux qualités que l’on reconnait à l’éditeur tant dans la traduction du texte que dans la conception du volume. Pour notre adaptation française, c’est David Le Quéré qui a mis la main à la patte, ce dernier fournit ainsi une version francophone sans fausses notes.

L’Île d’Hozuki n’est pas vraiment la série qui aura marqué la carrière de Kei Sanbe. Pourtant, ce premier tome s’avère très efficace grâce à l’habile utilisation des éléments classiques du genre, développant un scénario suffisamment mystérieux pour nous pousser à suivre la série dans son ensemble.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

15 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs