Icare - Actualité manga

Icare : Critiques

Icaru

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 23 Février 2009

L’événement était très attendu par les lecteurs de BD franco-belges initiés au manga et ils ont pu être un peu déçus. Moebius est perçu comme un pur génie en matière de SF européenne et un des plus éminents dessinateurs de l’histoire de la BD doté d’une double identité graphique quasi-schizophrénique pas secrète du tout. (Il signe également la série western « blueberry » dans un style graphique très différent de son style « moebius »).
Taniguchi, grand illustrateur naturaliste et contemplatif, fort apprécié des lecteurs de seinen comme des lecteurs adultes de franco-belge est d’une modestie presque dérangeante face à l’accueil qu’il obtient chez nous (mais compréhensible face au quasi anonymat qu’il connait chez lui.). La rencontre de deux talents de ce niveau pouvait donner le meilleur ou le pire selon sa synergie.
En des temps de grandes perturbations où des humains sont conçus in-vitro, né un garçon qui a la capacité innée de voler. L'enfant soumis rapidement à la recherche scientifique est vu comme une arme potentielle contre les contestataires antis in-vitro devenus littéralement des hommes-bombes. Le garçon, baptisé ICARE, a grandit et s'éprends d'amour pour Yukiko. Cet amour va l'inciter à quitter sa cage dorée...
Même sous les multiples remaniements du scenario et jusque dans le découpage de Taniguchi, on retrouve la patte de Moebius dans ses préoccupations anti-eugéniques et sa contestation de l'ordre établi. Certaines figures archétypales de l’univers de Moebius se retrouvent à peine modifiées sous la plume de Taniguchi de façon amusante (ou énervante, selon l’humeur)
Sans que je puisses déterminer l'influence d'Annestay (longtemps collaborateur de Moebius lors de son incursion américaine et auteur "des mystères de l'incal" qui décortique la saga mythique de John Difool.) a lui aussi apporté une structure aux idées jetées par Moebius. Il suffit d’y voir l’organisation et la succession des événements forts proches en densité de ses autres travaux.
Taniguchi, pour sa part, illustre très humblement l'histoire sans qu'on ait l'impression qu'il en fasse réellement sa "chose". C’est bien du Taniguchi en surface. On y gagne en minutie mais on y perd sur le découpage qui manque de nervosité (dans les scènes d’action en fin de volume).
L'histoire destinée à l'éditeur Kodansha pour le magazine morning n'a pas eu (comme la plupart des projets européens et américains publiées) le succès escompté.
Icare réduit à ce préliminaire d'histoire a du attendre la publication, relativement confidentielle, en volume relié (par Bijutsu) pour obtenir un succès d'estime international.
La possibilité d'une suite est plus qu'improbable malgré les 15 volumes envisagés à une époque par Moebius. Il reste une ébauche d'histoire bien conçue mais ne sortant pas de l'ordinaire de la production Moebiusien et une étrange rencontre un peu distanciée entre 2 grands maitres de la BD contemporaine.

A lire pour les fans de s-f à la Moebius ou pour les fans absolus de Taniguchi.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
neun11septembre
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs