I am a Hero Vol.2 - Actualité manga
I am a Hero Vol.2 - Manga

I am a Hero Vol.2 : Critiques

I am a Hero

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 27 Avril 2012

Loser invétéré, recroquevillé sur sa vie médiocre, Hideo Suzuki n'a guère prêté attention aux nombreux éléments annonciateurs d'événements apocalyptiques, mais le voici confronté à la dure réalité quand, allant rendre visite à sa copine Tekko, il se retrouve nez à nez avec une jeune femme métamorphosée, complètement désarticulée, les veines apparentes, et luttant contre elle-même pour ne pas tuer son chéri...

Les dernières pages du volume 1 ne laissaient aucun doute : nous voici plongés dans le vif du sujet, en même temps que Hideo se retrouve confronté directement, pour la première fois, à l'horreur de la situation. Il se retrouve donc aux prises avec Tekko pendant plusieurs dizaines de pages qui sont l'occasion pour lui et pour le lecteur de voir de près, pour la première fois, l'un de ces personnages atteints d'un mal énigmatique les zombifiant. Et plusieurs choses frappent, apportant une ambiance indescriptible, à la fois malsaine et décalée, qui sort du lot.
Ainsi, alors que la situation est critique pour Hideo, la lutte de Tekko contre ses pulsions, contre elle-même, tend à offrir des scènes semblant sortir d'ailleurs. Ainsi, par exemple, se retrouve-t-elle encastrée dans sa porte d'entrée, tentant désespérément, misérablement, de mordre Hideo, puis de le sauver lorsque d'autres créatures s'approchent de lui.
Le relatif ridicule de certains situations est encore renforcé par le parti prix visuel de Kengo Hanazawa dans la peinture de ces êtres zombifiés, sortes de pantins désarticulés, capables de se contorsionner dans tous les sens au point d'adopter des positions totalement étranges.
Enfin, ce qui frappe une nouvelle fois, c'est la passivité totale de Hideo. Le passage avec Tekko s'étire, devient de plus en plus malsain et ubuesque au fil de la lutte de la jeune femme contre elle-même, tandis que Hideo, de son côté, enchaîne les paroles et les gestes décalés par rapport à l'horreur de la situation, comme s'il refusait encore celle-ci en bloc et préférait continuer de s'enfermer dans sa coquille.

Et grosso modo, la suite du volume est de la même trempe. Hideo s'enfuit, erre dans la ville, autour d'être devenus fous et complètement déformés qui sont autant de nouvelles preuves d'une situation ubuesque, tant Kengo Hanazawa se fait plaisir en maltraitant physiquement les victimes. Et pour offrir un décalage toujours plus fort, le mangaka ne s'arrête pas là, puisque ses zombies possèdent une bien étrange faculté, les rendant apparemment capables de garder en tête certaines expressions tout à fait humaines. Vous pourrez donc, entre autres, voir le propriétaire zombifié courser notre héros en s'écriant "le loyer !"... Effet garanti. La façon qu'a l'auteur de dépeindre les zombies est définitivement originale.

Ainsi se poursuivent les aventures de Hideo, dans un volume où il n'évolue que très peu, et où l'on peut trouver le temps long si l'on ne se laisse pas happer par l'ambiance. Notre héros continue de croiser sur sa route des vieilles connaissance zombifiées ou non, comme Mitani ou Mi-chan, certaines de ces retrouvailles étant l'occasion pour Kengo Hanazawa de revenir sur certains éléments qu'il avait commencés à aborder dans le tome 1. Ici, via Mitani, c'est principalement le cas du manga, et il faut avouer que s'il est assez étrange de voir un tel sujet revenir alors que les personnages vivent une crise totale, la démarche de l'auteur n'est pas inintéressante dans la façon qu'il a de dépeindre chez les mangakas des êtres un coupés du monde, enfermés chez eux pour travailler, et ne rencontrant donc personne qui soit susceptible de les contaminer.
La présence de Mitani est également celle qui commence réellement à ouvrir les yeux à Hideo : les paroles de cet homme déclarant qu'il se sent en vie pour la première fois semblent trouver un écho chez notre personnage principal, et nul doute qu'il en prendra conscience par la suite, comme le laissent deviner les dernières pages, où il prend enfin un peu conscience de tout ce qui vient de se passer. Et nul doute que tout ne fait que commencer pour lui, car une chose paraît certaine : celui qui était il y a encore quelques heures un être médiocre, enfermé dans sa paranoia, semble être désormais le mieux armé pour s'en sortir.

Visuellement, Kengo Hanazawa conserve cette patte faite de réalisme, où viennent s'ancrer les situations ubuesques déjà évoquées. Ce qui marque également, c'est une mise en scène capable d'être particulièrement grandiose quand il le faut. Si l'ensemble est constamment dynamique et fait parfaitement ressortir l'ambiance, certaines scènes laissent complètement abasourdi tant elles sont parfaitement découpées pour faire ressortir le surréalisme de la situation. C'était déjà le cas des dernières pages du volume 1, ça l'est encore plus lors des doubles-pages impressionnantes de la scène de l'avion, qui ne laisseront personne indifférent.

Petit à petit, I am a Hero impose son style, son ambiance, son parti pris totalement uniques, et que l'on y accroche déjà totalement ou pas encore, force est de constater que cette lecture ne laissera personne indifférent. Kengo Hanazawa nous promet ici une série unique en son genre, dont on découvrira la suite avec beaucoup de curiosité. Dans tous les cas, le choix des éditions Kana de sortir simultanément les deux premiers volumes était ici très judicieux, le premier opus n'étant qu'une longue introduction. 


 


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs