Hôzuki le stoïque Vol.1 - Actualité manga
Hôzuki le stoïque Vol.1 - Manga

Hôzuki le stoïque Vol.1 : Critiques

Hôzuki no reitetsu

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 19 Avril 2022

Le moins que l'on puisse dire, c'est que depuis leur arrivée dans le manga en fin d'année 2020, les éditions Noeve Grafx n'ont déjà cessé de surprendre en bien, que ce soit en se lançant avec une chef d'oeuvre aussi atypique que Veil, en osant proposer des bijoux trop longtemps boudés dans notre pays comme Welcome to the Ballroom, et relançant la mangaka culte Yumi Tamura (bien trop méconnue dans notre pays depuis de nombreuses années) avec l'excellent Don't Call it Mystery... Et pour 2022, l'éditeur affiche des ambitions dingues (on pourrait même dire démesurées, a vu du nombre d'annonces si élevé qu'il sera impossible de suivre la cadence), parmi lesquelles le lancement, en ce mois d'avril, d'une nouvelle collection aussi intrigante que maligne, notamment parce qu'elle va à contre-courant du marché actuel en cassant les prix pour faire connaître dans notre langue des oeuvres souvent longues et réputées qui, sans ça, ne seraient sans doute jamais arrivées chez nous.

Cette collection, nommée XS, visera donc à enfin faire découvrir des séries parfois cultes, mais si particulières ou si longues que leur succès en France n'était pas garanti. Et pour ce faire, l'éditeur a pu négocier avec les ayant-droit japonais (en l'occurrence l'éditeur Kôdansha pour toutes les 9 premières séries concernées en cette année 2022) afin de concevoir une collection à petit prix: chaque tome coûte ainsi seulement 3,95€, sans limite dans le temps ! Pour ce faire, Noeve propose une fabrication sans jaquette, mais dont les couvertures ont des rabats, et avec un papier restant suffisamment qualitatif. L'éditeur promet aussi la présence des pages couleur des éditions japonaises quand il y en a, des effets de vernis sélectif sur les couvertures, et une impression recto verso de la couverture pour ne rien perdre des visuels de l'édition nippone. Enfin, les habituelles cartes Noeve Grafx (marque de fabrique de l'éditeur) seront, pour les séries de la collection XS, disponibles via l'échange de points de leur site Internet. Et autant le dire clairement: la qualité est largement là pour seulement 3,95€ ! Avec une conception soignée, un vernis sélectif attirant l'oeil, une maniabilité rendue excellente par la souplesse du papier opaque, et une qualité d'impression de fort bonne facture, Noeve a su rogner sur les choses moins essentielles (la sur-jaquette en tête) pour se faire plaisir et nous faire plaisir.

Pour la première salve de trois titres lancée en ce printemps, l'éditeur nous invite ainsi à découvrir la fresque SF Coppelion (déjà bien connue en France pour son anime, et que l'on doit à Tomonori Inoue, l'auteur du très chouette manga d'action pulp Candy & Cigarettes), la tranche de vie fantastique Elegant Yokai Apartment Life (qui a aussi eu droit un anime), et, enfin, la série qui nous intéresse aujourd'hui: Hôzuki le stoïque, oeuvre longtemps attendue, et plus connue sous son nom d'origine Hôzuki no Reitetsu. Riche de 31 volumes et de 2 artbooks, cette série signée Natsumi Eguchi fut prépubliée de 2011 à 2020 dans le magazine Morning de Kôdansha. Elle a été popularisée à l'international par une première saison animée en 2014 et une deuxième saison en 2017, celles-ci ayant été diffusées en France sur Crunchyroll et ADN. Ce manga fut nominé pour les Manga Taishô Awards 2012, et a remporté le 52e Seiun SF Award dans la catégorie Manga en 2021.

Cette série nous immisce dans l'Au-delà, composé des Paradis et des Enfers. "Des", oui, car il y en a plusieurs. Et pour faire régner l'ordre au seins des huit Enfers Majeurs et des huit Enfers Glacés, qui de mieux que Hôzuki ? Premier assistant du Grand Roi Enma, cet oni est réputé pour sa capacité à abattre un travail colossal avec stoïcisme, mais aussi avec une pointe de sadisme parfois...

Nous faisant directement entrer dans le vif du sujet, cette comédie suit globalement un schéma simple, où chaque chapitre reste globalement indépendant en nous faisant suivre l'une ou l'autre des péripéties de Hôzuki et de son entourage, un entourage qui s'installe efficacement au fil des pages, avec notamment un Grand Roi Enma qui prête souvent à sourire (il a beau être le supérieur de Hôzuki, il apparaît bien moins travailleur et bien moins puissant que son assistant), ou encore un Shiro en brave toutou à qui il est difficile de résister.

Pour schématiser, on pourrait dire que l'oeuvre, pour le moment, fonctionne un peu à la manière des Vacances de Jésus et Bouddha, excellente comédie de Hikaru Nakamura qui suit son cours en Fance aux éditions Kurokawa depuis déjà plusieurs années. Avec un humour tantôt absurde et décalé, tantôt un peu noir, et souvent bourré de références et de clins d'oeil, Natsumi Eguchi nous invite notamment à (re)découvrir aussi bien des nombreux éléments folkloriques/mythologiques de différentes cultures (mais essentiellement japonaises, avec notamment un excellent détournement du conte de Momotarô dès le départ) que de purs symboles de notre culture pop et moderne (allant de Sadako de Ring à Lamu). Et pour poursuivre la comparaison aux Vacances de Jésus et Bouddha, on a ici aussi un volume court en terme de nombres de pages (on atteint un peu plus de 120 pages ici), mais où on en a pourtant pour notre argent grâce à des dialogues assez nombreux et finement ciselés pour frapper juste (d'autant que la traduction d'Anaïs Fourny fait vraiment bien son office), aux assez nombreux petits blablas enrichissants de la mangaka (que ce soit entre les chapitres ou dans sa longue postface), et à quelques suppléments vraiment bienvenus: quelques illustrations en noir et blanc, une version du conte de Momotaro sur deux pages... sans oublier le chapitre spécial de 15 pages "Echos infernaux et autres curiosités", que l'on peut considérer comme un "chapitre 0" de l'oeuvre et qui a permis à l'autrice de recevoir le prix d'excellence du 57e prix Tetsuya Chiba.

A l'arrivée, tout comme pour le très chouette anime, Hôzuki le stoïque dans sa version manga d'origine, c'est un grand oui ! D'emblée, Natsumi Eguchi distille un humour ultra-référencé, nous faisant notamment découvrir ou redécouvrir nombre d'éléments folkloriques, mythologiques ou de culture pop sous un angle décalé assez savoureux, le tout par le prisme de personnages déjà délectables. Si vous êtes friand de ce type d'humour, il n'y a aucune raison de ne pas laisser sa chance à l'oeuvre, plus encore au vu du rapport qualité/prix imbattable.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs