How NOT to Summon a Demon Lord Vol.1 - Manga

How NOT to Summon a Demon Lord Vol.1 : Critiques

sekai Maô to Shôkan Shôjo Dorei Majutsu

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 27 Décembre 2022

Le manga de fantasy profite d'un vrai regain d'intérêt depuis des années, ce grâce aux adaptations massives de light novel, du genre isekai notamment. Les éditeurs français n'ont pas laissé filé cette tendance, y compris Meian qui publie, depuis plusieurs années déjà, certains titres du genre.

L'un des lancements de fin 2022 de l'éditeur n'est pas des moindres. How Not to Summon a Demon Lord est une adaptation manga d'un roman qui frôle les 20 volumes, un nombre impressionnant qui laisse espérer un développement dense, sur le long terme. Publié depuis 2015 sur le site Suiyôbi no Sirius du groupe Kôdansha, le récit est dessiné par Naoto Fukuda, un auteur qui, à l'époque, n'avait qu'une maigre expérience sur le court manga Seitokai Tantei Kirika-tachi no Nichijô. Dès sa deuxième œuvre, le mangaka signe une histoire longue, adaptée d'un écrit toujours en court.

Car le light novel d'origine, lui, est publié depuis 2014, toujours chez Kôdansha, avec 14 tomes au compteur pour une parution toujours en cours. En somme, le manga a été lancé peu après, sans doute par processus de commande de l'éditeur japonais, un véritable mécanisme cross-média très courant pour ce type d'ouvrages. Yukiya Murasaki et Takahiro Tsurusaki, respectivement écrivain et illustrateur de l’œuvre d'origine, ont donc donné naissance à une vraie série fleuve qui fut aussi adaptée en un anime comptant deux saisons, par le prestigieux studio Tezuka Production. Avec un tel pedigree, difficile de ne pas être un tantinet curieux de ce que propose cette histoire, même pour un non amoureux de l'isekai.

Pourtant, le pitch de How Not to Summon a Demon Lord n'a rien pour se distinguer particulièrement. Reprenant certaines mécaniques récurrentes du genre, il présente la vie nouvelle de Takuma Sakamoto, un allergique des relations sociales qui se distingue sur son jeu vidéo en ligne préféré, son talent et sa force étant tels qu'on l'y surnomme le « roi démon ». Quand il ouvre les yeux, c'est dans la peau de son personnage qu'il est incarné, et dans un univers semblable en tous points à son jeu fétiche. Face à lui se trouvent Rem Galleu, une panthérienne, et Shera, une elfe. Toutes deux revendiquent l'invocation du démon, tandis que le concerné ne sait comment appréhender les événements. Pour compenser ses lacunes en comportement social, surtout avec des filles, il choisit de composer en se comportant comme la roi démon puissant et tyrannique qu'il était dans le jeu Cross Rêverie.

C'est donc le choix d'une comédie de fantasy, à tendance harem de par les deux demoiselles qui entourent le héros d'entrée de jeu), qu'a fait l'auteur Yukiya Murasaki pour exprimer son concept, bien que le déroulé du récit n'interdise pas quelques confrontations en s'appuyant sur la puissance disproportionnée du « roi démon ». Et à ce titre, ce premier volume constitue effectivement une lecture assez amusante et légère, ne cherchant que peu à prendre au sérieux ses premiers ingrédients. Le tempérament de Takuma, le héros, joue en ce sens, le garçon étant contraint de jouer les démons distants pour pallier à ses soucis d’interactions humaines. Son caractère contraste alors avec le monde de rêverie qui l'entoure, et surtout avec les comportements de ses deux acolytes de départ, assez stéréotypées.

Et c'est là que ce premier volume posera sans doute des limites pour un lectorat ayant du mal avec le genre, d'une manière générale. On peut parfois avoir l'impression que l'isekai est un prétexte pour quelques auteurs d'exprimer leurs fantasmes et rêves d'otaku et gamer, et ce début d'intrigue s'ancre dans cette catégorie. Le heros est donc surpuissant, peut-être même imbattable, tandis que Rem et Shera ne font preuve, pour l'instant, que de peu de densité. Mais il est peut-être trop tôt pour juger aussi catégoriquement le manga : Sa longueur laisse croire que des développements sont possibles, d'autant plus que la dernière partie du tome montre quelques bonnes idées, comme une backstory de la panthérienne qui pourrait tisser un fil conducteur, et les difficultés d'intégration du protagoniste dans ce monde capables de causer de sérieuses discordes.

Quand bien même le façonnement de départ semble cliché, il n'y a pas vraiment de déplaisir à parcourir ce premier tome, le tout étant globalement efficacement rythmé, et amusant d'une manière général. Pris comme une comédie n'ayant d'autres prétentions que de revisiter les codes du genre, le manga a de quoi trouver son petit public, tout en ayant conscience que la trame pourrait très bien s'enrichir dans les tomes futurs. C'est dans cet état d'esprit qu'il faudra, aussi, donner sa chance au trait de Naoto Fukuda, assez balbutiant. Le mangaka démarrait sa carrière à l'époque, après une courte expérience, et le résultat est sans doute tout autre, dix-huit tomes plus tard. D'ailleurs, un simple coup d’œil aux dernières couvertures des ouvrages japonais permet d'affirmer les progrès de l'artiste.

Pour l'heure, rien de bien inventif avec How not to Summon a Demon Lord, mais rien de totalement déplaisant non plus. La lecture de ce premier tome est sympathique, mais on est tentés de donner sa chance à la série tant celle-ci a de quoi évoluer et s'enrichir dans son intrigue.

Côté édition, Meian reste sur un ouvrage convaincant, avec de jolies finitions. La traduction de Célia Chinarro retranscrit efficacement le caractère de l'univers et des personnages, sur un lettrage bien calibré de Maxime-Antoine Lefevre Osorio.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
13.5 20
Note de la rédaction