Hoshi dans le jardin des filles Vol.1 - Actualité manga
Hoshi dans le jardin des filles Vol.1 - Manga

Hoshi dans le jardin des filles Vol.1 : Critiques

Onna no sono no hoshi

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 23 Mars 2023

Annoncé il y a environ un an par Le Lézard Noir, le manga Onna no sono no Hoshi arrive enfin chez l'éditeur poitevin en ce mois de mars, sous le nom Hoshi dans le jardin des filles, ce qui est une traduction fidèle du titre nippon. Lancé au Japon en 2020 dans l'excellent magazine Feel Young de Shodensha (magazine orienté plutôt pour les jeunes femmes adultes, d'où proviennent des séries comme & (And), Entre les lignes ou encore Happy Mania), ce manga suit un rythme de publication plutôt tranquille puisque, à ce jour, seuls 3 volumes sont parus là-bas. Mais chaque nouveau tome est un petit événement puisque la série truste la première place du Top Oricon japonais à chaque nouvelle publication, et qu'elle croule sous les récompenses et les nominations dans son pays d'origine, notamment en ayant remporté le Prix de l'impact social au 25e Japan media Arts festival en 2022, et en ayant été nommé au Manga Taishô Award sur trois années consécutives de 2021 à 2023. C'est d'autant plus impressionnant qu'il s'agit de la toute première série longue de Yama Wayama, une mangaka qui, avant d'atterrir dans le magazine Feel Young, a d'abord fait ses preuves dans le tout aussi prestigieux magazine Comic Beam d'Enterbrain/Kadokawa (magazine bien connu pour accueillir des mangakas à la forte identité artistique, comme Atsushi Kaneko, Gou Tanabe ou Suehiro Maruo) avec plusieurs histoires courtes.

Le pitch de base de Hoshi dans le jardin des filles est on ne peut plus simple: on y suit Hoshi, un homme trentenaire qui a pour particularité d'être professeur de japonais et conseiller d'orientation dans un lycée pour filles. Un synopsis qui est loin d'être nouveau et qui, bien souvent, est surtout prétexte à de la comédie avec tout ce que peut impliquer le fait d'avoir un homme au milieu d'une flopée de jeunes filles. Or, ici, oubliez les arômes artificiels habituels de séries lycéennes: Hoshi est un enseignant on ne peut plus sérieux, sur qui on apprendra même certaines petites choses au fil de la lecture (notamment dans les dernières pages), et que certaines personnes n'hésiteraient sans doute pas à qualifier de tout à fait banal. Il fait son travail consciencieusement, et à vrai dire si sérieusement qu'il ne bronche jamais, même face aux situations les plus invraisemblables.

Ainsi, chacun des cinq chapitres composant ce premier tome d'environ 170 pages nous immisce dans une nouvelle petite situation tantôt anodine sur le coup avant de prendre certaines proportions idiotes, tantôt invraisemblable dès le départ. Ici, Hoshi découvre dans le journal de classe que les élèves y jouent à la chaine de mots, et se retrouve lui-même à réfléchir sur ce que peuvent être les mots de ce jeu. Là, il constate pendant son cours qu'un chien pendouille à l'extérieur depuis l'étage du dessus. Puis il souhaite conseiller l'adolescente Matsuoka qui veut devenir mangaka, et découvre que l'élève Torii Mariko tiens quotidiennement un véritable journal d'observation sur lui, quand il ne se retrouve pas simplement à sortir boire un verre avec son collègue Kobayashi jusqu'à se retrouver accidentellement ivre et à en payer le prix dans les surnom que lui donnent ses élèves.

Les situations de départ, si l'on excepte le toutou qui pend de l'autre côté de la fenêtre, sont généralement tout à fait anodines et correspondent tout à fait à ce que pourrait être le quotidien d'un prof dans un lycée: quel enseignant n'a jamais vu ses élèves lui donner des surnoms, noter des choses sur lui, le trouver un peu barbant, ou faire autre chose que suivre les cours ? Yama Wayama exploite ainsi une certaine réalité du décalage entre les profs adultes et les élèves encore ados... mais elle le fait à sa manière, c 'est-à-dire avec un constant humour un brin absurde et généralement pince-sans-rire, puisque la série est avant tout une comédie ! Et sur le plan de l'humour, il suffit d'être sensible à ce style, dans le fond assez japonais, pour passer un excellent moment en voyant Hoshi se poser sérieusement des questions insolites (imaginer qu'un sushi tue nos proches, gné ?), se livrer un peu trop lors de son "accident" d'alcool, ou être l'enjeu d'une petite série de quiproquos avec l'élève Torii Mariko.

L'un des exemples les plus parlants concernant le type d'humour de l'autrice, est sans doute à trouver dans tout le passage avec l'"apprentie mangaka" Matsuoka. Le manga que la jeune fille dessine, en accumulant de façon incohérente un tas de gros clichés, s'avère très drôle, en nous rappelant un peu une certaine Romane Saotome de Sket Dance pour celles et ceux qui ont lu la chouette comédie de Kenta Shinohara. Et pourtant Hoshi, lui, va prendre ça tout à fait au sérieux pour réellement conseiller Matsuoka, mais en aboutissant à un résultat tout aussi absurde. Et ce type d'humour un brin pince-sans-rire est d'autant plus efficace que Yama Wayama propose, globalement, un dessin sérieux et réaliste du plus bel effet.

Dès ce premier volume, on constate donc que l'oeuvre n'a pas volé sa très belle réputation: il faut juste être réceptif à ce genre d'humour pour passer un excellent moment tout au long de ce premier volume inspiré et rondement mené ! D'autant plus que l'édition française est tout à fait à la hauteur, le grand format sans jaquette ni rabats permet de bien profiter du travail visuel de Wayama, le papier et l'impression sont de bonne qualité, les quatre pages en couleurs en début de tome sont un petit plus sympathique, le lettrage est soigné, et Alexandre Fournier n'a aucune difficulté à bien retranscrire l'humour de l'oeuvre à travers une traduction aussi limpide qu'emballante et collant bien à la personnalité sobre de Hoshi.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs