Homme qui tua Nobunaga (l') Vol.1 - Actualité manga
Homme qui tua Nobunaga (l') Vol.1 - Manga

Homme qui tua Nobunaga (l') Vol.1 : Critiques

Nobunaga wo Koroshita Otoko

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 03 Février 2021

L'Histoire du Japon retient le fameux incident de Honnôji au cours duquel Nobunaga Oda fut trahit et assassiné par Akechi Mitsuhide, son fidèle vassal, avant d'être lui-même tué. Plus de 400 années après ces événements, ce qui semblent être avéré comme des faits historiques se voient remis en question à travers ce manga qui, plus que chambouler les événements qui ont eu lieu, semble chercher à les expliquer et les remettre en perspective, ce afin de traiter différemment l'image usurpée d'Akechi Mitsuhide...

Refaire l'Histoire, voilà une sacrée ambition de ce manga, qui est en réalité l'adaptation du roman Honnôji no Hen : 431-nen Me no Shinjitsu (ou "L'incident du Honnôji : La vérité dévoilée 431 ans après", selon la traduction proposée par la version française du premier tome). Son auteur, Kenzaburô Akechi, a souhaité redoré le blason de la figure d'Akechi Mitsuhide par son écrit, dénonçant au passage les livres d'Histoire mais aussi les adaptations de l'incident du Honnôji (ou l'événement de la mort de Nobunaga Oda) dans la culture populaire. Un défi de taille et qui concerne par conséquent aussi cette version manga dessinée par Yutaka Tôdô, un dessinateur que nous découvrons en France par ce titre, mais qui a signé quelques œuvres depuis la fin des années 2000.

Et d'entrée de jeu, un élément doit être soulevé pour apprécier ce début d'intrigue avec nuance. Kenzaburô Akechi se dit appartenir à la lignée d'Akechi Mitsuhide et cherche alors à sauver l'image de son ancêtre. Une sorte de conflit d'intérêt, presque, ce qui fait redouter une hagiographie à l'image du manga L'Empereur du Japon.

Et aussi plaisant que soit ce premier volume à lire, on redoute que l'écrivain soit tombé dans ce piège en cherchant à dépeindre ses personnages clés, dont Mitsuhide, sans véritable nuance. Le guerrier est rapidement montré comme une figure noble et réfléchit, citant les adages de guerre chinois avec le plus grand calme qui soit, tandis que Nobunaga Oda est montré comme séduisant et charismatique (honorant les descriptions qui lui sont faites) et posé à la manière d'un calculateur un poil cliché. Cette quasi perfection des personnages va constituer le grand défaut de ce premier tome. Mitsuhide et Nobunaga ne sont que rarement nuancés ici, de même de leurs actions pourtant barbares par moment, même si la narration de Yutaka Tôdô cherche à montrer lors d'infimes moments la violence de certains événements. Malgré cette veine tentative visuelle, les intentions semblent assez formelles : Montrer deux nobles figures historiques sans trop chercher à les nuances, et en caricaturant chacun des personnages qui font office d'opposition (politique ou morale), là aussi sans aucune ambiguïté. Évidemment, il convient de ne pas juger trop hâtivement l'entièreté de l’œuvre. Car c'est parce que ce premier opus semble faire office de prologue que nous ne sommes pas à l'abri d'une écriture plus distinguée par la suite. Aussi, le choix de Delcourt/Tonkam de publier les deux premiers opus en simultanée peut avoir du sens.

Reste qu'un aspect du titre demeure efficace, surtout pour un néophyte de l'Histoire japonaise : Sa faculté à narrer efficacement et simplement quelques grands événements, ce même en citant bien des noms et des termes. On apprécie d'ailleurs les annotations récurrentes qui, sans être fouillées malheureusement, parviennent à aiguiller le lecteur comme il se doit dans le récit. Même si on pourra remettre en question la nuance de ce premier tome, le petit cours d'Histoire proposé se révèle plaisant.

Aussi, l'un des aspects les plus intéressants du titre survient sur son dernier chapitre : L'intervention de Yasuke, le premier samourai noir africain du Japon. Si son introduction est assez succincte, on peut deviner que la suite reviendra sur la période historique de manière plus fouillée, ce qui permettra une vraie incursion aux côtés de Nobunaga et de Yasuke, afin de présenter pleinement l'amitié qu'ils ont tissé. C'est tout ce qu'on espère, puisque le "samourai noir" donne à l’œuvre son sous-titre dans notre édition française.

Alors, quand bien même le récit proposé dans ce premier tome sera sujet à débat, le trait de Yutaka Tôdô constitue un fort argument. Celui-ci est fouillé, sait planter des personnages charismatiques et dépeindre une période grave avec ses nombreuses nuances graphiques. Les scènes de bataille, tout particulièrement, procurent une satisfaisante immersion, à grand renfort de planches plus magistrales qui mettent correctement en exergue le côté destructeur des guerres d'autrefois.

Néanmoins, rappelons qu'il ne s'agit là que d'un premier tome sur les huit que comprend la série. Et parce que ce volume sonne comme une introduction repassant en revue l'histoire conjointe des deux personnages centraux, on espère que la suite redorera le blason de la série... plus que celui de Mitsuhide.

Concernant l'édition, nous ne pouvons dresser une appréciation puisque notre chronique se base sur une épreuve numérique fournie par l'éditeur.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs