Holyland Vol.2 : Critiques

Holyland

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 11 Juillet 2023

A la stupéfaction des personnes ayant assisté au duel, Yû Kamishiro, le "chasseur de yankees" à l'allure si faiblarde, a étalé le robuste judoka Iwado, en suscitant ensuite la colère des gars du lycée Seta, et en ne devant ensuite son salut qu'à l'intervention de Masaki Izawa qui a estimé que ce duel a été fait dans les règles. Forcément, ce coup d'éclat de Yû accentue encore sa réputation dans le quartier de Shimokita: tandis que certains, comme le clan Seta emmené par Yoshii, ne rêvent que de remettre la main sur lui pour l'éclater, d'autres, comme Masaki, restent simplement intrigués par ce garçon étonnant. Mais c'est quand il devient ainsi connu que le jeune garçon disparaît du quartier, en entretenant une sorte de petite légende urbaine autour de lui, sans le savoir. Où est-il passé ? Où a-t-il appris son jab ? Comment a-t-il trouvé la force de se relever face à Iwado qui l'avait violemment mis à terre ?

Après un premier volume qui lançait bien les choses, Holyland place donc ici son héros Yû face à une première épreuve: assumer ou non ce qu'il a fait en parvenant à mettre à terre Iwado, ce qui suscite forcément, dès lors, des velléités et autres ambitions hostiles à son égard, que ce soit parce que certains sont avides de vengeance envers lui ou car d'autres se verraient bien mettre sa pâtée au fameux "chasseur de yankees" histoire de peaufiner leur réputation. Bien conscient qu'il a attiré l'attention sur lui, Yû a donc choisi, dans l'immédiat, de s'éclipser dans un autre quartier... du moins, jusqu'à ce que trois retrouvailles successives aient un impact décisif sur lui.

Le première des trois est celle avec Shin, ce camarade de classe avec qui il avait réussi à sympathiser mais qu'il imagine avoir désormais traumatisé suite aux récents événements. Pourtant, Shin est avant tout curieux de savoir quel est exactement le passé de Yû pour qu'il en soit arrivé là, et c'est alors avec la possibilité de renforcer cette amitié naissante, en étant plus loquace avec Shin, que notre héros nous fait découvrir les grandes lignes de son passé. Bien sûr, on savait déjà que les brimades violentes subies en particulier au collège l'ont beaucoup conditionné, mais à présent l'heure est venue de découvrir toute l'intériorité de Yû à cette époque où, pour faire face aux brimades, il ne trouvait rien de mieux que les ignorer, en tâchant de venir apathique, dénué d'émotions, et ainsi rattaché à absolument rien, jusqu'à ce que le suicide lui vienne même en tête puisqu'il n'avait alors plus aucun goût à l'existence... Kouji Mori brille vraiment dans l'abord de ce que pouvait ressentir Yû à l'époque, non seulement parce que chaque étape de sa chute psychologique est abordée avec concision et logique, mais aussi parce que le mangaka, à travers ses moments de narration externe typique où il prend la parole pour commenter les choses, nous fait bien sentir la part autobiographique de ces événements. Mori a lui-même connu ce type de chute psychologique jusqu'à penser à la mort, il s'en est relevé, et cela rend son récit d'autant plus puissant quand on découvre ensuite les premiers entraînements du jeune garçon pour devenir plus fort.

La deuxième retrouvaille importante de ce tome est celle avec Masaki, qui va donner différents conseils à Yû pour se renforcer et gagner en technique, et qui va confronter Yû à un choix qu'il va désormais devoir faire, avancer, ou reculer en disparaissant, mais aucunement fuir éternellement. Quant à la dernière retrouvaille-clé, elle est brève mais importante puisqu'il s'agit d'Iwado, celui-là même que Yû a étalé, ce dernier ne se montrant aucunement revanchard mais cristallisant plutôt la fameuse décision que notre héros doit prendre. Certes, Yû n'est pour l'instant pas à la hauteur pour de grosses bastons, mais il veut rester en ville, car il a le sentiment qu'il peut enfin trouver sa place dans ce quartier et ainsi enfin se sentir vivre...

Si les découvertes sur Yû et ses lentes évolutions intérieures restent passionnantes, Kouji Mori ne néglige pas pour autant la part plus axée combat, bien au contraire: s'il n'y a pas vraiment de nouvelle grosse baston dans ce tome, le mangaka, fort de ses propres expériences, explique soigneusement nombre de petites choses, par exemple sur l'importance des muscles, sur le rôle d'entraînements comme les pompes, sur des spécificités et limites de certaines façons de se battre (la boxe, le combat au couteau ou à la batte, le corps-à-corps)... le tout donnant lieu à un récit toujours aussi intéressant

Holyland confirme alors tout son potentiel avec ce deuxième volume certes moins axé sur le combat en lui-même, mais porteur de nombreuses choses intéressantes et suffisamment profonde, à la fois sur le combat et surtout sur l'intériorité de son personnage principal, dont le parcours pour trouver sa place, s'affirmer et réellement vivre ne fait que commencer.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs