Hellbound - L'enfer Vol.2 - Actualité manga

Hellbound - L'enfer Vol.2 : Critiques

The Hellbound

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 11 Février 2022

Quatre années se sont écoulées depuis que l'avocate Min Hyejin a été laissée pour morte sous les coups des Pointes de Flèche, et que l'ancien leader de la secte Neo Veritas, Jeong Jinsu, est mort suite à sa damnation, en laissant son "héritage" à Kim Jeongchil. Depuis, ce dernier, en tant que 2e Maître de Neo Veritas, a pris soin non seulement de cacher la vérité sur la mort de Jeong Jinsu, mais aussi de faire toujours plus prospérer l'organisation religieuse. A tel point que celle-ci, à force d'instrumentaliser la peur et la soi-disant teneur divine des damnations, fait désormais figure d'autorité dans tout le Japon voire plus encore.

Pour la deuxième moitié de son histoire, brillamment servie jusqu'au bout par les visuels réalistes et abrupts de Choi Kyu-sok, l'auteur Yeon Sang-ho trouve le moyen d'aller encore plus loin dans son sujet, en faisant de Neo Veritas un outil de pouvoir omniprésent et peut-être plus important qu'aucun autre puisque le gouvernement semble bien muet face aux agissements de la secte, que les forces de l'ordre paraissent totalement à sa botte, et que les médias sont contrôlés, le tout nous offrant une réalité alternative dystopique en permanence inquiétante et étouffante, nous prenant aux tripes jusqu'à l'angoisse. Comment l'organisation religieuse a-t-elle pu prendre tant d'importance ? Eh bien, par des procédés qui ne sont pas nouveaux: exploitation de la peur collective face aux damnations pouvant s'abattre à tout moment, divisions de la population pour opposer les vertueux aux "pécheurs" damnés... le tout en prétextant la volonté divine: pour la secte, les damnés sont forcément tous des pécheurs ayant commis quelque chose d'intolérable selon Dieu, et doivent se laver de leurs péchés en s'expiant auprès de Neo Veritas et en subissant leur damnation sous leurs yeux.

Par rapport au premier volume, Neo Veritas a donc connu une radicalisation toujours plus forte, à tel point qu'elle n'a peut-être plus rien à envier aux extrémistes Pointes de Flèches sur ce point, et qu'il n'est plus rare que les deux groupuscules collaborent de temps à autre. Le scénariste nous offre ainsi une critique particulièrement intense et acide de ces formes de sectarisme qui, sur des fondements détournant la religion, entretiennent la peur et la division pour mieux régner. Mais dans cet effrayant présent alternatif où les damnés sont soi-disant tous des pécheurs, que se passerait-il si, précisément, une personne damné ne pouvait avoir mathématiquement absolument rien à se reprocher ? Bambam, un nouveau-né, se retrouve ainsi damné juste après être venu au monde, sans avoir eu le temps de faire quoi que ce soit, sa mort étant prévue seulement 3 jours plus tard, laissant des parents désemparés... Des parents qui, alors, feront tout pour essayer de comprendre comment une damnation aussi injuste peut exister, pour empêcher la mort de leur enfant, voire pour lever la vérité sur les exactions de Neo Veritas avec l'aide d'une certaine avocate qui, en quatre années, a fait bien du chemin de son côté...

Le parcours désespéré de ces parents face à la damnation de leur bébé est l'enjeu qui va guider l'entièreté du déroulement de ce deuxième et dernier volume, avec un flot incessant de moments forts, nous faisant aller des éléments de forte critique sociale à des interrogations poussées (le divin existe-t-il vraiment, pour oser conduire de telles aberrations ?) en passant par des moments d'un cynisme sans commune mesure (le cas de Lee Dongwook en est le meilleur exemple), le tout dans une tension constante en forme de course contre la montre et de course-poursuite puisque, bien entendu, les extrémistes religieux se montreront prêts à tout pour rattraper les parents de Bambam et les empêcher de révéler la damnation injuste de leur bébé.

Les auteurs ne nous lâchent donc à aucun moment dans ce climat extrêmement éprouvant, jusqu'à une fin particulièrement maligne car, derrière son côté volontairement abrupt histoire de marquer encore plus les esprits, elle cristallise bien les idées de son scénariste. Dans un monde d'humains, seuls les humains doivent diriger les humains, et pas une possible divinité. Et plus que le sectarisme religieux, la division et la peur, c'est l'amour (celui d'une mère pour son bébé, par exemple) et la faculté humaine à protéger son prochain qui peut changer les choses.

Récit mené tambour battant dans une tension permanente, Hellbound s'achève de merveilleuse manière, les auteurs allant au bout de leurs idées et croquant une virulente critique sociale qui, derrière son côté dystopique, semble pourtant on ne peut plus actuelle. Un thriller intelligent, qui nous remue en profondeur au risque de laisser des traces.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs