Hell Blade Vol.1 - Actualité manga

Hell Blade Vol.1 : Critiques

Hell Blade

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 18 Février 2011

"Si tu continues à errer dans les ténèbres... tôt ou tard, tu finiras par tomber sur moi !"

Londres, à la fin du XIXème siècle. Soir après soir, de nombreuses femmes, des prostituées, sont retrouvées mortes dans les ruelles des bas-fonds de la capitale anglaise. Egorgées à l'arme blanche, leurs corps sont lacérés et privés de leur utérus. Cette série de meurtres est du à un tueur en série dont le nom deviendra une légende pour les siècles à venir : Jack l'Eventreur ! Le jeune inspecteur Roy Johnson s'évertue depuis des mois à percer l'identité de l'assassin, mais en vain. Mais l'enquêteur a d'autres problèmes en tête : amant d'une séduisante héritière nommée Susan, Roy tente d'échapper aux griffes de sa belle-mère... jusqu'à la mort accidentelle de cette marâtre. Pour faire disparaître le corps, il n'hésite pas à imiter le modus operandi peu ragoutant du démon qu'il poursuit... mais ne risque-t-il pas lui aussi de sombrer dans l'abysse ?

Si le genre gothique existe depuis longtemps en littérature comme en manga, le boom récent des modes des vampires puis des majordomes a entrainé avec lui une nouvelle émergence d'histoires dans un univers victorien. Aussi n'est-ce pas tellement surprenant de voir enfin un des plus grand mythes de cette époque enfin retranscrit en manga. Ou plutôt, en manhwa, puisqu'Hell Blade est une série coréenne que nous devons à un auteur méconnu : Je-Tae Yoo. Cependant, la légende a déjà inspiré de nombreuses adaptations, de tous styles et de tous médias. A quelle vision devons-nous nous attendre ici ? En vérité, ce premier volume intrigue, déroute, en présentant deux phases à la fois distinctes et continues...

La première moitié du tome permet de mettre en place tout le mystère autour du personnage, en rappelant son mythe. La cellule d'enquête se renforce rapidement de deux nouveaux enquêteurs, Ian et Kane, envoyés par le bureau d'investigation de l'église anglicane. Nous y suivons essentiellement Roy dans ses recherches, mais aussi et surtout dans ses tourments personnels. Le personnage franchit rapidement le point de non-retour alors que sa maitresse tue sa belle-mère par accident, et devient alors aussi monstrueux que celui qu'il traque. Plongeant peu à peu dans les méandres de l'inacceptable, il se sait néanmoins déjà suspecté par les nouveaux venus très perspicaces, mais se laisse corrompre par Susan au bord de la folie. La présence de Jack l'Eventreur n'est alors qu'une toile de fond pour présenter une cité en proie au crime et où chaque vie ne semble pas avoir le même prix.

Pourtant, alors que nous sommes emportés par cette intrigue très prenante, la série arbore sans crier gare un virage à cent-quatre-vingts degrés vers... de la dark fantasy ! Tout y est : le tueur solitaire au corps renforcé de manière mystérieuse, les combats sanglants à souhait et des monstres fort repoussants. Eh oui, grande surprise : Jack n'est pas le tueur sordide que la légende décrit mais... un justicier, tueur de démons ayant perverti des cœurs humains ! Ce contrepied totalement inattendu pourra choquer certains, voire faire crier au scandale les puristes de cette figure mythique, surtout lorsqu'il fera ami-ami avec un détective très connu... Néanmoins, le personnage de Jack intrigue par son côté insaisissable, éthéré, tel l'ange de la Mort qui n'apparait qu'au moment opportun en clamant de grandes tirades à la manière d'Alucard dans Hellsing ! Bref, s'il y a de quoi tomber de haut, ce final reste convaincant et mérite que l'on s'y attarde, au moins jusqu'au second opus...

On associe souvent le manhwa a des dessins très maitrisés mais peu expressifs. Néanmoins, au cours des dernières années, quelques auteurs sont venus nous prouver le contraire. Je-Tae Yoo fait partie de cette nouvelle vague, et nous offre une lecture très efficace par un graphisme ni trop chargé, ni épuré. Si les décors sont parfois timides, c'est avant tout dans les jeux de regards que les plus grandes émotions passeront. La série offre une esthétique vraiment soignée, mais changeant du tout au tout, une fois encore, lors du saut vers le fantastique. Les scènes de combat ne sont pas les plus maitrisées, et le design des créatures pourra repousser plus d'un lecteur. Le tramage est savamment utilisé avec un grand travail sur les ombrages, retranscrit à la perfection, mais c'est une habitude, par Ki-oon. Après avoir paru sans compter de nombreux titres de Square Enix, pour s'ouvrir un public plus jeune, l'éditeur revient ici à ses premiers amours avec un titre pouvant rappeler La Mosca ou Jackals. Nous sommes ici en face d'un vrai coup de coeur, et cela se ressent dans le soin apporté au support de ce volume !

Au final, Hell Blade est une véritable énigme, en arborant deux visages très opposés, qui diviseront sans doutes les lecteurs. Si la seconde partie, moins encourageante, devrait constituer le fil conducteur de la série, la première phase démontre avec brio toutes les qualités d'un récit pouvant exploser à tout moment. L'éditeur Ki-oon semble renouer avec ce qui a fait la force de ses débuts... et l'on ne va pas s'en plaindre !


Tianjun


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Tianjun
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs