Hawkwood Vol.8 - Actualité manga
Hawkwood Vol.8 - Manga

Hawkwood Vol.8 : Critiques

Hawkwood

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 05 Avril 2017

Le Roi de France Philippe VI, accompagné entre autres des troupes des Saint Chevaliers de Chartres de Perrier, approche de la plaine de Crécy où il s'apprête à livrer sereinement bataille, grâce à ses plus de 30 000 hommes qui devraient ne faire qu'une bouchée des 12 000 ennemis anglais. Mais une fois sur place, il ne peut que découvrir avec stupeur que le Roi d'Angleterre Edouard III a déjà engagé la bataille, qui plus est en se servant avant tout de ses archers ! Le monarque anglais semble avoir fait fi de tout esprit chevaleresque en agissant ainsi, étonnant le mercenaire Hawkwood, et faisant sortir de ses gonds le prince noir...

Avec son dernier volume, Hawkwood s'achève sur un événement-phare, à savoir la suite et fin de la célèbre Bataille de Crécy, souvent considérée comme le véritable point de départ de la guerre de Cent Ans. Dans cet enfer où les morts fusent, on regrettera eut-être légèrement la rapidité dans l'exploitation de certaines figures croisées au fil des volumes précédents, comme Otto Doria ou Perrier, dont le rôle devient moindre sur ce champ de bataille, et cela même si leur sort possède une part symbolique de la place de la chevalerie et des mercenaires.

Et ce sont bien les enjeux autour de la possible fin de l'esprit de chevalerie et de la possible arrivée du règne des mercenaires qui captent le plus l'attention. Cet aspect est au coeur de la série depuis ses débuts, et sur ce plan-là Tommy Ohtsuka ne se rate pas du tout, essentiellement grâce à trois figures, le prince noir, Hawkwood, et le Roi Edouard. Ainsi, d'entrée ce dernier confronte son fils à sa propre vision de l'esprit chevaleresque, cet esprit que le jeune prince tient tant en estime. Pourquoi les chevaliers se battent-ils ? Pour que la victoire distingue le juste du pécheur, le bon du mauvais, et seul Dieu décide alors de l'issue du combat. Mais dans ce cas, comment le prince pourrait-il expliquer ce qui est en train de se dérouler dans la plaine de Crécy, où l'adversaire français est en train de se faire laminer par les traits anglais et donc par des stratégies jugées lâches ? Pendant que le prince noir voit ses plus fortes convictions brisées, l'ère des mercenaires est-elle venue, comme l'aimerait Hawkwood ? En réalité, les choses sont encore un peu plus complexes que cela, grâce à un personnage : le Roi Edouard, qu'Ohtsuka exploite vraiment intelligemment. Quelles sont ses stratégies exactes, où ce monarque semble ne rien avoir à faire de son honneur de chevalier ? Ses décisions finales, concernant les récompenses attribuées aux chevaliers d'un côté et aux mercenaires de l'autre, en disent long sur son sens tactique. Tandis que les mercenaires peuvent avoir ce qui compte pour eux, c'est aussi le cas de la chevalerie... mais est-ce bien le cas ? Le prince noir constatera de ses propres yeux que si l'esprit de chevalerie existe encore en apparence, son honneur est déjà mort.

"La justice est du côté des vainqueurs !"

Pour le reste, le trait assez brut et épais du mangaka conserve ses qualités pour offrir une bataille assez sauvage, et l'auteur parvient régulièrement à relancer le rythme grâce à ses changements de point de vue et à quelques rebondissements importants comme l'attaque générale des Français.

La seule petite pointe de déception vient donc d'une sous-exploitation de certains personnages (par contre, on appréciera qu'Ohtsuka reste fidèle aux faits historiques au niveau de certaines morts), mais à part ça ce final fait honneur à une série qui fut prenante d'un bout à l'autre et qui a su bien exploiter ses principales thématiques. Saluons aussi une dernière fois l'excellente traduction de Sébastien Ludmann : son travail sur le parler moyenâgeux des personnages est totalement immersif.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs