Happy Land Vol.1 - Actualité manga

Happy Land Vol.1 : Critiques

Shûenchi

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 24 Octobre 2022

Découvert en France dès 2008 par les éditions Doki-Doki avec le très fun mélange de furyô et de ping pong (si si) Ping Pong Dash!!, Shingo Honda est un auteur qui s'est ensuite surtout spécialisé dans le manga d'épouvante, et dont on apprécie de retrouver la patte bourrine et divertissante de temps à autre. Ainsi, on peut se rappeler du diptyque très classique mais assez efficace Kiriki/Kiriko Kill aux éditions Komikku, et surtout de sa fresque de kaiju Hakaijû qui, malgré ses qualités (du gore très fun, des designs de monstres gigantesques et complètement fous, un bon sens du rythme, une intrigue qui faisait toujours plus dans a surenchère...), n'a pas rencontré le succès en France, si bien que les éditions Tonkam avaient stoppé sa parution en cours de route après la fin de la première grande partie. Au vu du succès de KAIJU N°8 et de la petite hype existant autour des kaiju ces derniers temps, on ne peut s'empêcher de penser que Hakaiju connaîtrait un petit peu plus de succès si l'oeuvre ressortait de nos jours.

Pour sa quatrième publication française, Shingo Honda se retrouve chez un 4e éditeur, à savoir Omaké Manga, qui a la bonne idée de nous amener la série en deux tome Happy Land à l'approche de Halloween. De son nom original Shûenchi, cette courte série a été prépubliée au Japon en 2020-2021 dans le magazine numérique Manga Goraku Special des éditions Nihon Bungeisha.

On découvre ici une famille de 4 personnes en apparence tout à fait banale alors qu'ils sont en voiture. Kenji Komiya, 39 ans, son épouse Misa, 39 ans également, leur fils Ritsu, 16 ans, et leur fille Rin, 13 ans, font tous route vers un lieu que le père tient secret et qu'il promet comme une grande surprise. Après tout, quoi de mieux pour faire plaisir à une épouse qui semble charmante, à un fils qui devrait être classé dans les 5 premiers en anglais dans son lycée d'élite, et à une fille qui semble adorable et candide en tous points ? Sauf qu'en cours de route, le GPS ne répond plus, la famille se perd en forêt... du moins, jusqu'à finir par tomber sur un parc d'attractions perdu au milieu de nulle part: Happy Land, où eux et d'autres familles apparemment arrivées là par hasard elles aussi sont accueillis par le directeur des lieux: Mr. Bunny, un être affublé d'un masque de lapin plus inquiétant que mignon. Kenji a beau avoir un mauvais pressentiment, sa fille est déjà en train de courir avec joie vers une attraction, d'autant plus que tout est entièrement gratuit ! Et puis, Misa se dit l'essentiel est de passer une journée inoubliable... Et inoubliable, elle le sera bel et bien, mais certainement pas comme ils l'espéraient.

C'est effectivement avec effroi que, depuis le haut du grand huit, ils entendent des cris d'effroi puis voient tomber à leurs pied des têtes toutes fraîches. Happy Land n'a effectivement rien d'un paradis, comme on pouvait s'en douter, et voici toutes les familles prises au piège de ce parc avec l'obligation de faire chaque attraction, sans quoi de solides gaillards masqués ou monstrueux les attendent avec leurs haches et autres ustensiles pour les découper...

Shingo Honda se réapproprie donc ici le parc d'attraction, un lieu assez emblématique de toute une tranche de récits d'horreur, où il va, en premier lieu, bien s'amuser à imaginer les attractions possiblement mortelles que doivent faire, à chaque fois, un membre différent de chaque famille. Un grand huit très tranchant, une grande parade qui n'a rien de féérique, des tasses crachant de l'acide, des autos tamponneuses trafiquées... le tout donnant, à chaque fois, des possibilités de mort assez variées où l'auteur ne va pas se priver pour trancher, ébouillanter ou transpercer ses personnages. Et sous le dessin assez bourrin du mangaka, autant dire que ça se révèle assez efficace dans le genre, sans forcément être un summum d'originalité !

Mais fort heureusement, Honda ne s'arrête pas au simple dégommage de gens et développe surtout un autre concept en particulier: pour être sauvés, les malheureux pris dans les attractions doivent retenir une chose martelée par Mr Bunny: profiter sans réserver des attraction, sans le moindre faux-semblant... ce qui signifie devoir avouer leurs plus terribles secrets, en dévoilant à chaque fois bien des tares derrières les premières apparences souvent jolies de ces familles. Et évidemment, la famille Komiya ne fera pas du tout exception à la règle: la fille, le fils et l'épouse dévoileront tous, dès ce premier tome, des choses assez malaisantes, faisant à chaque fois voler un peu plus en éclats l'image de famille idéale. L'auteur en profitant alors pour également offrir une petite satire de certaines choses autour de la vie de famille, comme les attentes lourdes que les parents peuvent faire naturellement peser sur leurs enfants, les inégalités affectives entre deux enfants d'une même famille etc. On ne va pas dire que ce soit très approfondi, ça a plus des allures de prétexte, mais c'est amplement suffisant dans une série B de ce type.

Enfin, pas mal d'interrogations sont là, tout d'abord autour de ce parc, mais la coutume dans ce genre d'oeuvre d'épouvante n'est pas forcément de donner les réponses à ce type de mystères, donc on verra bien quelle voie choisira Honda. En revanche, c'est également Kenji lui-même qui intrigue toujours plus: il a beau vouloir se montrer comme un père de famille digne, il y a plusieurs petits détails qui nous titillent, sans compter le regard négatif que posent sur lui les membres de sa propre famille... Et puis, il est étrange qu'il ne se souvienne même plus de l'endroit où il voulait initialement emmener sa famille en voiture avant de se perdre et de tomber sur ce parc. Si bien que l'on a facilement hâte de voir quels secrets révélera cet homme dans le tome 2.

Dans l'ensemble, on est donc un bon petit divertissement d'horreur gore comme l'auteur sait bien les faire sous son dessin un brin exagéré et régressif, mais avec une petit plus-value supplémentaire autour des faux-semblants en milieu familial. L'éditeur ayant eu la bonne idée de publier le tome 2 en même temps que le 1e volume, il n'y aura pas à attendre pour découvrir la fin de cette petite série.

Concernant l'édition française, c'est honnête sans être excellent. On regrettera quelques coquilles ayant échappé à la relecture mais qui heureusement n'empêchent pas la bonne compréhension, ainsi qu'un papier un peu transparent. Mais à part ça, rien de choquant: l'impression est honnête malgré quelques légers moirages, le studio Mankai offre une traduction faisant le job ainsi qu'un lettrage pas exceptionnels mais pas parmi les plus moches que l'on ait pu voir, et la jaquette reste proche de l'originale japonaise tout en s'offrant un logo-titre assez bien travaillé.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs