Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 17 Novembre 2011
Encore une œuvre de Shoko Hidaka que l’on a le plaisir de découvrir en France ! Si jusqu’ici on était plus convaincus par « Après l’orage » que les deux autres, ce nouveau titre nous fera peut être changer d’avis. Sakurai est l’exemple typique de l’homme qui avance dans la vie sans vraiment regarder derrière ou devant lui, ne se souciant que de l’instant présent. Sans chercher à corriger ses erreurs passées ou à se construire un avenir solide, il fait son petit bout de chemin et peu à peu se retrouve totalement blasé de son métier, plutôt intéressant au demeurant. Il n’a aucune passion, et quand bien même il essaie de jardiner pour s’occuper voilà qu’il échoue, les plantes ne lui survivant pas. Sa vie monotone, tranquille et bien rangée va changer de manière d’abord indicible plus de façon plus marquée par la suite, grâce à une rencontre peu commune. Un soir dans le train, alors qu’il se traine jusque chez lui, voilà qu’il bouscule un jeune homme, faisant tomber ses affaires. Ce dernier, répondant au nom de Youchi, ne s’excuse pas et lui propose seulement de lui donner le magazine que la maladresse lui aura fait perdre. C’est ainsi que Sakurai découvre l’immense maison cachée sous un jardin magnifique, à quinze minutes seulement de la gare. Peu à peu il prend l’habitude d’y venir, malgré l’antipathie partagée qui règne entre Youchi et lui, s’appuyant d’avantage sur l’amabilité des autres.
Mais Youchi l’intrigue, son passé semble peu clair, il parait plus complexe qu’il n’en a l’air et son cousin lui affirme qu’il l’aime bien. Mais sous ce visage qui ne sourit jamais, que se cache-t-il réellement ? Hana wa saku ka fait partie de la nouvelle collection de Taifu, Yaoi blue. Donc pas de scènes de sexe au programme, ce qui correspond plutôt bien au tempérament des personnages pour l’instant. On se concentre d’avantage sur leur relation profonde et sur les sentiments qui les animent. Haine, attirance, rancune ou curiosité ? Un peu de tout sans doute, on ne saurait dire avec exactitude. Toujours est-il que l’atmosphère ainsi créée est bien plus subtile que d’autres yaois, on y retrouve une certaine poésie qui se dégage de l’ambiance donnée par la mangaka, mais également de sa narration, tranquille et jamais pressée. On avance lentement, parfois un peu trop puisque l’on ne sait pas vraiment où l’auteur nous emmène, ce qui est parfois déstabilisant. On ne saisit pas l’intérêt de tous les passages présents dans ce premier tome et si on ne s’ennuie jamais réellement, quelques temps morts espacent et coupent le scénario qui se laisse alors lire sans réelle passion. C’est agréable, les pistes d’exploitation sont ouvertes pour la suite et le calme qui s’en dégage est un réel atout mais il manque pour l’instant un peu de clarté à l’histoire pour nous séduire totalement. Ce qui arrivera sans doute dans le second tome, du moins l’espère-t-on.
Les dessins sont de qualités, et sous une couverture qui donne envie de voir si la douceur du visage de Youichi est véritable, on apprécie réellement le trait fin et précis de la mangaka. L’auteur a corrigé cette impression récurrente de vide observée dans « Après l’orage », les planches sont d’avantage remplies par des paysages, des décors, et le cadrage est bien moins monotone. Si quelques imperfections se glissent dans son style, la représentation de ses héros, quoique très standardisée mais ce qui est plutôt dur à éviter à présent, est intéressante dans les expressions faciales ainsi que dans le sens du détail. De plus, les différences de visages séduisent rapidement, tout comme les styles des héros : business man ou artiste libre. Un petit mot sur l’édition de Taïfu qui nous gratifie d’une sympathique page couleur, avec une traduction plutôt fluide et nulle autre erreur notoire que l’adaptation partielle des onomatopées. Bref, un premier tome qui a du potentiel mais qui le gâche parfois dans un excès de douceur et de poésie, de distance et de légèreté qui nous échappe quelque peu. La collection remplit à moitié son pari : pas de sexe, ce qui est bien pour les plus jeunes ou les lecteurs / lectrices rêvant de romantisme, mais pour l’instant on ne voit pas bien où les sentiments des protagonistes nous emmènent ...