Gunslinger girl Vol.4 - Actualité manga

Gunslinger girl Vol.4 : Critiques

Gunslinger girl

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 23 Mars 2010

Tandis que Mario Bossi, ancien de la Padania (mafia), qui devait servir de témoin dans un procès et qui avait échappé au bureau d'aide sociale, les origines de Triela sont révélées.

La première partie de tome est consacrée à Claes, dont on avait appris le passé dans le tome 2. Ici, c'est le quotidien de la jeune fille qui est décrit, un quotidien morne. Vaquant à ses occupations (jardinage, lecture) pendant que ses comparses sont en mission, Claes apparaît bien solitaire depuis la mort de son tuteur. Toute en finesse, à travers une succession de pages sans dialogues, ce passage tranche de vie, par sa douceur, est tout à fait désarmant.

Après s'être intéressé à Pinocchio et aux artificiers, l'auteur s'embarque sur Mario Bossi, déjà aperçu dans le premier tome, ainsi que sa fille. Le duo Triela-Hischler est mis en avant, puisque chargé de la protection de Maria Bossi, caricature de l'adolescente italienne sans doute (football, fringues, caractère délirant). Maria reste néanmoins très attachante. Ce sont surtout les discussions entre cette adolescente normale et Triela, l'aînée des cyborgs d'habitude si sage et prévoyante, qui sont touchantes. Triela, en tant que garde du corps, est habillée comme tel. Gagnant énormément en maturité, vieillie, elle n'apparaît non plus comme une fillette mais comme une femme. On ne s'attendait pas forcément à ce que l'auteur joue avec ses personnages de la sorte, et le lecteur est véritablement sous le charme de cette Triela mature.

Aida se lance de nouveau dans les flash backs. Le premier, court, dévoile quelques éléments du passé de José. Quant au second, beaucoup plus long, il nous plonge dans le passé d'Hischler, montrant notamment sa première rencontre avec Triela. Il en ressort un des meilleurs moments de la série, sans doute le plus marquant et déstabilisant ! En effet, Yu Aida s'intéresse au phénomène (réel ou invraisemblable ?) des snuff movies, ces films amateurs courts et mal filmés mettant en scène des meurtres réels ou des viols d'enfants. Un sujet pour le moins périlleux à traiter dans un manga. Mais Yu Aida s'en sort avec brio, en ne versant jamais (ce n'est pas le but !) dans l'obscène ou dans les propos dangereux. Il n'a choisi ce phénomène que pour illustrer la gravité et la souffrance de ses personnages, enrichissant par là même le rôle du bureau d'aide sociale. Quel est le meilleur sujet pour un lavage de cerveau et une thérapie par cybernétisation ? Qui mérite cette seconde chance ? Certainement la victime d'un snuff movie d'après ce que l'on peut voir ici.

On passe aussi dans ce tome sur des thèmes ambitieux, notamment de la géopolitique européenne et du contre-terrorisme, puisque le flash back sur les snuff movies se déroule à l'étranger, mettant en scène différents organismes, différentes coopérations, des polices judiciaires nationales, Europol. Quand on vous dit que Yu Aida maîtrise son scénario, cela ne tient pas de l'emphase !

En traitant les différents sujets, avec une subtilité attendue et de rigueur, Yu Aida peut être érigé comme un nouveau maître du seinen. Le traitement des personnages et les sujets évoqués sont à la fois surprenants et intenses. C'est du jamais vu dans un seinen et c'est tant mieux, car il n'est pas certain que d'autres auteurs évoqueraient cela avec des intentions aussi saines.

L'apparition d'une nouvelle cyborg, Beatrice, reste dans ce contexte finalement anecdotique.
Le graphisme est toujours agréable. Le récit n'en est que plus dynamique.

L'édition d'Asuka est à la hauteur, puisque l'on peut profiter d'un bonus de fin fort intéressant sur les snuff movies justement. Beaucoup de sagacité et de lucidité ressortent de cette postface. Quand bien même est-elle courte, les propos sont pertinents.

Ce tome 4 de Gunslinger girl est un excellent seinen, proposant de la pulpe de tranches de vie à l'intérieur, de l'action et des thèmes variés, matures, traités avec circonspection.


Rogue


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
RogueAerith
19 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs