Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 11 Juillet 2024
Alors que Jeanne, Frado et Nâ font route vers la capitale, sur place la situation est devenue critique: Meadows a fait emprisonner la petite Lou qui a fait une surprenante rencontre dans sa geôle en la personne de l'ancien roi Yvan, et le roi des démons a refait son apparition, cinquante ans après avoir été vaincu, pour se venger de la reine-mère et des autres humains ayant fait du mal à son peuple. Dans ces conditions inquiétantes, quel sort attend chacun des personnages ? L'histoire va-t-elle se répéter pour celle qui fut autrefois une héroïne avant de tomber dans l'oubli et d'être traitée comme une sorcière ? Quel place aura son gros matou ?
Au fil d'un volume assez classique dans sa finalité; mais rythmé par différents courts affrontements et des retournements de situation bien agencés, Hiro Kashiwaba a sans aucun doute un grand mérité, à savoir l'excellente gestion de son scénario jusqu'au bout, dans la mesure où chaque personnage trouve ici sa place, son rôle, ses derniers développements et une issue valable. Et même si, bien sûr, il est difficile d'en dire beaucoup plus là-dessus sans spoiler, on peut tout de même souligner la place de figures du passé comme le dragon ou encore Yvan et la forme de rédemption qu'il trouve, les derniers développements sur le passé de Jeanne et plus encore sur Meadows (ce qu'elle a traversé expliquant beaucoup pourquoi elle est devenue comme ça, ayant elle-même été une victime de l'horreur dont sont capables les hommes), la mise en valeur de différentes relations entre passé et présent... sans oublier, bien sûr, l'unicité que le gros chat Nâ apporte à l'oeuvre. Car après avoir eu un rôle plus standard voire un peu secondaire dans les tomes centraux de la série (même si ses apparitions félines étaient toujours un régal), le matou acquiert ici une véritable place essentielle, ses caprices de chat laissant toujours place au bon moment à des actes protecteurs et affectueux envers les personnes en qui il tient, la plus importante étant évidemment pour lui Jeanne, qu'il serait prêt à suivre jusqu'au bout du bout. Et ces différentes facettes, en plus de nous faire alterner entre les émotions et de ne pas être totalement idéalisées (il y aura quelques sacrifices et disparitions assez touchantes, qu'on se le dise), se voient très souvent fort bien portées par une construction narrative nous rappelant un peu la maestria du tome 1, en jonglant soigneusement entre présent et passé, entre les actes actuels et les souvenirs et autres petits flashbacks qui sont toujours très bien placés quand il le faut.
A l'arrivée, on a un volume final qui, sans atteindre la surprise du premier tome et sans avoir la prétention d'offrir un déroulement très original, accomplit impeccablement son rôle, dans la mesure où on le referme sur une satisfaction totale, en ayant le sentiment que tout a été très bien bouclé. Et au bout d'un dernier chapitre en forme d'épilogue lui aussi très soigné, même les toutes dernières pages, dans l'ouverture un peu plus audacieuse qu'elles offrent, nous laissent sur une impression très plaisante. Ainsi, Le Gros Chat et la Sorcière Grincheuse fut, dans l'ensemble, et plus encore dans son premier tome et lors de cet ultime opus, une très jolie lecture, facilement attachante et qui se suffit très bien à elle-même, le tout en un nombre de volumes très raisonnable, sans paraître trop rapide ni se rallonger inutilement.