Gros Chat et la Sorcière grincheuse (le) Vol.3 : Critiques

Depuis qu'elle a invoqué Nâ, bien étonnant et amusant matou géant, le quotidien de Jeanne a bien changé, et sa solitude continue d'être brisée par de nouvelles arrivées dans sa vie, à savoir celles de Lou, enfant-esclave elfe en fuite, et de Frado, costaud ancien chevalier de la famille royale. Leur vie ensemble se poursuit de manière assez chaleureuse mais aussi rigolote, à l'image de la façon dont Frado veille à ce que Lou ne soit pas arnaquée par les marchands du village, ou encore des inévitables petites lubies et frasques de Nâ, félin que l'on apprécie toujours de suivre par-ci par-là dans sa routine et dans ses tentatives (parfois incomprises) de soutenir ses proches à sa manière, la présence de cet énorme boule de poils étant bel et bien devenue essentielle.

Les choses auraient pu s'arrêter là, mais le fait est qu'une sombre menace se confirme: le roi des démons tente de recouvrer son pouvoir, les monstres commencent à pulluler, une horde de créatures menace de dévaster la capitale... et le jeune roi Robins reste impuissant, trop couvé par sa mère depuis l'enfance alors qu'il aimerait aider le peuple et suivre l'exemple de son père le héros. Une situation d'autant plus critique que la reine Meadows, réelle gérante du pouvoir, ne semble aucunement s'inquiéter de la situation et reste dans son confort, en plus d'être d'une sévérité absolue en ordonnant l'exécution de quiconque lui déplaît. Quand celle-ci ordonne la mise à l'abri de Robins dans une région frontalière sans que celui-ci ait son mot à dire, le jeune roi ne peut pas encore imaginer que son tumultueux voyage va le place face à une certaine forêt et une certaine sorcière que son père a bien connus...

L'enjeu principal de ce troisième tome se situe là: la rencontre du roi, qui cache son identité pour l'occasion, avec Jeanne (dont il ignore qu'elle est en réalité l'héroïne d'autrefois) et sa petite troupe, et les conséquences que cette rencontre va avoir. Prenant conscience des dangers qu'encourt le peuple mais aussi de sa propre faiblesse, Robins apparaît comme un jeune garçon en réalité gentil et soucieux des autres, notamment lors de ses sorties avec Lou. Mais sa faiblesse, due à son éducation trop protectrice, a besoin d'être effacée, alors qui de mieux que Frado pour ça ? Enfin, son passage dans la forêt lui rappelle certains moments passés sur place avec son père le héros, ce qui nous confirme que ce dernier avait des regrets et n'avait pas forcément oublié Jeanne. Même si c'est un peu rapide, et même si pendant ce temps-là la reine-mère apparaît vraiment très très tyrannique, égoïste et incompétente à l'extrême, le mangaka Hiro Kashiwaba gère soigneusement toute cette phase, notamment en faisant ressortir la convivialité régnant désormais chez Jeanne, alors qu'elle et ses différents compagnons, encore peu de temps auparavant, étaient enfermés dans la solitude chacun à leur manière. Et tout en se régalant de certaines planches une nouvelle fois charmantes (les bouilles de Nâ sont toujours un délice), on appréciera aussi les instants où la narration se fait plus subtile, comme quand le mangaka parvient à nous faire comprendre, sans le dire, juste avec quelques indices, que Jeanne n'est pas dupe sur l'identité de son nouveau pensionnaire.

On reste alors sur une lecture pleine de charme avec ce troisième tome où l'auteur continue, assez savamment, de faire doucement avancer son histoires et ses personnages, jusqu'à nous laisser sur des toutes dernières pages on ne peut plus intrigantes.