Green Blood Vol.1 - Actualité manga

Green Blood Vol.1 : Critiques

Green Blood

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 24 Juillet 2013

Critique 1


Après la fresque personnelle et historique Rainbow et l'horreur de Hideout, Masasumi Kakizaki, dessinateur virtuose, s'essaie encore à un autre genre avec Green Blood, oeuvre un peu hybride, flirtant d'un côté avec les oeuvres à la Gangs of New York pour son déchirement de bandes dans le New York de la fin du 19ème siècle, de l'autre côté avec les westerns classiques à base de duels et autres missions sanglantes dans une Amérique pas encore pleinement modernisée.

Pour vendre le titre, on a pu compter sur une campagne de pub importante des éditions Ki-oon, qui ont mis le paquet entre des focus sur la série, des publicités dans le métro parisien et aux abords de Japan Expo, et une exposition pendant le salon. Mais derrière un succès qui semble déjà annoncé, que cache exactement cette série qui vient tout juste de se boucler au Japon avec son cinquième tome ?

Les premières pages ont le mérite de rapidement planter le décor : celui du quartier de Five Points, quartier de Manhattan qui s'est développé après la Guerre de Sécession et le début d'une nouvelle ère pour l'Amérique, au coeur d'une ville de New York commençant à attirer une immigration de masse espérant pouvoir vivre le rêve américain. Mais à Five Points, le rêve américain n'est rien d'autre qu'un cauchemar. Accueillant tous les laissés pour compte, le quartier est devenu le pire ghetto du monde, ravagé par les meurtres, la prostitution, les persécutions religieuses et la corruption, le tout sous l'égide de plus d'une vingtaine de gangs.
C'est dans ce cadre que tente de vivre Luke Burns, jeune garçon arrivé d'Irlande avec son grand frère Brad, et survivant à l'aide d'un travail éprouvant. Naïf, il tente de rester dans une voie honnête et de venir en aide aux autres alors même que l'horreur est partout. Les jours se suivent pour lui, alors qu'il continue d'ignorer que son frère Brad n'est autre que le Grim Reaper, le plus redoutable assassin du quartier, à la solde des Grave Diggers, le plus dangereux des clans mafieux...

Il ne faut pas attendre longtemps pour apprendre tout ça : Masasumi Kakizaki ne joue pas du tout la carte du mystère autour de l'identité réelle de Brad, d'autant que les rares énigmes le concernant se devinent très facilement. Ainsi, la principale raison le poussant à commettre les crimes les plus odieux est on ne peut plus banale, mais il reste à voir ce que l'auteur en fera. Pour l'heure, il se contente d'introduire la chose, au gré de quelques contrats pas bien originaux, qui sont toutefois l'occasion d'insister un peu plus sur certaines facettes sombres de Five Points : la corruption des forces de l'ordre, la prostitution et la misère ainsi que l'insécurité dans lesquelles sont contraintes de vivre les femmes vendant leur corps, les excès d'autorité de certains puissants, les persécutions exercées par les Protestants sur les immigrés Catholiques... Ca se suit sans déplaisir, mais le problème vient du trop grand classicisme de l'ensemble : on devine tout à l'avance, et les missions accomplies par le Grim Reaper se contentent d'étaler sommairement ce qui est expliqué au début, quand il ne s'agit pas de nuancer de façon très basique un Brad qui s'en veut d'agir tel qu'il le fait mais qui y est contraint. Le cliché du ténébreux pas totalement méchant, en somme.
Et pendant ce temps là, l'aspect guerre de gangs peine à réellement décoller, les quelques contrats ne suffisant pas à développer la chose, et les quelques interrogations autour du déclin des Grave Diggers et de leur boss étant fort peu mis en avant. Quant à Luke, n'en parlons pas : pour l'heure, il est creux et transparent. Seuls sa naïveté et son bon fond ressortent par-ci par-là de façon sommaire, de même que sa relative crétinerie. Sincèrement, il ne s'est jamais posé de questions en voyant la main scarifiée de son frère alors que celui-ci est censé être sans travail ?

Pour l'heure, Green Blood reste donc assez creux côté histoire, se contentant d'accumuler une tonne de poncifs sans réellement développer grand chose. Il y a une base, que l'on espère voir décoller dès le deuxième tome, notamment grâce au petit rebondissement prévisible des dernières pages.

Dans l'immédiat, c'est donc surtout sur le plan visuel que Green Blood bluffe.
On y retrouve le trait hyper dense et taillé à la serpe de Kakizaki. Les décors sont extrêmement nombreux, les bâtiments sont croqués avec beaucoup de richesse, les traits sont sombres, les nuances de gris/noir sont plutôt impressionnantes, et l'on retrouve aussi les doubles pages figées typiques du mangaka, de celles qui annoncent la couleur en un clin d'oeil.
Quant à la mise en scène, elle s'avère étonnamment assez posée : les passages d'action restent succincts, les effusions sanglantes aussi. L'auteur joue beaucoup plus sur l'ambiance sombre que procure son travail graphique, et il s'appuie également sur un découpage lui aussi très classique : un peu à la manière de ce que fait Ryôji Minagawa sur Peacemaker, l'auteur offre des cases très propres, bien délimitées, où il n'y a jamais de débordement, et il se crée alors un contraste avec l'aspect sombre et dense des dessins, pour un résultat qui accentue une ambiance rétro malsaine.
Toutefois, on peut regretter l'aspect très caricatural des personnages. Les méchants sont tous des sales gueules en puissance (mention spéciale au flic corrompu avec ses deux dents de devant qui dépassent), Luke est très propre et paraît un peu trop naïf jusque dans son physique, et Brad a évidemment tous les clichés du ténébreux qui poursuit un sombre objectif.

Virtuose dans ses graphismes porteurs d'une ambiance immersive, le premier tome de Green Blood souffre toutefois d'un trop grand classicisme, que ce soit dans l'apparition d'un fil rouge qui peine à décoller, dans le développement de personnages tous transparents hormis Brad le bad boy ténébreux, ou dans le développement très artificiel du quartier de Five Points, de sa misère, de ses dangers et de ses rixes entre gangs. C'est plaisant à parcourir, mais on attend plus de la suite.

Côté édition, Ki-oon livre une belle copie, avec papier de qualité, premières pages en couleur, bonne traduction.


Koiwai (14/20)


Critique 2

Il était attendu celui là ! Et bien le voilà, arrivant avec la Japan Expo, « Green Blood », dernier gros titre de Ki-oon après Cesare est enfin accessible pour tous ceux qui l’attendaient ! Et Ki-oon a tout fait pour qu’il soit très attendu !
C’est aussi l’occasion de retrouver Masasumi Kakizaki, auteur des déjà très bons « Rainbow » et « Hideout », un auteur de talent, au style très reconnaissable qui a sa propre patte…et quelle patte !

A la fin du 19e siècle, après la guerre de sécession, les Etats Unis n’ont rien du merveilleux pays que les immigrants espèrent trouver, en particulier les Irlandais qui sont mis au banc de la société.
Dans le quartier de « Five Points », les gangs règnent en maître, et le plus redouté d’entre eux, les Grave Diggers, est en train de perdre sa suprématie.
Alors que le jeune Luke tente de s’en sortir avec un travail honnête, son frère aîné, Brad, est connu sous le nom de « Grim Reaper », le plus craint et meurtrier des assassins du gang Grave Digger. Voulant préserver son jeune frère, Brad lui cache ses activités macabres…

Le volume s’ouvre sur un meurtre sordide histoire de nous plonger directement dans l’ambiance sombre et glauque de la série, ambiance que l’auteur affectionne et maîtrise particulièrement. Comme ça les choses sont claires, pas de surprises, nous auront droit à un titre violent qui va nous plonger dans l’enfer des gangs ayant construits l’Amérique !
Dés les premières pages, difficile de ne pas penser à une référence aussi évidente que « Gangs of New York », chef d’œuvre traitant du même sujet et également très violent. Et bien comme dans le film de Scorcese, ici la violence n’est pas gratuite, elle n’est pas contemplative, elle est froide, injuste et rageante, il s’en dégage un profond sentiment d’injustice, mais elle a un sens, elle symbolise la dureté de la vie à cette époque, elle est terrible à l’image de cette jeune fille à peine arrivée par bateau qui va se faire détrousser et violer avant d’être tuée, uniquement pour le plaisir de quelques hommes égoïstes, et ce dans l’indifférence générale. Une scène dure, difficile à supporter mais symbolique d’un lieu et d’une époque.
L’auteur nous expose son antithèse du rêve Américain, celui ci n’existe plus, il n’est plus qu’un fantasme perdu et oublié qui désormais se noie dans le sang et la boue. Et pourtant nos deux héros semble se raccrocher à quelque chose, des vestiges de ce doux rêve, promettant une vie meilleure. L’un veut rester fidèle à ses principes et veut atteindre son rêve honnêtement, l’autre passe par des moyens plus rapides et plus radicaux, quitte a vendre son âme…mais il peut bien sacrifier son âme pour sauver son jeune frère.

Pour le moment l’auteur distille quelques éléments d’informations sur les personnages, le back-ground, leurs motivations, et en ce qui concerne ces dernières pour Brad, elles semblent aussi sombres et sordides que l’univers du titre.

L’auteur nous propose une galerie de personnages et un univers immédiatement séduisants, Brad, outre le fait de posséder une classe folle avec son gunblade (merci Final Fantasy VIII), s’annonce comme un personnage riche et complexe, tiraillé entre le bien et le mal, un personnage anti manichéen donc forcément intéressant. Pour autant il n’est pas particulièrement original, on a déjà vu ce genre de personnages cent fois. Ce qui est plus original c’est le mélange western / guerre des gangs.

La série s’annonce courte, en seulement cinq volumes cette dernière promet d’aller directement à l’essentiel sans s’étirer outre mesure, mais paradoxalement on peut commencer à redouter que certains évènements aillent trop vite, que tout se déroule sans qu’on ait le temps de savourer, on redoute un traitement expéditif.
Pour l’heure l’auteur traite avec un personnage absolument détestable, qui n’est pas sans rappeler le « Yellow bastard » de Sin City, qui sera le déclencheur de grands changements pour notre héros et donc qui va orienter la série.

La narration de l’auteur est intelligente, maîtrisée, tout comme son trait reconnaissable aisément. Graphiquement l’auteur est sans conteste très talentueux, non seulement les personnages sont très réussis, malgré un certain cliché de « sales gueules », mais en ce qui concerne les arrières plans, c’est tout simplement bluffant.
On retrouve ses traits de lumière venant percer l’obscurité, comme pour symboliser un fort moment de tension, mais ce procédé demeure très particulier et peut se poser la question de son utilité et de son intérêt. On aime ou pas (perso je n’aime pas). Mais à l’issue de ce premier tome c’est bien la seule chose qu’on pourrait réellement lui reprocher tant le volume s’avère passionnant et nous pousse à attendre la suite avec impatience !

erkael (17/20)


Critique 3
 
Au XIXème siècle, la misère règne dans le pire bidonville du monde à Manhattan, le Five Points. Les immigrés irlandais catholiques sont la proie des gangs : les hommes triment pour une misère, les femmes se prostituent, tous risquent la mort pour leur différence. C’est dans ces conditions de vie difficiles que vivent Luke et Brad Burns, deux jeunes irlandais. Le plus jeune, Luke, a foi en l’avenir et travaille chaque jour plus dur pour ramener un peu d’argent. L’ainé, Brad, est actuellement sans emploi. Ou du moins officiellement. En réalité, il travaille pour le gang des Grave Diggers, où il officie en tant qu’assassin nocturne. S’il est entré dans ce monde ténébreux, c’est pour une raison précise : la vengeance.

Après Hideout, Ki-oon nous offre une nouvelle série de Masasumi Kakizaki, déjà connu pour sa série longue Rainbow chez Kazé.
Qu’on se le dise, le scénario ne brille pour l’instant pas par son originalité : un grand homme ténébreux devient un assassin à la solde d’un gang pour se venger. De même, l’histoire enchaine les clichés : les flics véreux ont des sales gueules comme on en a rarement vu, des meurtres ont lieu en pleine rue sans que personne ne trouve rien à redire, Luke Burns est un personnage trop naïf pour être crédible.

Et pourtant, le volume se lit tout seul. Quelle en est la raison ? D’une part, le dessin y est pour beaucoup. Ceux qui n’ont pas l’habitude de Kakizaki seront incroyablement bluffés par son trait, précis, détaillé et d’une remarquable fluidité. Kakizaki est probablement l’un des meilleurs dessinateurs de son époque, tout simplement. Et pour Green Blood, il s’amuse avec les jeux d’ombre et d’obscurité pour nous offrir une ambiance glauque à souhait. Une chose est sûre, le lecteur peut passer son temps à admirer les planches du manga tant elles respirent la richesse et la beauté. L’esthétisme réside également dans la mocheté extrêmement détaillée des « mauvais » personnages, comme les flics véreux ou le fils du boss.

De même, l’auteur est un bon narrateur et un bon créateur d’ambiance. Si l’intrigue n’apparait pas originale pour l’instant, le cadre est toutefois quasiment inédit : peu de manga, voire aucun, parlent des gangs et des Irlandais à l’Est des Etats-Unis du XIXème siècle. De ce point de vue, Green Blood n’est pas un western, mais un étrange mélange d’Histoire américaine et d’intrigues mafieuses. Ensuite, le découpage est vraiment prenant. Kakizaki sait nous montrer l’image qu’il faut au moment opportun, non pas pour nous faire frissonner, mais pour saisir notre attention.

En fin de compte, Green Blood est un manga axé sur la cinématographie : le lecteur est absorbé par l’esthétisme de l’image et du rythme de lecture. Rien que pour cela, Green Blood est un manga qui vaut le coup d’œil. Reste qu’un scénario un peu plus élaboré dans les prochains tomes serait plus préférable, car pour l’instant, aucune véritable surprise. D’autant plus que cinq tomes pour boucler l’histoire, c’est court.

D’un point de vue éditorial, le moins qu’on puisse dire, c’est que Ki-oon en a fait le cheval de bataille de cette Japan Expo 2013 : elle est l’une des séries de l’éditeur mises en valeur jusque dans le métro parisien, à renfort de grandes affiches. Comme à son habitude, Ki-oon a soigné sa copie : le papier est de très bonne qualité, l’impression est exemplaire, et on appréciera les premières pages couleur, qui nous permettent d’admirer le trait de Kakizaki en couleur. La traduction est également de bonne facture.
 
Raimaru (17/20)

Critique 3 : L'avis du chroniqueur
Raimaru

17 20
Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Erkael

17 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs