Goût du melon (le) Vol.1 - Actualité manga

Goût du melon (le) Vol.1 : Critiques

Melon no Aji

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 30 Octobre 2023

Mangaka qui était encore inédite en France il y a quelques mois mais qui est active professionnellement au Japon depuis 2014 essentiellement dans le yaoi (elle s'est aussi offert quelques brèves incursions dans le seinen/josei), etsuko a eu droit à sa toute première publication dans notre langue au mois d'avril dernier grâce aux éditions Hana qui ont sorti simultanément les deux tomes du Goût du melon, une série que la mangaka a publiée au Japon en 2020-2021 pour le compte du magazine Ihr HertZ de l'éditeur Taiyô Tosho sous le titre Melon no Aji (dont le titre français est une traduction littérale).

On découvre ici Nakajô et Kiuchi. L'un est serveur dans un live house, quand il ne vivote pas dans son appartement assez luxueux et très bien situé. L'autre est un client de ce live house qui apparaît souvent comme un playboy avec les filles, et qui vient juste de se faire jeter par sa copine avec qui il avait récemment emménagé après seulement quelques mois de relation, si bien qu'il se retrouve soudainement à la rue. Par la force des choses, Nakajô se retrouve à héberger temporairement Kiuchi, et cette situation risque bien de les changer tous les deux...

Avec ce premier tome, on navigue dans des ficelles initiales très classiques. Sur la base d'une cohabitation impromptue, les deux personnages principaux vont, petit à petit, se découvrir, jusqu'à probablement voir naître entre eux deux une relation spéciale. D'un côté se trouve donc Nakajô, un homme dont la nonchalance cache certaines choses, entre sa façon très carrée de vivre dans son appartement, le fait que cet appartement soit payé par sa mère pour "éviter certains ennuis", le rapport difficile qu'il a avec cette mère depuis qu'elle sait qu'il est gay, ou encore sa relation amoureuse difficile avec un homme qui le trompe sans arrêt. De l'autre côté, il y a Kiuchi, garçon naturel, spontané et en réalité assez éloigné de l'image de playboy qu'on pourrait facilement se faire de lui, ayant quelques problèmes de santé au niveau des bronches qui auront sans aucun doute leur importance par la suite, et qui a lui aussi ses petits tourments passés et présents.

La recette n'a rien de spécialement neuf, mais etsuko a une manière plutôt séduisante de conter son histoire, notamment grâce à l'atmosphère assez mûre qui s'en dégage, mine de rien, autour de ces deux hommes qui sont assez différents à la base mais qui vont se dévoiler par petites touches au fil d'une narration bien dosée, en se poussant peu à peu vers l'avant mutuellement (par exemple, la spontanéité de Kiuchi pourrait pousser Nakajô à faire des efforts pour mieux se respecter lui-même, jusqu'à prendre sa décision concernant son petit ami qui le trompe). Mais c'est aussi au contact de certains personnages secondaires, comme le petit Taiki délaissé par sa mère indigne, que l'on apprend à cerner un petit peu plus ces deux garçons. Certains autres éléments en particulier viennent nous titiller assez bien, à l'image du souci de santé de Kiuchi et de la petite symbolique autour du goût chimique et pourtant reconnaissable des confiseries au melon. Et enfin, il y a le style visuel de l'autrice qui accompagne plutôt bien sa narration posée: comme le laissent deviner les jaquettes, il y a en premier lieu ses designs assez profonds, bien mûris et à l'expressivité souvent contenue. Mais son travail sur les décors est lui aussi assez intéressant pour servir l'ambiance: ces décors sont très classiques mais ont souvent un rendu "flou" pour les extérieurs, comme pour symboliser le côté un peu perdu de nos héros.

Côté édition, on ne le dira jamais assez: c'est bien beau de conserver les suffixes japonais ("-san", etc), mais concrètement ça alourdit pas mal la lecture, en plus de ne pas se justifier dans cette série-ci. A part ça, on reste tout de même sur une traduction très claire et satisfaisante de la part de Laurie Asin, avec en prime une qualité de papier et d'impression très honnête, la présence de quatre premières pages en couleurs, un lettrage assez propre, et une jaquette restant proche de l'originale japonaise.

Globalement classique, l'histoire du Goût du melon capte néanmoins facilement l'intérêt grâce à la patte visuelle intéressante d'etsuko, à sa narration assez posée et mûre, et à ce qui pourrait attendre les personnages. Au vu de la maladie de Kiuchi et de certaines paroles un brin fatalistes (celles de la dernière page en tête), on n'est peut-être pas à l'abri de quelques surprises plus prégnantes dans le deuxième et dernier tome.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.75 20
Note de la rédaction