Golden Sheep Vol.1 - Actualité manga
Golden Sheep Vol.1 - Manga

Golden Sheep Vol.1 : Critiques

Kin no hitsuji

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 10 Juin 2020

Découverte aux éditions Doki-Doki entre 2011 et 2013 avec l'excellent shôjo d'aventure Immortal Rain, Kaori Ozaki a ensuite fait le bonheur des éditions Delcourt/Tonkam a deux reprises, avec le très juste et touchant one-shot Our summer Holiday en juin 2017, puis avec le très bon recueil Mermaid Prince en mai 2019. L'éditeur démontrait ainsi son fort intérêt pour cette mangaka de qualité mais peu prolifique, et cet intérêt se confirme encore en ce mois de juin 2020, qui voit débarquer dans notre langue sa dernière série en date, Golden Sheep. De son nom original Kin no Hitsuji, cette série finie en 3 tomes a été publiée de 2017 à début 2019 dans le magazine Afternoon des éditions Kôdansha.

Six ans. Six ans que Tsugu Miikura, adolescente de caractère, toujours avec sa guitare sur le dos comme un totem, a dû quitter sa ville natale pour aller à Osaka avec sa famille, laissant derrière elle ses trois plus précieux amis: Asari alias Sally, jeune fille plutôt discrète, Sora Ôtomo, garçon un peu réservé rêvant devenir mangaka, et Yûshin Kashima, jeune garçon protecteur, issu d'une bonne famille et délégué de classe. Avant de partir, la fillette a eu l'occasion d'enterrer avec ses amis une capsule temporelle sous la "Tour des Moutons" du parc Golden Sheep de la ville, car selon la légende si on écrit un souhait, qu'on l'enterre sous cette tour et qu'on le déterre 7 ans et 7 mois plus tard il se réalisera. Et au moment de partir, tous les 4 se sont promis de toujours rester en contact et de toujours rester amis. 6 ans plus tard, la voici enfin de retour dans cette petite ville entourée par les montagnes, sa famille étant revenue habiter là après que son père soit "devenu une étoile"... Tsugu, pleine de peps, d'optimisme et d'"esprit rock" avec sa guitare laissée par son père et dont elle joue très bien, en est certaine: elle retrouve Asari, Sora et Yûshin tels qu'elle les a laissés, et son amitié avec eux est sans nul doute restée intacte. mais en six années, bien des choses peuvent changer...

Golden Sheep se présente donc comme le récit d'une amitié bafouée, à cette période de la vie trouble qu'est l'adolescence. On adore d'emblée l'héroïne, car bien que peut-être un peu naïve dans sa vision idéale des choses (elle mettra un tout petit peu de temps pour constater ce qui ne va pas ou plus entre ses amis), elle démontre un sacré tempérament qui dynamise grandement les pages, jusqu'à une dernière partie de volume où elle n'hésite pas à prendre une décision assez osée. Une fille très rock, en somme. D'ailleurs, c'est la bonne vieille musique rock/métal qu'elle aime (Deep Purple, Led Zeppelin...avec un petit lot de références rapides ayant de quoi ravir les fans), un héritage laissé par son père en même temps que sa guitare, tandis qu'elle ne connaît rien aux musiques plus modernes. Et c'est à travers son regard et ses pas qu'on la voit retrouver avec joie ses trois précieux amis d'enfance, puis comprendre petit à petit qu'en six ans, ils ont pu vivre des choses les ayant changés, pas forcément en bien...

Et ça, on le comprend dès les premières pages, où l'on voit Sora tenter de mettre fin à ses jours avant que Tsugi ne vienne le sauver. Toute une partie du volume va ensuite jouer sur une chose: la lente découverte de ce qui ne va plus dans cette amitié d'autrefois que notre héroïne espérait retrouver intacte. Et sur ce point, même si Asari intrigue assez dans la négativité qui découle de ses sentiments, ce sont surtout Sora et Yûshin qui sont mis en avant, l'un étant devenu le souffre-douleur de l'autre pour des raisons que l'on découvrira au bout d'un certain temps. Et concrètement, chaque cas permet alors à Ozaki de jouer sur des choses assez humaines autant positivement que négativement: pour Asari le sentiment d'exclusion (elle n'a pas pu participer à la capsule temporelle enfant) et la jalousie amoureuse où elle se sent trahie par Tsugu, pour Yûshin les brimades due à un tort paternel (ou quand les enfants paient les erreurs de leurs parents...), pour Sora les regrets et le dégoût de soi... La mangaka parvient ainsi à brosser un portrait assez riche, et d'autant plus juste qu'il évite d'en faire trop. Surtout, malgré les coups durs Ozaki parvient à conserver un ton pas trop sombre qui doit beaucoup à la façon d'être de son héroïne. Et une idée se dégage facilement de tout ceci: les non-dits où, entre Asari qui ne dit pas ce qu'elle ressent ou Sora qui n'a jamais su dire à Yûshin ce qu'il voulait, les problèmes viennent souvent d'une difficulté à tout simplement se dire les choses.

Visuellement, on retrouve tout le charme du style d'Ozaki, avec un dessin à la fois expressif dans les designs, et très clair voire un brin épuré dans les décors, afin de se focaliser avant tout sur ces héros en mal-être, sur leurs proches et sur leur pas. La narration, ponctuée de quelques petits flashbacks expliquant peu à peu certaines choses, est assez classique mais d'une limpidité exemplaire.

Il faudra attendre de voir plus concrètement ce que nous réserve ce scénario par la suite, mais dans l'immédiat ce premier volume de Golden Sheep n'a aucun mal à nous immerger, de par le style d'Ozaki et la réussite de ses personnages, son héroïne en tête.
     

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.25 20
Note de la rédaction