Goddesses Cafe Terrace Vol.1 - Actualité manga
Goddesses Cafe Terrace Vol.1 - Manga

Goddesses Cafe Terrace Vol.1 : Critiques

Megami no Cafe Terrace

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 08 Août 2023

Avec les séries Suzuka, A town where you live, Fûka, Half & Half et Hitman, voici déjà plus d'une quinzaine d'année que Kouji Seo s'est installé comme un auteur récurrent du catalogue de Pika Edition, essentiellement dans un registre surfant entre la tranche de vie et la comédie romantique, avec plus ou moins de réussite au fil des nombreux volumes qui jalonnent désormais sa carrière. Il n'y a donc rien d'étonnant à le voir revenir en France depuis le mois dernier avec sa derrière série en date, Goddesse Cafe Terrace alias Megami no Cafe Terrace dans son éditions japonaise originale. Toujours en cours dans son pays d'origine avec 11 tomes parus à l'heure où ces lignes sont écrites, cette nouvelle oeuvre est prépubliée là-bas depuis 2021 dans le Weekly Shônen Magazine, le principal magazine shônen des éditions Kôdansha, dans lequel Seo avait déjà proposé ses précédentes séries longues. Notons que le timing de la sortie française est très bon puisque le manga vient tout juste de connaître une première saison animée, et qu'une deuxième saison est d'ores et déjà prévue.

Cette nouvelle histoire nous plonge auprès de Hayato Kasukabe, jeune garçon qui, alors qu'il vient de réussir le concours d'entrée à la prestigieuse université Tôdai, apprend que sa grand-mère est décédée quelque temps auparavant, en lui laissant pour unique héritage sa maison et son café délabré en bord de mer. Cela faisait trois années que Hayato n'était pas revenu en ce lieu, suite à une dispute avec sa grand-mère dont, désormais, il ne se rappelle même plus la raison. Mais alors qu'il compte tout simplement faire raser la maison et le café pour faire construire des rentables parkings à touristes à la place, son retour dans l'habitation lui réserve une étonnante surprise, ou plutôt cinq surprises: cinq jeune fille y résident en affirmant être de la famille de la défunte grand-mère, chose impensable pour Hayato ! Mais alors qu'il compte tout bonnement expulser les cinq "parasites" pour mener à bien son projet de parkings, un concours de circonstances ainsi que de vieux souvenirs de sa grand-mère vont changer la donne jusqu'à lui faire prendre une étonnante décision: il se donne un an (prenant donc une année sabbatique vis-à-vis de Tôdai) pour rouvrir le café et en faire un lieu incontournable des environs, et compte bien avoir l'aide des cinq résidentes recueillies par sa grand-mère pour l'épauler ! Mais entre les premières épreuves jusqu'à la réouverture, le difficile apprentissage des bases de la gestion d'un café, et les personnalités parfois caractérielles des cinq miss, ce sera peut-être plus facile à dire qu'à faire... Au bout de cette cohabitation peu commune, les cinq filles deviendront-elles les déesses du café, ou celles qui en causeront définitivement la perte ?

On doit bien l'avouer, on n'attendait pas grand chose de la nouvelle série de Kouji Seo, au vu du synopsis tenant sur un fil nylon: un jeune garçon se retrouvant à cohabiter avec cinq belles jeunes filles, un café voué à prendre des allures de maid cafe au vu des uniformes de ces dernières, un enjeu principal qui semble quasiment inexistant... Tout ceci sent bon la comédie harem un peu insipide, et malheureusement les premières dizaines de pages ne nous donnent pas tort.
Non seulement, parce que la première rencontre de Hayato avec les filles sont pourries par de l'ecchi bien lourd comme l'auteur en est friand. Alors oui, ça flatte l'oeil grâce au dessin de l'auteur qui est ravissant dans son genre, mais qu'est-ce que c'est mal amené, et ça durera régulièrement par la suite, la plupart du temps avec de bons vieux clichés qui ont été rincés au fil des années (coucou la jolie fille toute douce et timide à gros seins qui devient totalement lubrique dès qu'elle boit un petit peu d'alcool... Oh, et mine de rien, à un moment Riho tente tout bonnement de la prostituer auprès de Hayato pour le faire chanter, c'est beau).
Mais aussi car Kouji Seo se contente de jouer sur de gros stéréotypes féminins habituels: dites bonjour à Ôka la susceptible/caractérielle (qui, soit dit en passant, ressemble beaucoup physiquement à Tsubasa de Hitman et à Yuzuki d'A town where you live, un peu plus de renouvellement dans les designs aurait été sympa), à Shiragiku (et pas Shiraguki, comme écrit par erreur en quatrième de couverture) la fille toute douce et timide à gros seins, à Riho la fille malicieuse aimant taquiner et faire des sous-entendus, à Akane la musicienne classe et impassible (enfin presque, car sans qu'on sache trop pourquoi les quelques paroles un peu gentilles de Hayato la font rougir), et à Ami la lycéenne ultra énergique et sportive mais apparemment "stupide" d'après Hayato (sympa).
Et enfin parce que Hayato apparaît, dans un premier temps, comme un garçon particulièrement désagréable: le bonhomme semble d'abord arrogant, égoïste, pervers, irascible, tyrannique et dépourvu du moindre tact.

Tout ceci pourrait largement suffire à faire arrêter la lecture dès les premières dizaines de pages... et pourtant, derrière cette recette un peu lourde et éculée, Goddesses Cafe Terrace finit, petit à petit, par installer un certain charme qui n'est pas uniquement dû au physique avantageux de ses cinq jolies héroïnes, car au fil des préparatifs pour rouvrir le café Kouji Seo parvient à distiller d'autres petites choses plus agréables. Certes, il ne faudra pas espérer grand chose sur la découverte de la gestion d'un café, l'auteur se contentant de quelques étapes vite vues: gérer les tâches ménagères, nettoyer, s'exercer, apprendre à faire du bon café, se présenter aux commerçants du coin, parvenir à s'entendre, définir le rôle de chacune, gérer les premiers clients dont un odieux... néanmoins toutes ces petites choses ont le mérite d'exister. En revanche, il y aura éventuellement de quoi finir par être séduit par le casting, non seulement parce que derrière son côté désagréable initial Hayato montre en réalité un bon fond, une volonté de bien faire et une grande franchise en plus de savoir se remettre assez en question et s'excuser, mais aussi parce que chacune des filles, à sa manière et malgré quelques très grosses bévues (coucou Ami), pourra épauler Hayato dans son apprentissage tout en révélant quelques petites nuances dans leurs personnalités initiales stéréotypées. Qui plus est, un petite part plus touchante est même présente à travers le lien que ces cinq personnage ont avec la défunte grand-mère de Hayato, vieille dame dont ils entretiennent le souvenir et que l'on apprend à découvrir à travers les évocations qu'ils en font, en poussant même Hayato à faire son mea culpa envers cette aïeule avec qui il s'était bêtement disputé, qui l'a élevé et qui n'a en réalité jamais cessé de penser à lui. Enfin, il découle de toute cette situation des interrogations suffisamment intrigantes: Que font les cinq filles dans ce café ? pourquoi la grand-mère de Hayato s'est-elle occupée d'elles ? Quels peuvent bien être leur situation familiale et leur parcours respectifs pour qu'elles en soient arrivées là ? Nul doute que découvrir le background de chacune d'entre elles sera aussi l'un des leitmotivs de l'oeuvre.

A l'arrivée, alors qu'on n'espérait rien de Goddesses Cafe Terrace et que les lourdingues premières dizaines de pages allaient dans ce sens, mine de rien Kouji Seo finit bel et bien par installer des petites choses suffisamment intéressantes (ou en tout cas moins insipides que prévues) autour de ses personnages, de ce café et du souvenir de la grand-mère, le tout saupoudré par des notes coquines pas du tout finaudes mais agréables à l'oeil (une marque de fabrique chez l'auteur). Il n'y a plus qu'à attendre de voir quelle direction vont prendre les choses dans la suite, mais ce tome 1 mérite globalement qu'on lui laisse le bénéfice du doute.

Côté édition, hormis la petite coquille en quatrième de couverture comme déjà dit, on a un travail propre avec une jaquette proche de l'originale japonaise, un logo-titre soigné, une qualité de papier et d'impression honorable, un lettrage propre, et une traduction claire, animée et assez naturelle de la part de Fabien Dautriche.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
13 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs