Gloutons et Dragons Vol.13 : Critiques

C'est un fait: la puissance du Donjon est trop grande pour être entre les mains de nos héros, et toutes les mésaventures arrivées depuis que Marcyle en est devenue la maîtresse en sont la preuve. Mue par son plus profond (et, dans le fond, touchant) désir, celle-ci a rapidement perdu le contrôle de la situation, le regrette forcément... et tout ceci pourrait surtout profiter au Lion ailé, longtemps resté emprisonné dans le Donjon, mais désormais libéré et sur le point d'assouvir son gigantesque appétit et commençant à dévorer le monde ! La situation devient donc urgente: il faut à la fois permettre à Marcyle d'abandonner son rôle de maîtresse tout en refoulant les monstres qui menacent, et déterminer comme mettre fin aux acte du démon, ce qui revient à trouver le seul moyen de lui infliger des dommages. Et pour ça, c'est un rôle possiblement sans retour que Laios s'apprête à endosser: devenir le maître du Donjon à la place de Marcyle, et résister à ses plus profonds désirs, à son plus profond appétit, que le Lion ailé pourra lui faire miroiter...

L'affrontement final contre le lion ailé est donc pleinement engagé dans cet avant-dernier volume de Gloutons & Dragons, et le moins que l'on puisse dire est que Ryoko Kui en fait de très bonnes choses ! Bien sûr, il y a toujours les qualités graphiques évidentes de la mangaka, qui régale autant à travers son bestiaire aux designs soignés (y compris pour les créatures les plus chimériques, en tête desquelles celle s'affichant sur la jaquette) que via ses décors et architectures travaillés, le tout étant généralement fort bien mis en évidence dans les angles de vue et les découpages. Mais on retiendra plus encore la science du rebondissement de l'autrice, via quelques coups de théâtre sur le coup insondables et constamment savoureux (d'autant qu'il entretiennent une réel suspense par moment, surtout autour du sort et des desseins exacts de Laios), ainsi que la manière maligne dont la mangaka continue en permanence d'exploiter son concept autour de l'appétit de ses personnages (d'autant que concrètement, dans ce monde où l'équilibre repose entre mangeurs et mangés, beaucoup de choses risquent de reposer sur l'estomac de Laios ! ). Enfin, les enjeux ont beau être clairement devenus plus amples et plus sérieux (il est juste question d'empêcher le monde d'être dévoré, après tout), la mangaka ne perd jamais son sens de l'humour si typique, en enchaînant régulièrement des petites notes comiques qui naviguent entre me grotesque, l'absurde et le loufoque.

Au vu des retournements de situation évoqués plus haut, vous comprendrez que l'on évite d'en dire beaucoup plus, afin d'être sûrs de ne pas gâcher les surprises. Mais ce que l'on peut assurément affirmer, c'est que tout ceci nous offre un tome rondement mené, et qui plus est toujours riche en éléments de suspense à son issue. Dans quel état le monde sera-t-il laissé ? Que deviendra Laios ? Farynn pourra-t-elle être sauvée ? Les réponses arriveront dans l'ultime volume !