Getter Robot Vol.1 - Actualité manga
Getter Robot Vol.1 - Manga

Getter Robot Vol.1 : Critiques

Getter Robo

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 18 Juillet 2019

Invité d'honneur de Japan Expo il y a quelques jours, l'immense Gô Nagai a révolutionné l'Histoire du manga sur bien des aspects, à commencer par le manga de mecha avec Mazinger qui a posé pas mal de bases, ou encore via l'émergence d'héroïnes fortes comme Cutie Honey ou Kekkô Kamen. Sans oublier Devilman, qui reste peut-être sa pièce maîtresse. Pourtant, l'auteur, réputé pour être assez délicat à aborder concernant l'édition de ses titres à l'étranger, est longtemps resté très peu publié dans nos contrées, jusqu'à ce que deux éditeurs, ces dernières années, nous permettent de découvrir ou de redécouvrir nombre de facettes de sa carrière à travers plusieurs publications. Black Box est le plus actif des deux, en nous ayant amené des classiques comme Devilman, Mazinger, Grendizer/Goldorak ou Kekkô Kamen, des titres moins connus mais montrant des visages moins connus de Nagai (comme son intérêt pour la réappropriation d'oeuvres occidentales, via la Divine Comédie ou Utamaro), et même une pierre angulaire de l'Histoire du manga que l'on ne pensait pas voir un jour en France avec Harenchi Gakuen/L'école impudique, premier succès historique du Shônen Jump qui défraya la chronique à son époque, à la fin des années 1960. L'autre éditeur, Isan Manga, est jusqu'à présent resté plus discret concernant Nagai, en n'ayant sorti qu'un seul titre, mais pas des moindres: le cultissime Cutie Honey, connu aussi chez nous sous le titre Cherry Miel pour sa version animée. Mais en ce mois de juillet 2019, Isan récidive enfin en nous invitant à découvrir pour la première fois en France un autre monument du manga avec lequel Nagai a continué de révolutionner le mecha.

Riche de plusieurs dérivés (comme nombre des sagas de Gô Nagai), Getter Robot est une saga que l'on connaissait déjà un petit peu en manga via deux spin-off: Getter Robot Go, une sorte de récit alternatif du Getter Robot initial dont les 5 premiers tomes (sur 7) furent publiés entre 1999 et 2001 par Dynamic Vision avant que l'oeuvre ne soit stoppée en cours de route, et Devilman vs Getter Robot, un one-shot crossover entre les deux célèbres oeuvres, édité par Black Box en 2018. A présent, Isan Manga nous invite ici à découvrir l'oeuvre par laquelle la saga Getter Robot a commencé en 1974 !

Dans ce récit, la Terre et plus précisément l'espèce humaine se retrouvent menacés par le réveil des reptiliens. Avec les dinosaures et d'autres créatures, cette espèce était autrefois celle qui dominait la planète, et, emmenée par son leader Gore le seigneur des abysses, se considère comme l'espèce primordiale et légitime pour reprendre le contrôle de la Terre. Pour cela, il lui faut donc éradiquer l'espèce humaine qui a envahi la planète ! Mais tandis que la menace commence à gronder, l'heure est venue pour le professeur Saotome de mettre en action l'incroyable machine protectrice de l'humanité qu'il a mise au point: le Getter Robot, un robot géant divisé en trois parties, et nécessitant donc trois pilotes pour en avoir un contrôle parfait.

Un robot géant et ses pilotes en dernier espoir pour sauver l'humanité d'une menace ressurgie du passé: comme vous pouvez le voir, la recette de base de Getter Robot n'est pas foncièrement originale, encore moins de nos jours, et il s'agit même d'une recette toute simple sur le papier que Gô Nagai a pris pour habitude, déjà à l'époque, de reprendre en particulier dan ses récits de mecha. Alors, en quoi cet énième manga de robots géants du maître a-t-il révolutionné le medium ? Hé bien, essentiellement grâce à une idée jusque-là inédite: le fait que le Getter Robot soit divisé en trois parties (Eagle pour le haut, Jaguar pour le milieu, et Bear pour le bas) chacune pilotée par un personnage différent, et que ces trois parties, si nécessaires face au danger, puissent se rejoindre, s'imbriquer afin de former un seul super robot. Une idée pouvant sembler toute bête, mais à laquelle il fallait penser à l'époque, et qui par la suite a influencé un certain nombre d'oeuvres. L'une des plus connues parmi les oeuvres de ces 20 dernières années est sûrement Gurren Lagann, un anime devenu culte lui aussi, et pour lequel le réalisateur Hiroyuki Imaishi n'a pas caché l'importante influence de Getter Robot. Dites-vous donc que sans Getter Robot, Gurren Lagann et bien d'autres oeuvres n'auraient peut-être pas existé.

Dans ce premier tome de Getter Robot, le schéma est plutôt simple: au gré de premiers affrontements mortels contre Gore et divers de ses sbires, le professeur Saotome, pour l'instant lui-même pilote de Bear, se doit de dénicher les personnes à-même de pouvoir diriger les autres parties de son robot, de les convaincre et de les former. Ainsi voit-on s'installer pendant ce tome les deux premiers pilotes, tandis que le troisième, voué à remplacer Saotome dans Bear, devrait trouver sa place dans le prochain tome. Au programme, un sportif au sang bouillonnant en Ryôma Nagare, pilote d'Eagle, un jeune révolutionnaire ultraviolent en Hayato Jin, pilote de Jaguar, et un garçon au physique de bonhomme mais redoutable judoka en Musashi Tomoe, futur pilote de Bear. Des caractères classiques mais bien marqués, avec des personnalités fortes et combattives, mais qui parviennent aussi à sortir du lot en n'étant pas de parfais héros et en ayant aussi des parts sombres, en tête Hayato qui, avant de devenir pilote de Jaguar, n'a aucun scrupule à massacrer d'autres humains voire des compagnons. Une équipe qui promet de ne pas faire semblant, donc, et dont on est curieux de voir l'entente et l'évolution.

Sur le plan visuel, ici Gô Nagai s'est associé à son plus ancien et fidèle compagnons: Ken Ishikawa, artiste malheureusement décédé en 2006, qui était le deuxième grand nom de Dynamic (la société de Gô Nagai) après Nagai lui-même bien sûr, et qui a dessiné nombre de dérivés des oeuvres du maître. Présent sur la saga Getter Robot dès la première heure, Ishikawa fut ici en charge des dessins, et il livre des planches dans un style très proche de celui de Nagai. Des designs de personnages assez incisifs, pas mal de brutalité et de colère avec même des morts violentes, un grand dynamisme, et bien sûr des designs parfois très impressionnants que ce soit pour le robot ou pour l'allure des ennemis reptiliens qui ont la pointe cauchemardesque qui va bien... L'ensemble a bien vieilli et reste plaisant à parcourir aujourd'hui encore.

Enfin, un mot sur l'édition, puisque Getter Robot inaugure chez Isan Manga une nouvelle collection: Isan Limited. Réputé pour être un éditeur d'ouvrages de collection avec notamment des formats cartonnés et assez grands, Isan a décidé ici d'assumer encore plus sa réputation, avec désormais des livres en très grand format (similaire aux Cobra sortis chez l'éditeur), toujours des signets marque-pages et des couvertures dotées de vernis et marquages, une reliure de haute qualité permettant une ouverture facile du tome, et un papier de qualité supérieure. Pour 30€, c'est clairement un investissement très onéreux pour un seul livre, mais il faut reconnaître que par rapport aux précédents ouvrages le papier en particulier est vraiment un cran au-dessus: bien blanc, bien épais, sans transparence, et permettant une excellente qualité d'impression. Quant au très grand format, ici il se justifie assez pour certaines planches particulièrement denses et impressionnantes. Reste que forcément, le livre pèse son poids et n'est pas forcément facile à manipuler. Enfin, la traduction d'Odilon Grevet est très bonne, fluide et agréable. On lui reprochera simplement 4-5 légères fautes d'inattention (un oublie de lettre, un problème de conjugaison...), ce qui est toujours dommage pour ne édition se voulant de très haute qualité, même si rien n'entache le plaisir de lecture.

Pour finir, notons que pour Getter Robot Isan Manga se base sur une édition en 3 tomes, ainsi on a droit à des volumes d'environ 300 pages chacun. Prévus en librairies en septembre 2019, novembre 2019 et janvier 2020, les 3 volumes étaient vendus en avant-première sur le stand de l'éditeur à Japan Expo, d'où les chroniques arrivant avant la sortie officielle (votre serviteur ayant cassé sa tirelire au salon de Villepinte...).


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction