Genesis Vol.8 : Critiques

Malgré ce qui est arrivé à Yuka, Taiga et les siens sont parvenus à sauver les femmes de la tribu qui avaient été enlevées par les néandertaliens, et ont également compris qu'il y a définitivement quelque chose qui ne tourne pas rond : les néandertaliens sont bien plus organisés et préparés que ce que dit la grande Histoire, tout porte à croire qu'ils ont un stratège qui pourrait tout à fait venir lui aussi de notre époque au vu des armes et techniques néandertaliennes impensables en ce lointain passé... si bien qu'un constat s'impose: ce passé ne ressemble déjà plus à celui tel que nos héros l'ont appris dans les manuels, et pour survivre ils devront alors, eux aussi, se résoudre à employer des techniques censées ne pas encore exister à la Préhistoire.

C'est ainsi que, sous les coups de marteau du forgeron Riku, la métallurgie s'accélère avec la conception d'armes en fer ayant évidemment pour objectif d'améliorer les capacités offensives et défensives des homo-sapiens. Et il faudra au moins ça à nos héros pour atteindre ici un double-objectif.
Tout d'abord, parvenir à convaincre les autres tribus d'homo-sapiens aux alentours de construire une alliance contre les néandertaliens, chose ne s'annonçant pas toujours évidente puisque des querelles existent également depuis longtemps entre les tribus de homo-sapiens. Et si secourir les survivants de tribus déjà attaquées par les néandertaliens permet d'obtenir facilement des soutiens supplémentaires, ils en est tout autre du côté de la tribu de l'ouest, en rixe de longue date contre celle de Nakum, et devant laquelle il va falloir faire ses preuves à la fois en termes d'honnêteté et de force au combat. Et sur ce dernier point, c'est évidemment Taiga qui brille une nouvelle fois, en démontrant de plus belle qu'il s'impose toujours plus comme un vrai guerrier. Et même s'il n'y a rien de bien neuf dans tout ceci, le rendu est assez prenant, et il s'agissait d'une étape indispensable pour forger la possible alliance entre les deux tribus.
Ensuite, continuer de repousser les hordes de néandertaliens puisque les ennemis, bien sûr, n'attendent pas gentiment que les homo-sapiens forgent leurs alliances. La menace ennemie est présente en permanence en entretenant efficacement un parfum de tension et de danger constant... et, surtout, en formant à chaque instant que les néandertaliens sont bien mieux équipés qu'ils ne l'auraient dû, entre leur agissements en véritable armée, leur élaboration de camps de base, et leur utilisation d'une arme comme la fronde qui est censée n'apparaître que 10000 ans plus tard. Sans surprise, tout ceci confirme ce qui était déjà très largement pressenti, à savoir l'existence d'un stratège ennemi sans doute venu de notre époque. Stratège dont on découvre l'identité en toute fin de volume et qui a de quoi stimuler: d'un côté il pourrait y avoir un côté nanar plus prononcé au vu de la nature de ce méchant (largement pressentie dans le tome précédent, comme le soulignait votre serviteur dans sa chronique du volume 7 au vu de l'obsession de ce mystérieux ennemi pour la "race blanche" et "pure"), et d'un autre côté il y a vraiment de quoi être très curieux de voir comment Kouji Mori abordera la chose par la suite.

Enfin, parallèlement à tout ça, n'oublions pas le cas de Yuka: après ce qu'elle a subi dans le tome précédent, la jeune femme est forcément anéantie, plus encore après la découverte de ce qui grandit désormais dans son corps... Mori aborde rapidement mais assez honnêtement le mal-être de l'étudiante, elle qui n'aspirait qu'à une vie simple et normale qui lui échappe complètement depuis son arrivée à cette époque lointaine. Mais tandis qu'elle perd pied au risque de commettre le pire, la place que Nakum vient prendre à ses côtés se révèle assez intéressante, en permettant notamment à l'auteur, comme il l'avait déjà fait via un certain personnage de Suicide Island ayant traversé une épreuve légèrement similaire, de mettre en valeur la vie.

Malgré quelques rallonges qui étaient toutefois suffisamment nécessaires pour rendre le récit plus crédible, Genesis continue d'intriguer comme il se doit et de nous embarquer sans difficulté dans son histoire. En attendant la suite, assez intrigante au vu des toutes dernières pages.