Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 16 Juin 2023
Shirogane, le fils de Gin Gotô érigé en véritable divinité pour le clan, est sous le joug d'Agawa. Mais Mashiro, la fille du policier, s'interpose pour éviter un drame supplémentaire. Tandis que les forces spéciales s'apprêtent à donner l'assaut sur le village de Kuge, la situation tourne au vinaigre pour Agawa, tandis que les Gotô sont déterminés à sacrifier sa fille pour la fête de l'offrande...
Nous sommes à l'aube de la conclusion de Gannibal. Depuis ses débuts, le thriller rural de Masaaki Ninomiya n'a cessé de gagner en intensité et en profondeur, tandis que les deux opus précédents levaient le voile sur la vérité de l'actuel village de Kuge, et sur les manigances de la machiavélique Gin Gotô, morte dès le lancement de l'intrigue, mais dont le spectre demeure puissant. Se vengeance sur ses tortionnaires a scindé en deux de la bourgade le Kuge que nous connaissons, mais celle-ci est dominée par une lignée qui s'adonne à des rites qui ne devraient plus exister.
Avec le face-à-face si attendu entre "lui" et Agawa, la fin imminente du titre devenait une évidence. C'est d'ailleurs dans l'identité de cet être, nommé Mashiro, entre l'humain et la divinité, que le flashback s'est montré pertinent. L'entièreté de ce douzième volume vient jouer sur cette dualité, tout en faisant monter la probabilité d'un nouveau bain de sang en guise de conclusion. Bien que le héros ait le fusil braqué sur le fils de Gin en début de lecture, la sensation de désespoir grandit à chaque page, et chaque chapitre vient apporter son lot de bouleversement supplémentaire, afin de donner l'impression d'une fin positive impossible.
Depuis le départ, le mangaka s'est montré remarquable dans sa manière de développer son histoire par divers chamboulements et autres révélations qui consolidaient à chaque fois les idées, symboliques et thématiques distillées dans Gannibal. L'avant-dernier opus ne fait pas exception à la règle, et vient même porter un aboutissement à de nombreuses évolutions, qu'il s'agisse du plan de Gin, de la nature de Mashiro, du schéma fragile auquel s'est rattaché le clan Gotô créé par la défunte, suivi du réveil de sa véritable nature. Alors, quand l'auteur amène un nouveau rebondissement, ce n'est pas simplement pour maintenir l'adrénaline, mais pour guider la fin de l'intrigue tout en conservant un rythme effréné.
Il est alors difficile d'aborder plus concrètement l'opus sans révéler d'élément majeur. Alors, ce 12e volet régalera les fans acquis de l’œuvre, en poussant peut-être notre amour pour le manga de Masaaki Ninomiya encore plus loin. Il ne reste donc plus qu'un seul tome avant la fin de Gannibal, thriller mené d'une main de maître, et histoire intense qui se paie le luxe de traiter ses développements le plus densément possible. Difficile de savoir ce que nous réserve le dernier tome, mais on imagine que la fin de la lecture ne nous laissera pas de marbre.