Gamma Draconis - Actualité manga
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Gamma Draconis : Critiques

Gamma Draconis

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 27 Octobre 2020

Londres, 2h du matin. Au sein de British Museum, une silhouette se faufile pour voler le miroir de Dee, un un objet de culte aztèque fait d'obsidienne qui appartint autrefois à John Dee, un occultiste du XVIe siècle. Peu de temps après, Julian Bedford, un financier anglais, est ravi d'avoir enfin pu récupérer cet objet, importante pièce de son projet que, sous couvert de travailler pour une importante entreprise financière, il mène dans l'ombre avec d'autres membres de son groupuscule. L'objectif de ce projet, qu'il a financé avec des fonds frauduleux: exploiter les forces occultes du miroir pour obtenir la connaissance infinie, l'immortalité et le pouvoir en accédant enfin à la dimension d'Eltanin. Dans le même temps, quelque part en France, une jeune étudiante japonaise en Histoire de l'art religieux, Aiko Moriyama, semble suivre son cursus normalement, mais cache qu'elle est surtout là pour poursuivre, auprès du professeur Le Puy, sa formation dans l'occultisme, un héritage qui se transmet de génération en génération dans sa famille. Quand la jeune femme de 20 ans croise le chemin des ambitions de Berdford lors de ses recherches, c'est le début d'un jeu dangereux où elle pourrait perdre la vie à tout moment, le puissant financier pouvant compter sur ses propres recherches pour détruire ceux qui le gênent. Pourtant, Eiko est déterminée à lever le voile sur le "Projet Gamma Draconis" de cet homme, ce qui pourrait aussi lui en faire découvrir plus sur elle-même et sur sa famille.

Avec les deux tomes de sa série Ryuko parus chez Le Lézard Noir en novembre 2016 et février 2018, l'artiste aux multiples facettes Eldo Yoshimizu ne manquait pas de nous séduire via une héroïne qui en imposait, une histoire bien campée et, surtout, une patte visuelle personnelle particulièrement intense et léchées. A présent, le revoici enfin dans notre langue, toujours chez l'éditeur poitevin, avec un projet original dont on entend parler depuis un paquet de mois: Gamma Draconis, pour lequel il est associé au scénariste Benoist Simmat, qui est également journaliste économique.

Avec cette oeuvre d'environ 250 pages, Benoist Simmat nous propose une histoire dans la droite lignée du genre, où l'occultisme côtoie le surnaturel et le transhumanisme, au travers d'une histoire menée tambours battant pour ne pas nous lâcher avant sa fin partiellement ouverte. Pour cela, le scénariste s'appuie sur divers éléments réels, comme l'occultisme John Dee ou l'étoile Eltanin, entre autres nombreuses autres petites références, afin de croquer un récit sombre et mystérieux où émergent des idées très intéressantes, comme celle de se servir des technologies modernes comme transmetteurs de la magie noire, un simple ordinateur pouvant alors soudainement devenir un danger pour sa cible sans qu'il le sache. Plus classique, on retiendra également les humains améliorés, constituant de redoutables ennemis pour notre héroïne, quand bien même elle est épaulée par quelques figures fortes comme la policière Janne Pauwels, qui cherche à lever le voile sur les fraudes financières de Bedford. D'ailleurs, tout comme dans Ryuko, on appréciera particulièrement d'avoir ici des héroïnes au fort tempérament, ne se laissant pas faire et sachant se battre, toutes deux pratiquant les arts martiaux. Et c'est en suivant ces figures féminines fortes et charismatiques que l'on est baladé de Paris au japon en passant par le Poitou et Londres, à la découverte des nombreuses péripéties ainsi que de la petite histoire plus personnelle et familiale d'Aiko.

Pour porter cette histoire globalement classique du genre mais fort bien campée, on retrouve avec grand plaisir toute la force visuelle des planches d'Eldo Yoshimizu, qui régale par ses découpages audacieux, ses silhouettes pleines de charmes, ses visages marqués... On donnera peut-être des mentions spéciales aux nombreux décors réalistes impeccablement rendus (de nombreux bâtiments existant bel et bien et voyant leur architecture très bien rendue), et à un énorme travail d'ambiance sur les nuances de noir, les encrages et les hachures.

Côté édition, le Lézard Noir régale avec un très grand format (environ 19x26cm !) cartonné, permettant d'apprécier dans des conditions idéales tout le travail visuel d'Eldo Yoshimizu. Le papier, bien épais, permet une excellente impression, et le lettrage est très propre. En somme, l'objet peut sembler cher sur le coup, mais vaut facilement son prix.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs