Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 18 Mars 2022
Chronique 2 :
Avis à tous les amateurs de Fantasy, voici venir assurément la nouvelle référence du genre!
Frieren a depuis sa sortie en 2020 rencontré un immense succès au Japon, recevant notamment le prix Osamu Tezuka récompensant la meilleure nouveauté, puis carrément nommé manga de l'année 2021! Voilà qui commence fort!
Actuellement, bien que ne comptant que 6 tomes dans son pays d'origine, le titre bat déjà des records de ventes... Il paraissait évident qu'il allait rapidement pénétrer nos vertes contrées, et c'est par l'intermédiaire de Ki-oon, toujours sur les bons plans, proposant régulièrement des titres atypiques, qu'il parviendra jusqu'à nous!
Aux commandes on trouve Kanehito Yamada au scénario et Tsukasa Abe aux dessins dont c'est ici la première série (coup de maître dès le début...le ton est donné!)
Avec Frieren nous allons pénétrer dans un monde de fantasy en apparence somme toute classique, pourtant les auteurs ont choisi un angle d'approche bien différent de ce à quoi on peut être habitué (et on ne parle pas ici d'un énième isekai)! Apprêtez vous donc à débuter une aventure dans un monde dont vous connaissez certes les codes car c'est bel et bien de la fantasy, mais c'est de la fantasy autrement!
Après dix an d'un voyage périlleux pour vaincre le roi des démons, le guerrier humain Himmel, prêtre humain Heiter, le guerrier nain Eisen, mais aussi et surtout la mage elfe Frieren, viennent enfin d'accomplir la tache qui leur a été confiée par le roi! Ils donc reçus en héros au sein de la capitale où la population est en joie, une grande fête est donnée en leur honneur!
En dix ans ils ont tissé des liens forts, d'autant qu'ils ont partagés bien des épreuves, pourtant, Frieren ne le ressent pas forcément ainsi! Pour elle qui est éternelle, 10 ans ne représentent rien!
Durant la fête ils assistent à une pluie d'étoiles filantes ayant lieu tous les 50 ans. Frieren leur promet alors que pour la prochaine pluie, dans cinquante ans donc, elle les amènera dans un lieu qu'elle connaît pour mieux en profiter...Himmel et Heiter s'en amusent alors...eux qui sont humains, seront ils encore là dans 50 ans?
La principale préoccupation de la jeune elfe (car oui, pour une elfe elle est jeune) c'est la recherche de sorts afin de tous les maîtriser, des plus puissants aux plus insignifiants...elle passe donc 50 ans à chercher de nouveaux sorts avant de retrouver ses anciens camarades...et seulement quelques années plus tard, Himmel, meurt de vieillesse. A son enterrement, elle réalise qu'en ayant passé seulement 10 ans avec lui elle ne le connaissait pas vraiment et prend conscience du temps qui passe pour les autres races.
Débute alors un nouveau chapitre de sa vie où elle fait plus attention aux autres et à leurs sentiments bien que restant malgré tout assez détachée de tout ce qui l'entoure...
En toute honnêteté, je ne m'étais intéressé que de très loin à ce titre, ayant déjà du mal à suivre tout ce qui sort en France entre les mangas et les comics, je ne m'intéresse que très peu à ce qui se passe à l'étranger, partant du principe que cela arrivera en France tôt ou tard! Ainsi la surprise n'en fut que plus grande, et le bonheur de découvrir ce titre d'autant plus important!
Dès les toutes premières pages, la surprise est grande, puisque le titre débute là où tous les autres titres de fantasy se terminent: la victoire des héros sur les forces du mal!
Pourtant dès le début, on retrouve les clichés du genre avec l'équipe composée d'un guerrier humain, d'un nain un peu bourrin, d'un prêtre chargé des soins et d'une elfe (qui pour le coup n'est pas une archère). Mais si les codes du genre sont bels et bien présents, c'est bien l'approche qui va ici apporter toute sa saveur à la série!
Ici pas de quête épique face à des créatures de plus en plus puissantes; la quête est donc déjà terminée, et la créature la plus puissante parmi les forces du mal a déjà été vaincue! Il y a bien la quête de la recherche des sorts de Frieren, mais les sorts qu'elle récolte n'ont bien souvent rien de bien impressionnant: un sort pour polir une statue ou pour assaisonner un plat...on est là plus proche de la magie de Kaamelott que d'une œuvre épique de fantasy!
On est surtout plus proche ici des tranches de vie à la sauce Fantasy, avec un regard souvent mélancolique sur le temps qui passe et l'inéluctabilité de ses conséquences! Ainsi Frieren, bien qu'éternelle et âgée de plusieurs siècles, semble tout ignorer de la vie des humains, et ce sera après la mort d'un de ses anciens camarades qu'elle va commencer à s'y intéresser. On va donc suivre le parcours initiatique d'une magicienne qui est pourtant âgée de plusieurs siècles et possédant déjà une puissance incomparable...le monde à l'envers!
Chaque étape, chaque chapitre sera une nouvelle étape de son voyage, une nouvelle étape de son apprentissage de la culture des humains, mais aussi et surtout des sentiments qu'elle semblait avoir enfouie. Contrairement à ce qu'elle laissait sous entendre, elle conserve des souvenirs de ses anciens camarades qui l'ont marqué plus qu'elle ne veut se l'avouer.
Pour respecter une promesse faite à un ami, elle va prendre une apprentie humaine, qui va grandir bien plus vite qu'elle et qui lui servira de repère mais aussi de boussole au niveau de ses sentiments; pour autant cette humaine ne lui volera la vedette en aucun cas, ce sont bel et bien les sentiments de l'elfe qui resteront au centre du récit!
On va donc suivre, chapitre après chapitre, histoire après histoire, une elfe détachée mais incroyablement attachante dans des aventures / tranches de vies toutes plus touchantes les unes que les autres dans une ambiance sans cesse mélancolique.
On va se surprendre à se retrouver véritablement ému par certains passages, tout comme on va se montrer triste pour cette elfe qui passe à coté des moments importants de la vie.
Le dessin correspond parfaitement à cette ambiance mélancolique, il est doux et léger, le trait étant d'ailleurs assez proche de celui de Norihiro Yagi (Claymore et Ariadne), en peu plus fouillé tout de même. D'ailleurs même les décors contribuent à ce sentiment d'apaisement et de douceur, bien loin de la fureur de la plupart des autres séries de fantasy. De fait le découpage, bien que fluide, ne se prête pas à des effets de styles grandiloquents la simplicité étant de mise.
L'édition de Ki-oon est sans surprise, et une nouvelle fois, totalement à la hauteur de cette sortie marquante, la qualité est de mise tant au niveau du papier que de l'adaptation. Mais il faut tout de même évoquer l'édition collector qui est absolument incroyable, pour un supplément dérisoire de 3 euros ce premier tome est disponible dans une magnifique malette cartonnée, à l'intérieur de laquelle on trouve évidemment le volume 1 mais également plusieurs goodies de qualité dont notamment un mini artbook! Une édition collector qui mérite vraiment son nom!
La sortie de ce titre était attendue par beaucoup, et on comprend aisément pourquoi! Tout comme il est facile de comprendre pourquoi le titre remporte un tel succès au Japon! Maintenant que le titre est parvenue en France grâce à Ki-oon ce serait criminel de passer à coté. Pour les amateurs de Fantasy, mais pas uniquement, il s'agit là d'un magnifique récit, un brin mélancolique, sur l'importance de la vie et de toutes les petites choses qui la composent!
Un incontournable!
Chronique 1 :
Depuis plus d'un an, on ne cesse d'entendre parler d'un certain « Sôso no Frieren », manga écrit par Kanehito Yamada et dessiné par Tsukasa Abe, lancé en 2020 dans le Shônen Sunday des éditions Shôgakukan. Comptant actuellement 6 volumes au Japon, le titre a cumulé les reconnaissances entre être le lauréat du Manga Taishô Award de 2021, en plus d'avoir fait parti des nommés de 45e Prix Kôdansha la même année. Sôsô no Frieren intriguait alors l'occident, et nous émerveillait déjà par ses couvertures à la douceur solennelle.
C'est sans grande surprise que le manga pointe le bout de son nez en ce début d'année 2022, Ki-oon ayant remporté la rude bataille pour les droits de publication, et comptant bien profiter de cette victoire par un lancement en grandes pompes. Parution simultanée des deux premiers tomes, édition collector du premier volume incluant un mini artbook... Tout semble fait pour que l'arrivée du manga, sobrement nommé chez nous Frieren, soit un événement. De notre côté, celui des lecteurs, on attendait forcément le titre avec une pointe de curiosité, celle de découvrir ce que ce récent succès a dans le ventre. Et à vrai dire, il ne faut pas tellement plus que ce premier volume pour comprendre ce qui a suscité l'engouement autour de l'œuvre d'entrée de jeu.
Après dix ans d'aventure, une troupe d'aventuriers est parvenue à défaire le roi des démons qui semait la terreur sur le monde. Composée du héros Himmel, de l'elfe Frieren, du prêtre Heiter et du nain Eisen, la fine équipe a mérité sa retraite. De son côté, Frieren va parcourir le monde pour perfectionner son art, et ce n'est qu'une cinquantaine d'années plus tard qu'elle recroisera le chemin de ses anciens compagnons de route. Seulement, si dix ans de vie ne représente rien pour l'elfe, ce n'est pas le cas pour ses camarades humains qui accusent rapidement le poids des années. Ainsi, elle retrouve un Himmel chauve et rabougri, profitant de ses derniers jours. Après une ultime réunion, les membres de l'ancienne équipe s'éteignent l'un après l'autre, peu à peu, rappellant à Frieren sa condition. Jugée insensible, l'elfe est traversée par une profonde tristesse, celle de ne pas avoir cherché à davantage connaître les humains. Tandis que ses pensées restent éternellement tournées vers ses trois acolytes d'anten, elle entame un voyage qui lui permettra d'ouvrir son cœur, tout en observant ce que le temps a réservé à ce monde autrefois dominé par le mal.
Dans la pléthore de mangas orientés fantasy auxquels nous avons droit depuis une décennie, qu'ils soient isekai, adaptation de light novel ou non, il semble difficile de sortir son épingle du jeu. C'est pourtant ce que le binôme formé par Kanehito Yamada et Tsukasa Abe parvient à faire dès ce premier tome en jouant deux cartes audacieuses : Le point chronologique des événements, et le ton développé dans l'ensemble. Car bien des mangas d'heroic-fantasy évoquent la bataille contre l'éternel « roi démon », entité ici déjà vaincue par nos quatre personnages vedettes qui peuvent, dès lors, apprécier leur retraite. Pourtant, le scénario nous prend au dépourvu dès son premier chapitre en introduisant une ellipse qui bouleverse tout ce dont à quoi on pouvait s'attendre : Frieren se déroule ainsi des dizaines d'années après la chute du mal, et joue sur une ambiance mélancolique pour narrer le périple de l'elfe du groupe, condamnée à voir ses compagnons de troupe d'autrefois s'éteindre les uns après les autres, tandis que sa longévité lui octroie une vie beaucoup plus dense.
Les premières pages ne laissent pas forcément deviner qui est le protagoniste de l'histoire parmi les quatre aventuriers (à moins d'avoir lu le synopsis au préalable), bien que le titre de l'œuvre soit un indice. Mais qu'importe, voir l'elfe se détacher et mener sa propre existence via une succession d'aventures au ton mélancolique provoque immédiatement son effet. Il ne faut pas grand chose pour amener à ce ton doux amer, que ce soit les retrouvailles successives (parfois couplées aux adieux) entre l'héroïne et ses anciens camarades de troupe, ou la manière qu'a Tsukasa Abe de croquer de petit rien du quotidien de l'elfe, notamment par des successions de cases sans paroles, où seule l'intention narrative par le dessin domine. C'est parfois touchant, parfois très drôle, mais toujours dans l'optique d'envouter le lecteur.
Dans cet ensemble, Frieren trouve néanmoins un fil rouge qui se construit par l'arrivée de nouveaux personnages (un en particulier), tandis que les divers événements reviendront sans cesse à l'expérience du quatuor dans sa quête d'antan. L'idée du regret étant au centre de tout, ce premier tome trouve diverses résonances par ces allers et retours entre passé et époque présente, le tout pour développer une héroïne qui, derrière son air détaché, se montre peu à peu sous un jour attachant, quand son caractère particulier ne prête pas simplement à rire.
Les débuts de Frieren sont donc convaincants, tant parce que le duo de mangaka sait apporter quelque chose de nouveau au manga de fantasy, mais aussi par les ambiances du titres qui s'appuient sur le parti pris bien trouvé du scénario. Construit autour de différentes aventures, ce volume de lancement happe dès les premières pages, un résultat que l'on doit aussi au trait fin et raffiné de Tsukasa Abe qui parvient à rendre son univers enchanteur. On comprend bien pourquoi le récit a immédiatement conquis le lectorat japonais, aussi proposer les deux premiers tomes en simultanée est loin d'être une idée saugrenue, histoire de marquer le lancement de l'un des titres qui sera certainement parmi les plus marquants de 2022.
Côté édition, Ki-oon livre une copie fidèle à ses habitude. Le format shônen est ici choisi, couplé au traditionnel papier épais de bonne facture de l'éditeur. Géraldine Oudin propose une traduction solide, dont la force vient certainement de sa capacité à retranscrire les ambiances du manga, et par conséquent les caractères des personnages. Saluons aussi le bon travail de lettrage du studio Charon, ainsi qu'un conception par les équipes de Ki-oon d'un joli logo totalement en phase avec l'univers et la douceur du récit.
Avis à tous les amateurs de Fantasy, voici venir assurément la nouvelle référence du genre!
Frieren a depuis sa sortie en 2020 rencontré un immense succès au Japon, recevant notamment le prix Osamu Tezuka récompensant la meilleure nouveauté, puis carrément nommé manga de l'année 2021! Voilà qui commence fort!
Actuellement, bien que ne comptant que 6 tomes dans son pays d'origine, le titre bat déjà des records de ventes... Il paraissait évident qu'il allait rapidement pénétrer nos vertes contrées, et c'est par l'intermédiaire de Ki-oon, toujours sur les bons plans, proposant régulièrement des titres atypiques, qu'il parviendra jusqu'à nous!
Aux commandes on trouve Kanehito Yamada au scénario et Tsukasa Abe aux dessins dont c'est ici la première série (coup de maître dès le début...le ton est donné!)
Avec Frieren nous allons pénétrer dans un monde de fantasy en apparence somme toute classique, pourtant les auteurs ont choisi un angle d'approche bien différent de ce à quoi on peut être habitué (et on ne parle pas ici d'un énième isekai)! Apprêtez vous donc à débuter une aventure dans un monde dont vous connaissez certes les codes car c'est bel et bien de la fantasy, mais c'est de la fantasy autrement!
Après dix an d'un voyage périlleux pour vaincre le roi des démons, le guerrier humain Himmel, prêtre humain Heiter, le guerrier nain Eisen, mais aussi et surtout la mage elfe Frieren, viennent enfin d'accomplir la tache qui leur a été confiée par le roi! Ils donc reçus en héros au sein de la capitale où la population est en joie, une grande fête est donnée en leur honneur!
En dix ans ils ont tissé des liens forts, d'autant qu'ils ont partagés bien des épreuves, pourtant, Frieren ne le ressent pas forcément ainsi! Pour elle qui est éternelle, 10 ans ne représentent rien!
Durant la fête ils assistent à une pluie d'étoiles filantes ayant lieu tous les 50 ans. Frieren leur promet alors que pour la prochaine pluie, dans cinquante ans donc, elle les amènera dans un lieu qu'elle connaît pour mieux en profiter...Himmel et Heiter s'en amusent alors...eux qui sont humains, seront ils encore là dans 50 ans?
La principale préoccupation de la jeune elfe (car oui, pour une elfe elle est jeune) c'est la recherche de sorts afin de tous les maîtriser, des plus puissants aux plus insignifiants...elle passe donc 50 ans à chercher de nouveaux sorts avant de retrouver ses anciens camarades...et seulement quelques années plus tard, Himmel, meurt de vieillesse. A son enterrement, elle réalise qu'en ayant passé seulement 10 ans avec lui elle ne le connaissait pas vraiment et prend conscience du temps qui passe pour les autres races.
Débute alors un nouveau chapitre de sa vie où elle fait plus attention aux autres et à leurs sentiments bien que restant malgré tout assez détachée de tout ce qui l'entoure...
En toute honnêteté, je ne m'étais intéressé que de très loin à ce titre, ayant déjà du mal à suivre tout ce qui sort en France entre les mangas et les comics, je ne m'intéresse que très peu à ce qui se passe à l'étranger, partant du principe que cela arrivera en France tôt ou tard! Ainsi la surprise n'en fut que plus grande, et le bonheur de découvrir ce titre d'autant plus important!
Dès les toutes premières pages, la surprise est grande, puisque le titre débute là où tous les autres titres de fantasy se terminent: la victoire des héros sur les forces du mal!
Pourtant dès le début, on retrouve les clichés du genre avec l'équipe composée d'un guerrier humain, d'un nain un peu bourrin, d'un prêtre chargé des soins et d'une elfe (qui pour le coup n'est pas une archère). Mais si les codes du genre sont bels et bien présents, c'est bien l'approche qui va ici apporter toute sa saveur à la série!
Ici pas de quête épique face à des créatures de plus en plus puissantes; la quête est donc déjà terminée, et la créature la plus puissante parmi les forces du mal a déjà été vaincue! Il y a bien la quête de la recherche des sorts de Frieren, mais les sorts qu'elle récolte n'ont bien souvent rien de bien impressionnant: un sort pour polir une statue ou pour assaisonner un plat...on est là plus proche de la magie de Kaamelott que d'une œuvre épique de fantasy!
On est surtout plus proche ici des tranches de vie à la sauce Fantasy, avec un regard souvent mélancolique sur le temps qui passe et l'inéluctabilité de ses conséquences! Ainsi Frieren, bien qu'éternelle et âgée de plusieurs siècles, semble tout ignorer de la vie des humains, et ce sera après la mort d'un de ses anciens camarades qu'elle va commencer à s'y intéresser. On va donc suivre le parcours initiatique d'une magicienne qui est pourtant âgée de plusieurs siècles et possédant déjà une puissance incomparable...le monde à l'envers!
Chaque étape, chaque chapitre sera une nouvelle étape de son voyage, une nouvelle étape de son apprentissage de la culture des humains, mais aussi et surtout des sentiments qu'elle semblait avoir enfouie. Contrairement à ce qu'elle laissait sous entendre, elle conserve des souvenirs de ses anciens camarades qui l'ont marqué plus qu'elle ne veut se l'avouer.
Pour respecter une promesse faite à un ami, elle va prendre une apprentie humaine, qui va grandir bien plus vite qu'elle et qui lui servira de repère mais aussi de boussole au niveau de ses sentiments; pour autant cette humaine ne lui volera la vedette en aucun cas, ce sont bel et bien les sentiments de l'elfe qui resteront au centre du récit!
On va donc suivre, chapitre après chapitre, histoire après histoire, une elfe détachée mais incroyablement attachante dans des aventures / tranches de vies toutes plus touchantes les unes que les autres dans une ambiance sans cesse mélancolique.
On va se surprendre à se retrouver véritablement ému par certains passages, tout comme on va se montrer triste pour cette elfe qui passe à coté des moments importants de la vie.
Le dessin correspond parfaitement à cette ambiance mélancolique, il est doux et léger, le trait étant d'ailleurs assez proche de celui de Norihiro Yagi (Claymore et Ariadne), en peu plus fouillé tout de même. D'ailleurs même les décors contribuent à ce sentiment d'apaisement et de douceur, bien loin de la fureur de la plupart des autres séries de fantasy. De fait le découpage, bien que fluide, ne se prête pas à des effets de styles grandiloquents la simplicité étant de mise.
L'édition de Ki-oon est sans surprise, et une nouvelle fois, totalement à la hauteur de cette sortie marquante, la qualité est de mise tant au niveau du papier que de l'adaptation. Mais il faut tout de même évoquer l'édition collector qui est absolument incroyable, pour un supplément dérisoire de 3 euros ce premier tome est disponible dans une magnifique malette cartonnée, à l'intérieur de laquelle on trouve évidemment le volume 1 mais également plusieurs goodies de qualité dont notamment un mini artbook! Une édition collector qui mérite vraiment son nom!
La sortie de ce titre était attendue par beaucoup, et on comprend aisément pourquoi! Tout comme il est facile de comprendre pourquoi le titre remporte un tel succès au Japon! Maintenant que le titre est parvenue en France grâce à Ki-oon ce serait criminel de passer à coté. Pour les amateurs de Fantasy, mais pas uniquement, il s'agit là d'un magnifique récit, un brin mélancolique, sur l'importance de la vie et de toutes les petites choses qui la composent!
Un incontournable!
Chronique 1 :
Depuis plus d'un an, on ne cesse d'entendre parler d'un certain « Sôso no Frieren », manga écrit par Kanehito Yamada et dessiné par Tsukasa Abe, lancé en 2020 dans le Shônen Sunday des éditions Shôgakukan. Comptant actuellement 6 volumes au Japon, le titre a cumulé les reconnaissances entre être le lauréat du Manga Taishô Award de 2021, en plus d'avoir fait parti des nommés de 45e Prix Kôdansha la même année. Sôsô no Frieren intriguait alors l'occident, et nous émerveillait déjà par ses couvertures à la douceur solennelle.
C'est sans grande surprise que le manga pointe le bout de son nez en ce début d'année 2022, Ki-oon ayant remporté la rude bataille pour les droits de publication, et comptant bien profiter de cette victoire par un lancement en grandes pompes. Parution simultanée des deux premiers tomes, édition collector du premier volume incluant un mini artbook... Tout semble fait pour que l'arrivée du manga, sobrement nommé chez nous Frieren, soit un événement. De notre côté, celui des lecteurs, on attendait forcément le titre avec une pointe de curiosité, celle de découvrir ce que ce récent succès a dans le ventre. Et à vrai dire, il ne faut pas tellement plus que ce premier volume pour comprendre ce qui a suscité l'engouement autour de l'œuvre d'entrée de jeu.
Après dix ans d'aventure, une troupe d'aventuriers est parvenue à défaire le roi des démons qui semait la terreur sur le monde. Composée du héros Himmel, de l'elfe Frieren, du prêtre Heiter et du nain Eisen, la fine équipe a mérité sa retraite. De son côté, Frieren va parcourir le monde pour perfectionner son art, et ce n'est qu'une cinquantaine d'années plus tard qu'elle recroisera le chemin de ses anciens compagnons de route. Seulement, si dix ans de vie ne représente rien pour l'elfe, ce n'est pas le cas pour ses camarades humains qui accusent rapidement le poids des années. Ainsi, elle retrouve un Himmel chauve et rabougri, profitant de ses derniers jours. Après une ultime réunion, les membres de l'ancienne équipe s'éteignent l'un après l'autre, peu à peu, rappellant à Frieren sa condition. Jugée insensible, l'elfe est traversée par une profonde tristesse, celle de ne pas avoir cherché à davantage connaître les humains. Tandis que ses pensées restent éternellement tournées vers ses trois acolytes d'anten, elle entame un voyage qui lui permettra d'ouvrir son cœur, tout en observant ce que le temps a réservé à ce monde autrefois dominé par le mal.
Dans la pléthore de mangas orientés fantasy auxquels nous avons droit depuis une décennie, qu'ils soient isekai, adaptation de light novel ou non, il semble difficile de sortir son épingle du jeu. C'est pourtant ce que le binôme formé par Kanehito Yamada et Tsukasa Abe parvient à faire dès ce premier tome en jouant deux cartes audacieuses : Le point chronologique des événements, et le ton développé dans l'ensemble. Car bien des mangas d'heroic-fantasy évoquent la bataille contre l'éternel « roi démon », entité ici déjà vaincue par nos quatre personnages vedettes qui peuvent, dès lors, apprécier leur retraite. Pourtant, le scénario nous prend au dépourvu dès son premier chapitre en introduisant une ellipse qui bouleverse tout ce dont à quoi on pouvait s'attendre : Frieren se déroule ainsi des dizaines d'années après la chute du mal, et joue sur une ambiance mélancolique pour narrer le périple de l'elfe du groupe, condamnée à voir ses compagnons de troupe d'autrefois s'éteindre les uns après les autres, tandis que sa longévité lui octroie une vie beaucoup plus dense.
Les premières pages ne laissent pas forcément deviner qui est le protagoniste de l'histoire parmi les quatre aventuriers (à moins d'avoir lu le synopsis au préalable), bien que le titre de l'œuvre soit un indice. Mais qu'importe, voir l'elfe se détacher et mener sa propre existence via une succession d'aventures au ton mélancolique provoque immédiatement son effet. Il ne faut pas grand chose pour amener à ce ton doux amer, que ce soit les retrouvailles successives (parfois couplées aux adieux) entre l'héroïne et ses anciens camarades de troupe, ou la manière qu'a Tsukasa Abe de croquer de petit rien du quotidien de l'elfe, notamment par des successions de cases sans paroles, où seule l'intention narrative par le dessin domine. C'est parfois touchant, parfois très drôle, mais toujours dans l'optique d'envouter le lecteur.
Dans cet ensemble, Frieren trouve néanmoins un fil rouge qui se construit par l'arrivée de nouveaux personnages (un en particulier), tandis que les divers événements reviendront sans cesse à l'expérience du quatuor dans sa quête d'antan. L'idée du regret étant au centre de tout, ce premier tome trouve diverses résonances par ces allers et retours entre passé et époque présente, le tout pour développer une héroïne qui, derrière son air détaché, se montre peu à peu sous un jour attachant, quand son caractère particulier ne prête pas simplement à rire.
Les débuts de Frieren sont donc convaincants, tant parce que le duo de mangaka sait apporter quelque chose de nouveau au manga de fantasy, mais aussi par les ambiances du titres qui s'appuient sur le parti pris bien trouvé du scénario. Construit autour de différentes aventures, ce volume de lancement happe dès les premières pages, un résultat que l'on doit aussi au trait fin et raffiné de Tsukasa Abe qui parvient à rendre son univers enchanteur. On comprend bien pourquoi le récit a immédiatement conquis le lectorat japonais, aussi proposer les deux premiers tomes en simultanée est loin d'être une idée saugrenue, histoire de marquer le lancement de l'un des titres qui sera certainement parmi les plus marquants de 2022.
Côté édition, Ki-oon livre une copie fidèle à ses habitude. Le format shônen est ici choisi, couplé au traditionnel papier épais de bonne facture de l'éditeur. Géraldine Oudin propose une traduction solide, dont la force vient certainement de sa capacité à retranscrire les ambiances du manga, et par conséquent les caractères des personnages. Saluons aussi le bon travail de lettrage du studio Charon, ainsi qu'un conception par les équipes de Ki-oon d'un joli logo totalement en phase avec l'univers et la douceur du récit.
04/01/2024 
02/05/2024 