Fool's Paradise Vol.1 - Actualité manga
Fool's Paradise Vol.1 - Manga

Fool's Paradise Vol.1 : Critiques

Gûzô Jihen - Hato ni Himei wa Kikoenai

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 21 Septembre 2018

En ce mois de septembre, un nouveau thriller débarque dans le catalogue des éditions Kana. De son nom original Gûzô Jihen - Hato ni Himei wa Kikoenai, Fool's Paradise a été publié de 2016 à début 2018 aux éditions Kôdansha dans le Young Magazine the 3rd. L'oeuvre a été scénarisée par Ninjyamu, et dessinée par Misao, deux mangakas dont ce fut la première série. Et pour une première oeuvre, on peut dire qu'ils s'en sortent plutôt bien !


Dans un Japon contemporain que l'on peut situer en 2020, pour limiter les peines de mort concernant les meurtriers, et pour contrebalancer l'impossibilité de prononcer la peine capitale envers des meurtriers de moins de 18 ans, un nouveau système spécial de réinsertion pour certains criminels a été mis en place depuis 4 ans: le SRTP, qui connaît déjà des résultats exceptionnels aux USA. Le but: permettre aux criminels de se réinsérer en société, en ayant auparavant pris soin d'annihiler en eux tout désir de récidive. Depuis l'installation de ce système au Japon, le taux de réussite est impeccable, puisqu'il y a eu 0% de récidive. Alors qu'il donne une conférence sur le sujet en tout début de tome, Kudo croit dur comme fer en ce projet, qui permet aux criminels de retrouver un monde de vie dans la société et d'interagir avec elle. Mais au-delà de ça, ce jeune homme semble surtout s'occuper, depuis plusieurs années, de Sela Hiiragi, l'idole la plus populaire du pays, qui a battu tous les records. Sa carrière est exceptionnelle, tout le pays est fan d'elle, et elle s'apprête même à faire une représentation lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Tokyo... Du moins, jusqu'à ce qu'un terrible drame ne la touche: en plein concert, elle est victime d'un attentat à la bombe qui la prive de sa jambe. Très vite, beaucoup de monde pense que l'auteur de cet attentat pourrait être Kazutaka Nichiya, un criminel qui exerçait exactement de la même manière il y a quelques années... alors qu'il n'était âgé que de 13 ans et a, depuis, été réinséré via le système SRTP. Mais la pire menace ne vient peut-être pas de là où l'on croit: en voyant sa super-idole meurtrie, la population entière semble passer petit à petit du simple soutien au fanatisme extrême, au point de commettre certains actes terribles pour essayer de venger Sela... Cette haine collective risque-t-elle de bouleverser le pays ?


Etonnant, on peut dire que ce premier volume parvient à l'être, en se montrant vite très éloigné des habituels thrillers. Car rapidement, le scénariste montre qu'il tient à développer tout un propos autour de certains éléments dérangeants: tout d'abord la manière dont l'adoration peut basculer jusqu'au fanatisme collectif extrême de manière brutale, mais aussi les notions de justice, de peine de mort et de réinsertion via le système SRTP, un système qui n'est peut-être pas si idéal que ça, comme le laisse vite sous-entendre le vieux Ugajin...


A partir de ces aspects sociaux très intrigants, Ninjyamu cherche à développer une intrigue faite de plusieurs cliffhangers se voulant surprenants, et portés par différents personnages amenant des points de vue différents. Oui, Sela semble vraiment pouvoir rendre fou tout le monde, de ceux qui paient pour voir ses concerts jusqu'à sa manager, en passant par des policiers... Où se trouve la justice dans tout ça ? Et, surtout, qui se cache donc derrière l'attentat sur Sela ? Pour quelle raison a-t-il fait ça ? Et y a-t-il seulement une implication de Kazutaka Nichiya ?


Le récit tire bien parti de ses personnages et de la plupart de ses petites révélations... mais dans ce ton qui se veut assez crédible et bien développé, un point pourrait décontenancer certains lecteurs: la manière vraiment très rapide et brutale dont les différents fans de Sela se transforment, passant à quelques reprises de gens a priori bien sous tout rapport à meurtriers très froids. Cela pourra paraître un peu facile que tout le monde devienne si violent si soudainement, mais au moins une ambiance assez marquante est installée, et ça permet au scénario d'avancer assez vite sans souffrir de longueurs.


Reste la question des visuels, où l'on sent que Misao signe là sa première série. On appréciera la volonté du dessinateur d'offrir des designs de personnages quasiment tous bien différents et parfois assez marqués dans les traits, tout comme on saluera la présence de décors présents quand il faut pour renforcer le réalisme, ou certains choix de mise en scène qui ont de l'impact (surtout lors des petites scènes-choc où ça dérape). Mais il y a régulièrement des inégalités dans ces designs, ainsi que des visages parfois très peu expressifs, trop neutres au vu des situations. C'est donc perfectible, mais pas mal du tout pour une première oeuvre, Misao ayant de quoi s'améliorer.


Sur une base qui aurait pu être classique, le scénariste parvient à installer et à développer un propos intrigant, assez dérangeant, et finalement plutôt addictif. Fool's Paradise comporte quelques maladresses, mais sait piquer la curiosité comme il se doit, et cherche clairement à bousculer le lecteur. Affaire à suivre !


Cette chronique ayant été faite à partir d'une épreuve non définitive, on ne donnera pas d'avis sur l'édition.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs