Fleurs du mal (les) - Kamimura Vol.2 : Critiques

Aku no Hana

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 27 Décembre 2019

Ame perverse, vicieuse, sadique et détestable, Rannosuke Hanayagi, héritier de la dynastie Kurokami, continue de régner atrocement et secrètement sur tout un empire du sexe qu'il camoufle derrière ses écoles d'ikebana, écoles lui servant en réalité à dénicher et kidnapper des jeunes filles qu'il prend alors plaisir à faire sombrer dans la débauche. Les demoiselles qu'il soumet lui servent bien souvent à satisfaire les hautes sphères du pays, les relations politiques et économiques qui lui permettent d'avoir l'impunité. Et quand ses pauvres victimes ne lui servent plus à rien ou qu'il s'en lasse, il n'a plus qu'à les assassiner, histoire d'agrandir encore un peu plus son écoeurante collection de vagins. Pamri toutes les fleurs du mal qu'il fait éclore et qu'il envoie se faire butiner, Rannosuke a toutefois déniché une fleur plus belle et fascinante qu'aucune autre en Sayuri. Si bien qu'il a décidé de faire d'elle sa nouvelle épouse, et qu'il a l'intention d'en faire la nouvelle reine de son empire du vice, tout en attendant d'elle qu'elle lui offre un héritier. Mais ce qu'il ne sait pas forcément, c'est que sa sublime fleur est peut-être tout aussi vénéneuse que lui: par vengeance, elle est bien décidée, par tous les moyens, à briser cet empire, à mettre fin à la dynastie Kurokami, et à faire souffrir Rannosuke comme il l'a faite souffrir en la kidnappant...

Après un premier volume où le ton très cru se mêlait avec fascination à un ton plus symbolique, poétique et lyrique, Okazaki et Kamimura accentuent encore l'horreur et l'érotisme dans un deuxième et dernier pavé de 340 pages où la morale est définitivement disparue. Car tout en subissant les affres imposées par Rannosuke, Sayuri met en marche sa propre vengeance, quitte à devenir elle-même la plus toxique des fleurs par différents moyens: s'offrir à plusieurs autres hommes pour faire souffrir son époux, avorter dans le seul but de briser son désir d'héritier, le pousser à tuer les enfants de sa première femme... Sayuri cherche à répondre au mal par le mal, sans forcément savoir qu'un autre issue se dessine à travers l'autre personnage-clé de ce tome, la hideuse Kikuno Honjô.

A la radicalité du récit et à sa cruauté faisant fi de tout bien-pensance, Kamimura expose des planches qui, tout en restant elles aussi sans concessions, possèdent à nouveau tout le charme et l'élégance de son trait fin de sa mise en scène léchée et de ses différentes petite métaphores, notamment florales. C'est aussi douloureux à regarder que beau, en nous permettant de voir encore une autre facette de l'artiste.

La conclusion, bien que tout aussi forte symboliquement, est toutefois peut-être un brin rapide, néanmoins le parcours chaotique, dérangeant et sublime qui nous y amène reste excellemment conté et mis en images. Il faut avoir le coeur bien accroché pour livre cette oeuvre remuante brisant tout tabou et toute morale, mais l'expérience en vaut le coup, surtout en tant que fan de Kamimura.

En fin de tome, n'oubliez pas non plus de parcourir les deux postfaces plutôt intéressantes de Hideo Okazaki et de Toshiya Morita, qui permettent notamment de recontextualiser encore un petit peu plus le récit.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.25 20
Note de la rédaction