Femme fatale Vol.1 - Manga

Femme fatale Vol.1 : Critiques

Femme fatale - Unmei no onna

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 20 Mars 2014

Saitou est un universitaire comme tant d’autres mais aussi dirigeant de son club étudiant. Sérieux, vivant une idylle à distance… rien ne différencie tant Saitou du commun des mortels. Mais le petit plus dans la vie de l’étudiant, c’est la curieuse Ebisawa, camarade farfelue de Saitou qui ne cesse de lui en faire voire de toutes les couleurs. Sans le vouloir, Ebisawa va être le facteur de changements dans la vie de son camarade… et dans son cœur.

« Femme Fatale », le titre aurait pu être idéal pour un manga érotique. Et pourtant, ce premier opus d’une série en trois tomes, à la couverture épurée et intrigante, n’a rien de coquin. Au contraire, le titre est classé dans le catalogue seinen de l’éditeur Soleil Manga. Une histoire d’amour, un seinen… une limite semble séparer cette histoire de sa catégorie. Et pourtant, Femme Fatale tire ses atouts de cette caractéristique : nous avons affaire à une romance sérieuse et particulière.

Démarrant dans un cadre réaliste, Femme Fatale présente deux individus diamétralement opposés. Saitou paraît sérieux et terre à terre tandis qu’Ebisawa, bien que physiquement quelconque, est la boute-en-train classique. Première force du récit donc, Femme Fatale va tenter de développer les sentiments qu’éprouvent Saitou envers ce personnage atypique qui, de prime abord, n’avait pas de raisons de lui voler son cœur. La recette peut paraître peu originale tant certains shojo l’ont déjà abordée. L’avantage ici est le traitement de l’histoire avec une infinie justesse, le récit se fixant dans un cadre purement authentique où les fantaisies souvent connues dans le manga pour jeunes filles n’ont pas plus place. On se met donc à le place de ce Saitou, étudiant banale, et c’est ainsi que le titre commence déjà à nous passionner.

La grande force de la série sur ce premier tome, c’est la direction choisir pour développer la romance. Si vous vous attendiez à une idylle classique où Saitou parvient à conquérir l’élue de son cœur de manière attendue, vous serez grandement surpris. En effet, Femme Fatale rappelle que l’amour n’est pas une chose simple et que séduire par les efforts se révèle parfois une pratique perdue d’avance, surtout lorsque la personne désirée est déjà en relation avec autrui. Que ce soit par le biais de Saitou ou d’Ebisawa, Femme Fatale rappelle sans cesse les tracas liés à l’amour : des sentiments à sens unique, le transfert amoureux en période de déception, les moments durs dans un couple… Le ton est souvent maussade tant le récit insiste surtout sur les difficultés de la liaison amoureuse, mais tout est traité avec justesse. Si on espère évidemment que les tentatives de séduction du héros porteront leurs fruits, on ne peut que saluer l’audace de Kaya Shigusawa de dépeindre ce cadre où l’optimisme sentimental n’est que peu présent.

Graphiquement, la mangaka sait donner une identité à son récit. Son trait est fin mais maitrisé, ce qui permet de donner une palette de nuance plutôt conséquente pour ses personnages et de retranscrire habilement les émotions éprouvées par les uns et les autres. On pourrait inscrire ce tyle à mi-chemin entre un dessin mature d’un seinen, mais aussi très fin comme dans un yaoi. Ce mélange, particulièrement efficace, est plaisant à l’œil et permet de mieux s’immerger dans l’histoire.

Du côté de l’édition, Soleil nous propose en couverture en papier mat et des pages de bonne facture. La traduction semble sans bavure et n’entache jamais notre lecture. En plus de ça, nous retrouvons une courte histoire de la mangaka en guise de supplément, un petit récit une nouvelle fois porté sur un amour atypique, ce qui semble être la marque de fabrique de l’auteure !

Femme Fatale, sur ce premier tome, se présente comme une histoire intrigante, voire envoutante. Un amour qui semble vain, mais un héros attachants à ses sentiments pour une demoiselle aussi farfelue que physiquement quelconque, voici le pitch de ce titre qui exploite les facettes les plus pessimistes de l’amour. Pourtant, le sujet est traité sans exagération, ne tombant jamais dans les méandres du désespoir. Que ce soit les personnages, leurs expériences ou leurs réactions, tout sonne très juste dans l’œuvre de Kaya Shigisawa, c’est donc avec un grand plaisir qu’on se dirigera vers le second volet de la série, et déjà l’avant-dernier.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction