Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 24 Avril 2025
Alma, la maman de Nicola, serait-elle toujours en vie, quelque part dans le monde des démons ? Tout porte à croire que oui, et c'est donc avec le but bourré d'espoir de la retrouver que la petite fille humaine a repris son voyage avec Simon. Ayant pris connaissance de l'existence d'un village humain caché, le binôme s'est mis en route vers cette destination périlleuse à atteindre, non sans retrouver sur leur route le petit chevalier popé Bruno qui accepte de les accompagner et de les protéger. Ce qu'ils ne savent pas encore, c'est que leur périple pour essayer de retrouver Alma sera plus long et mouvementé encore qu'ils ne le pensent...
Dans la dernière partie du tome 3, Asaya Miyanaga a offert à son histoire merveilleuse et fantastique un fil rouge plus prégnant et évidemment voué à occuper tout le reste de la série, en nous offrant alors un épais dernier tome qui, sur environ 220 pages, se révèle captivant à suivre, tant on ne perd rien ici du charme propre à l'oeuvre. Ainsi, au gré des haltes et du voyage, les instants de pure merveille graphique vont encore s'enchaîner, entre l'agencement du village caché sur plusieurs strates, l'aspect architectural assez foisonnant de la capitale, ou encore le périple sur et sous les eaux sur un poisson-bateau propice aux jolies trouvailles et découvertes. Miyanaga enchaîne également de nouvelles très belles trouvailles en termes de designs des différentes créatures démoniaques mises en scène, et a facilement de quoi émerveiller en permanence avec son dessin riche et au rendu très artisanal.
Mais bien sûr, le périple ne s'arrête pas à cela, et la perspective pour Nicola de retrouver sa mère, disparue depuis tant d'années, occupe l'essentiel du propos avec émotion. Que pourra ressentir la petite fille en retraçant le parcours de sa mère qui, pendant toutes ces années, lui a tant manqué ? Qu'est-ce qu'Alma pouvait elle-même bien ressentir, loin de sa fille, coincée depuis longtemps dans le monde des démons ? Quelle place cette femme-sorcière a-t-elle pu trouver dans ce monde où les humains sont souvent pourchassés mais où bien d'autres démons, comme Simon ou Bruno, sont également très ouverts ? C'est avec ces interrogations en tête que le récit suit son cours, en touchant alors très naturellement dans sa dernière partie et dans ce qu'elle implique: entre retrouvailles et séparations, Miyanaga sait émouvoir avec simplicité, cristalliser tous les jolis liens bâtis au fil de cette aventure (surtout Nicola avec Simon bien sûr, mais n'oublions pas des figures comme Bruno ou Glenn), et apporter une conclusion suffisamment aboutie et bien tournée.
Ainsi ce ravissant et attachant voyage s'achève-t-il de la meilleure des manières, en nous laissant sur une excellente impression. Au vu de sa tonalité et de sa beauté graphique assez personnelle, la série a de quoi émerveiller un jeune public, d'où son édition dans la catalogue jeunesse de nobi nobi!. Mais un lectorat plus grand et amateur de beaux contes bourrées d'idées et de qualités visuelles pourra aussi y trouver son compte, comme en atteste la publication japonaise de l'oeuvre dans un magazine plutôt destiné aux adultes, à savoir le Harta, réputé pour la forte personnalité graphiques de ses artistes (Bride Stories, Gloutons & Dragons, Dans le sens du vent ou encore minuscule viennent tous de ce magazine, entre autres). Dans tous els cas, il s'agit d'une très belle trouvaille des éditions nobi nobi!.