Pilou apprenti Gigolo Vol.1 - Actualité manga

Pilou apprenti Gigolo Vol.1 : Critiques

Perou Fancy Gigolo

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 25 Mars 2011

Pilou vit sur la planète Princesse Kotobuki. Celle-ci est peuplée de créatures ayant l'apparence de jeunes femmes nues. Pilou, lui, ressemble plutôt à un caniche court sur pattes. Pourquoi donc son apparence diffère-t-elle ainsi ? Il ne tardera pas à l'apprendre. Et la vérité, tragique, va pousser notre petit héros à quitter sa famille et ses amies pour voyager jusque sur Terre grâce au pendentif de Space Hippo, un hippopotame local. Comme quoi, on trouve de tout sur Princesse Kotobuki. Mais revenons à Pilou. Pourquoi la Terre ? Pour y trouver le grand amour bien entendu ! Malheureusement, dans sa grande naiveté, Pilou ne se doutait pas un seul instant de la nature profondément névrosée des habitants de la planète bleue...

Voila donc Junko Mizuno de retour chez Imho pour nous présenter, chose plutôt rare dans le chef de l'auteur, une série en trois volumes. Pour ceux qui ne seraient pas familiers avec son travail, préparez-vous à entrer dans un monde en apparence mignon à souhait, en vérité trash et incisif dans son portrait du genre humain. Et, évidemment, regorgeant d'une imagination hors du commun. Ca, il ne faudra pas bien longtemps pour s'en rendre compte. Et sentir l'essence du style de Mizuno, ce sera également fait très rapidement. A peine découvre-t-on un monde d'un esthétique tendre kawai enchanteur tout en rondeurs dénudées que l'artiste vient radicalement changer la donne avec une vision particulièrement crue de l'accouchement. On se régale déjà !

Puis vient l'arrivée de Pilou sur Terre et c'est là que le récit commence vraiment. Chacune des rencontres de notre apprenti gigolo est l'occasion pour lui de découvrir toute la complexité de la pensée humaine, son absurdité, sa bêtise sans limites. Fascinants, cependant, que tous ces agissements que Pilou tente en vain de comprendre. Lui qui n'a qu'un seul leitmotiv : faire un bébé. Oui mais voila, ce petit extraterrestre c'est un peu comme un animal de compagnie superficiel. Une poupée que l'on chouchoute le temps de quelques instants avant de l'oublier une fois qu'elle décide de s'affirmer. A moins qu'elle ne puisse servir de bouc émissaire à notre colère passagère ? De compagnon de fortune pour les rejetés de la société ? Pilou découvre et subit. Et n'est-il, finalement, pas le plus humain d'entre tous ? Lui qui est uniquement habité par l'une de pulsions de base et dont seul l'apparence physique joue en sa défaveur. Encore faudrait-il pouvoir définir dans quelle mesure en sommes nous mêmes, des hommes.

Mais Pilou, de part sa nature non-humaine, permet aussi au lecteur un voyeurisme qui lui serait formellement interdit en temps normal. Personne ne le considère comme un semblable, tout le monde l'omet lorsqu'il s'agit de faire ressortir ses secrets profondément enfouis. Et c'est bien cela qui permet à Mizuno d'explorer les tréfonds de notre âme et nos déviances aussi amicales que dangereuses en toute légitimité. A quoi bon s'enticher de caractères pudiques lorsqu'il n'y a aucune raison de le faire ? En plus, elle se permet d'ajouter une pointe de SF et un soupçon de fantastique à l'ensemble histoire de rendre tout cela encore un peu plus unique et savoureux à suivre. Mais où donc cherche-t-elle à nous emmener ? Qu'importe la réponse, la seule chose à faire est de se laisser bercer par ce conte qui oscille entre rire et rictus.

Quant à sa patte graphique, Junko Mizuno prouve, une fois encore, qu'elle possède un coup de crayon aussi unique qu'irrésistible. Formes rondes, ovales. Simplicité et efficacité du trait, fausse approche enfantine, changements d'expression radicaux, décors et situations surréalistes,... La liste est encore longue. Toujours est-il que, si le style peut étonner de prime abord, il ne tarde pas à donner une personnalité rare à l'oeuvre dont il est ici question et nous offre un sentiment assez unique face à ces contraires qui se rassemblent pour former un tout homogène.

Pour ce qui est de l'édition, Imho fournit de l'excellent travail. On a notamment droit à quelques pages couleurs afin d'entamer de la meilleure des manières le récit !

Nous entrainant à la découverte des personnages tous plus étonnants les uns que les autres, au point même d'en oublier la nature extraterrestre du héros, Pilou l'apprenti gigolo démontre, une nouvelle fois, tout le savoir-faire de Mizuno lorsqu'il s'agit de mélanger avec brio des thèmes et des univers en apparence diamétralement opposés tout en y apportant une profondeur indéniable. Superbe !


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Shaedhen
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs