Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 16 Septembre 2024
La vraie nature de Seras Ashrain a été découverte à cause d'un briseur de sort. Dès lors, la guerrière elfe est prise en chasse par l'Ordre des Dragons Noirs dirigé par le plus puissant des humains : Sibit Gartland. Alors que Seras prend la fuite, elle est rattrapée par plusieurs de ses assaillants. Mais c'est sans compter l'aide apportée par Tôka qui n'hésite pas à venir à la rescousse de sa camarade...
Le retournement de situation survenu en fin de tome précédente donne ses enjeux à ce quatrième tome. Ainsi, Seras est la cible d'un ennemi peu commode, et son salut passera par la mission de sauvetage de Tôka qui, une fois encore, joue les preux chevaliers. La relation entre les deux personnages reste donc aussi appréciable qu'agaçante : si la bienveillance du héros envers sa camarade lui donne une certaine consistance, le fait de réduire Seras au rôle de demoiselle en détresse devient déjà redondant. A ceci s'ajoute une tendance à sexualiser en permanence le personnage, même si on sent la volonté de l'auteur du roman original, Kaoru Shinozaki, de dresser une psychologie éveillée de la guerrière qui souhaite rompre cette vision que les autres ont d'elles. Une piste pas traitée de la manière la plus habile ou de la plus classe, mais qui a le mérite d'être présente.
Passé cet aspect capable de diviser le lectorat, les événements de ce quatrième opus brillent d'une certaine tension. Tôka a beau disposer d'un pouvoir redoutable, faire face au plus puissant des humains reste un enjeu de taille. Avec son véritable "mind game", le face-à-face de cet opus développe une tension palpable, et sa finalité s'avère même surprenante tant elle peut avoir certaines répercussions sur la suite. On sent que Kaoru Shinozaki se fait plaisir dans l'exploitation du don particulier de son héros, tandis que le dessinateur Shô Uyoshi offre aussi de belles planches pour sublimer ces moments intenses.
On retient aussi de ce quatrième volume ses apports drastiques à l'univers. La joute contre l'Ordre des Dragons Noirs, et plus particulièrement contre Sibit Gartland, est l'occasion d'en apprendre plus, et surtout du concret, sur la géopolitique de ce monde jusqu'ici assez nébuleuse. Le tout gagne en fluidité et en compréhension, surtout en ce qui concerne le rôle joué par Seras et les raisons de la mise à prix de sa tête.
Parfois maladroit, Failure Frame reste tout de même un divertissement de fantasy prenant, ce grâce à la mécanique autour de son protagoniste et une maîtrise de la tension assez habile. Si on attend encore que l'univers et les enjeux s'imposent, le potentiel progresse petit à petit, et on apprécie toujours autant que Kaoru Shinozaki ne se soit pas laissé allé à la facilité du héros revanchard trop cruel et sans consistance. Tôka est loin de ça, ce qui en fait une figure principale attachante tandis que son binôme avec Seras fonctionne toujours très bien, même si on aimerait que la jeune femme sorte de son rôle de demoiselle en détresse.