Ethnicity 01 Vol.1 - Actualité manga

Ethnicity 01 Vol.1 : Critiques

Ethnicity 01

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 14 Mars 2012

Après avoir été révélé avec un 7 Milliards d'aiguilles qui commençait très fort avant de retomber un peu comme un soufflet, Nobuaki Tadano nous revient avec sa dernière oeuvre en date : Ethnicity 01, qui s'est terminée au Japon il y a peu après trois volumes.

Au vu du ton particulier de 7 Milliards d'aiguilles, qui reflétait un trip au départ parfaitement maîtrisé par son auteur, inutile de préciser que l'on attendait Ethnicity 01 avec beaucoup de curiosité, en espérant y retrouver la patte unique et agréable de l'auteur ainsi qu'une histoire assez fumée. Et c'est bien cela qui nous attend. Cela, on le devinait rien qu'au titre de l'oeuvre, assez étrange, mais c'est bien le synopsis qui finira de nous intriguer, en annonçant un univers prometteur.

Jugez plutôt : dans un futur indéterminé où la planète a été dévastée par la famine, les guerres et les bouleversements climatiques, le reste de l'humanité vit désormais dans des mégapoles coupées de l'extérieur, éparpillées dans tous les pays de la planète, mais toutes dominées par un même système de régulation des comportements. Afin de maintenir la paix à tout prix, tous les citoyens ont été conditionnés de sorte à ne jamais se rebeller, à ne jamais se poser de questions sur leur vie et leurs émotions bien réglées. Quiconque effectue le moindre petit geste déplacé, crie un peu trop fort, ou fait quoi que ce soit qui pourrait gêner les autres, perd des points de civilité sur un compteur de 100. Quand le compteur est à 0 points, c'est l'exil dans les zones blanches, des lieux désertiques non référencés sur les GPS.

C'est dans ce cadre que Niko, une jeune lycéenne modèle, suit sa vie bien rangée aux côté de son e-pet, sorte d'animal cybernétique tuteur tenant le rôle de parent et, plus généralement, de famille, et surtout chargé de veiller à ce que l'humain qu'il a en charge ne s'égare pas de la bonne voie toute tracée. Niko se voit déjà haut placée dans les strates de la mégapole de Sensoram. Un jour, pourtant, elle se prend d'intérêt pour Astha, un garçon de sa classe qu'elle n'avait jamais remarqué auparavant. Intriguée par son comportement, elle le suit, jusqu'à arriver à la frontière de Sensoram, où elle se fait attaquer par un crache-mort, un étrange robot chargé de surveiller la frontière et plastifiant tout exilé tentant de pénétrer Sensoram, et vice versa.

Vous vouliez un univers bien fumé ? Vous voilà donc servi ! Car fumé, l'univers que met en place Tadano l'est assurément. Mais dans le bon sens du terme, l'auteur mettant en place, en seulement un volume, un univers futuriste plutôt original et fourmillant de richesses.
En plus du système de régulation des comportements, des e-pets et des crache-mort, vous pourrez donc également compter sur la notion de gène, sorte de prédisposition offrant à chaque personnage un talent particulier. Si les choses ne sont pas encore vraiment explicitées autour de cette curiosité, on sait qu'il existe un nombre important de gènes différents, que celui de Niko lui permet d'être multi-tâches, et qu'il existe des gènes très particuliers, à l'image de celui du mystérieux Keô.

Keô ? Qui est-ce ? Vous ne tarderez pas à l'apprendre, il s'agit d'un exilé au comportement bourré d'ambition, puisqu'il se pose en leader d'une future révolte des Exilés. Parlons donc plus en détails des exilés, auxquels Tadano apporte également une certaine richesse, puisque, même chez eux, il existe des camps bien distincts : ceux acceptant leur sort, ceux envisageant sérieusement de se révolter contre le système dictatorial de la cité, et ceux cherchant avant toute chose à unifier les différents camps d'exilés pour former un nouvel Etat, tâche normalement rendue impossible par les Taupes, des gardes veillant sur les canaux reliant les différentes zones blanches.

Comme vous pouvez le voir, Nobuaki Tadano apporte, dans le monde qu'il a créé, de nombreuses facettes où il semble ne rien oublier. L'univers mis en place est riche, très riche, et pourtant introduit au fil des pages avec une fluidité exemplaire. Les choses ne sont pas balancées par-ci par-là, chaque élément arrive quand il le faut, on n'est jamais perdu pendant la lecture.

Mettre en place tout un univers, c'est bien beau, mais s'il n'y a que ça, quel intérêt ? Rassurez-vous donc, Tadano n'oublie pas son histoire en cours de route, et propose déjà de nettes évolutions dans tous les camps. Du côté des exilés, une révolte menée par Keô est en marche, tandis qu'au sein de Sensoram, la curiosité de Niko a provoqué le début de sa chute, son compteur baissant de plus en plus tandis que sa curiosité et son envie d'aider Astha prennent le dessus. Suivre la lente chute de son compteur est l'occasion d'entrevoir toutes les aberrations d'un monde reflétant à l'extrême la dictature. En filigranes, on ressent grandement la critique d'un monde soumis à des règles trop souvent extrêmes et ne laissant plus aucune liberté, et les envies de révolution nous prennent en même temps que certains personnages.

Dans le fond, on se doute bien que l'histoire principale se résumera à cette idée, somme toute très classique, de révolution dans un monde oppressant, et au vu des richesses proposées par l'auteur, on se demande un peu comment celui-ci pourra boucler tout cela en seulement trois tomes sans laisser des points de côté. De ce fait, il faut bien avouer que l'on a un peu peur de retomber sur une fin à la 7 Milliards d'aiguilles. Mais en attendant de voir ça, on se retrouve avec un premier volume fluide et immersif, qui regorge d'arguments positifs et a tout pour plaire, à condition, tout comme c'était le cas avec 7 Milliards d'aiguilles, de se laisser transporter par le ton et le coup de crayon clair et un brin nonchalant de l'auteur.

Du côté de l'édition, Doki Doki nous sert, comme souvent, un travail d'excellente facture.


Koiwai


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs